“Prendre un petit restaurant d’un petit village quelque part dans le Sud-Ouest de la France, et le déposer dans le centre de Londres” est l’idée originale qui trottait depuis quelques années dans la tête de Richard Humphreys. Ce Londonien de toujours est tombé amoureux de la gastronomie et du terroir qui caractérisent le Sud-Ouest de l’Hexagone, après que ses parents ont acheté une maison dans le village de Maubec dans le Tarn-et-Garonne. C’est le 21 novembre 2018 que son rêve d’installer un restaurant de canard dans sa ville natale se réalise, avec l’ouverture de Monsieur le Duck, un restaurant pop-up à l’ombre des gratte-ciels de la City.
Tout d’abord, la question que l’on peut légitimement se poser est la suivante : comment un Anglais, en collaboration avec quelques associés, en vient-il à ouvrir un restaurant consacré au canard à Londres ? La réponse se trouve dans l’enfance du manager de l’établissement, Richard Humphreys : “J’ai passé beaucoup de temps en France. Je vais dans le Sud-Ouest de la France depuis que je suis né. J’y allais pour me relaxer mais surtout pour manger et boire, car j’adore la nourriture de là-bas”.
L’ouverture de ce restaurant si particulier dans la capitale anglaise est également venue d’un constat simple de la part du Londonien et de ses associés, soulignant le manque criant de lieux où l’on mange du canard à Londres. Effectivement, ce “traumatisme” pour ces grands amateurs de nourriture de Gascogne est tel qu’aujourd’hui, le restaurant Monsieur Le Duck propose uniquement du canard sur sa carte. Pour les vegans ou les végétariens, il existe cependant une alternative avec une tarte sans viande.
Comme l’intitulé du restaurant et la langue francais utilisée sur la carte le suggèrent, les gérants de Monsieur Le Duck sont profondément attachés à rester dans une tradition de cuisine purement française. En effet, ceux-ci ont considéré indispensable que l’intégralité des produits, du canard aux vins, soit importée directement du sud de la France : “Les confits viennent du village de Maubourguet dans les Hautes-Pyrénées et les magrets font le chemin depuis Sarlat en Dordogne”, insiste Richard Humphreys.
Comme si cela ne suffisait pas, le restaurant a engagé un chef français ainsi que plusieurs autres cuisiniers “qui ont tous travaillé dans des restaurants français par le passé”. Selon lui, le concept a réussi à trouver son public mais pas forcément celui auquel le manager s’attendait puisque “beaucoup de personnes âgées viennent, alors que je m’attendais à un public plus jeune. Evidemment, nous sommes dans la City donc de nombreux travailleurs viennent aussi. Nous attirons également un public français, qui est très intéressé d’enfin pouvoir manger un magret de canard à Londres”, lance Richard Humphreys.
Pour venir manger des magrets et des confits de canard français chez Monsieur Le Duck, il vaut mieux donc réserver à l’avance, d’après le manager. Il faut savoir que les tables de l’établissement sont plus souvent disponibles le midi que le soir.
L’autre particularité de Monsieur Le Duck est son caractère éphémère puisque si les portes du restaurant sont ouvertes depuis le 21 novembre 2018, elles se fermeront autour de la mi-avril 2019. Cette idée de concept éphémère, communément appelé “pop-up”, était la meilleure stratégie possible selon Richard Humphreys et ses associés pour pouvoir tester le concept pendant un semestre, et pouvoir voir comment le public londonien allait y réagir, avant d’éventuellement envisager une ouverture permanente du restaurant.
De fait, ce restaurant situé sur Brushfield Street près de Liverpool Street n’est que le premier d’une série d’autres Monsieur Le Duck espère le manager du restaurant, qui rêverait d’en ouvrir dans les quartiers du West End ou de Shoreditch notamment. Bien que “Monsieur Le Duck” soit un restaurant parmi de très nombreux établissements “pop-up” à Londres, ce concept ne représente pas l’avenir de la restauration d’après le patron des lieux : “Pour l’instant, ce modèle est beaucoup trop cher. De plus, cela prend du temps de s’établir, surtout que l’on passe beaucoup de temps à installer le restaurant avant de pouvoir ouvrir au public, et donc avoir des rentrées d’argent. Cela n’a pas de sens d’ouvrir pop-ups après pop-ups. D’un point de vue de restaurateur, c’est impossible financièrement”.