En anglais, on appelle ça un short documentary. “Je ne sais pas exactement comment on pourrait traduire ça en français”, reconnaît Emile Meyjonade. Au fond peu importe. Le jeune réalisateur et son associé, Natan Stoessel, voulaient simplement dans leur court documentaire partager l’histoire de ce pianiste français installé à Londres, qui a trouvé en le piano le plus beau moyen de communiquer avec les autres.
Car ce court-métrage de 5 minutes, intitulé Pianist, the Mind behind the Hat, suit Benjamin Kahn, originaire de la côte ouest française. Le musicien a déménagé à Londres il y a cinq ans, sans un sou en poche, pour poursuivre ses ambitions de pianiste et compositeur. Dans l’espoir de se faire repérer, le Français se met alors à jouer jour et nuit à la gare St Pancras, où un piano est en libre service. Sans divulgâcher la fin, on peut dire que les choses ont bien tourné pour l’artiste.
Quand Natan Stoessel a eu vent de son histoire en décembre 2019, il a voulu la mettre immédiatement en musique avec son ami Emile Meyjonade avec qui il partage une passion pour la réalisation. “On s’est rencontré par des amis communs”, confie Emile Meyjonade. Les deux jeunes hommes accrochent vite et ont rapidement envie de travailler ensemble sur des projets. “Natan est plus dans l’écriture et moi davantage dans la cinématographie”. En somme, un duo très complémentaire. “On a de la chance car on est vraiment sur la même longueur d’onde”, poursuit le Français.
Ensemble, ils écrivent le déroulé du documentaire et organisent le tournage grâce au prêt de l’équipement par une société de production londonienne, Special Treats Production. “Cela nous a pris quelques semaines pour tout préparer”, reconnaît Emile Meyjonade, qui n’en est pas à son premier coup d’essai, il a déjà réalisé des formats vidéos pour une styliste de Londres mais aussi la chef Emily Roux, fille du célèbre cuisinier Michel Roux Jr. “J’aime beaucoup le format documentaire car il est très intéressant pour développer des portraits d’artistes, d’entrepreneurs ou d’artisans”, avoue le jeune homme. Pour celui sur Benjamin Kahn, la photographie a été d’ailleurs très travaillée, passant d’un filtre plus sombre à un plus clair, selon si l’histoire est racontée au passé ou au présent.
Le tournage a eu lieu sur deux week-ends à la mi-janvier 2020, et les réalisateurs ont enregistré deux interviews de deux heures du pianiste français, tout en le suivant dans “des lieux incroyables”. “Tout a été rapide et intense, mais on souhaitait optimiser le temps de tout le monde”, explique Emile Meyjonade. En effet, lui comme son ami Natan travaillent à plein temps en parallèle de leurs projets cinématographiques. “ll a ensuite fallu près d’un mois et demi pour monter le documentaire”, mis en ligne en avril dernier. “On a eu de la chance car le tournage a eu lieu avant l’épidémie de coronavirus”, ajoute le Français de 26 ans.
Comme Benjamin Kahn, les deux réalisateurs, fondateurs de Counter House Productions, espèrent à leur tour être repérés avec la diffusion de ce premier travail en commun. Leur court métrage a déjà enregistré près de 1.500 vues sur Youtube. Un très bon début, mais les associés ont d’autres ambitions pour la suite. “On souhaite continuer à raconter de belles histoires où naissent des émotions pour le spectateur, et pourquoi pas faire des séries de documentaires plus longs avec des formats de plus de 30 minutes. Londres est une mine d’or pour trouver des portraits intéressants”. Pour qu’un jour ils soient diffusés sur des plateformes de streaming, à la télévision et au cinéma.