Son combat : déployer toute son énergie pour être sûr que les sociétés parviennent à construire une transition écologique et sociale. A 21 ans, Nathan Méténier, jeune activiste pour le climat et l’environnement, a décidé de se lancer corps et âme dans cette difficile course contre la montre. Récemment nommé conseiller climat auprès de l’ONU, le Français, inscrit à la London School of Economics, souhaite mettre à profit ses prochaines années d’études dans la capitale anglaise pour sensibiliser un maximum de monde à l’urgence écologique.
“Le secrétaire général des Nations Unies a finalement compris que s’associer à la jeunesse était la chose la plus intelligente à faire”. Fort de son rôle de porte-parole de Youth and Environment Europe, association regroupant plusieurs millions de jeunes partout en Europe, Nathan Méténier fait des revendications de la jeunesse sa priorité. Il n’y a donc rien de surprenant dans le fait que le jeune homme ait été nominé parmi sept jeunes autres activistes pour faire partie de la toute nouvelle initiative du secrétaire général de l’ONU, António Guterres.
Fin juillet, ce dernier a en effet mis sur pied le tout premier groupe consultatif pour le climat de l’organisation mondiale, unique de part sa composition, son rôle et ses prérogatives. Une première victoire pour Nathan Méténier. “Ça faisait longtemps que nous nous battions pour que les institutions politiques créent des canaux dans lesquels les jeunes pourraient discuter avec les politiciens tout en étant sûrs que leur spécificité, l’activisme, soit prise en compte”, explique-t-il. Les activistes, contrairement aux décideurs politiques, sont en effet de purs bénévoles. Leur poids dans les discussions était donc jusqu’à présent jugé comme inférieur, mais les lignes sont vouées à bouger. “J’espère que la création de ce conseil créera un précédent”, lâche le jeune homme.
Avec ses six collègues, le Français a jusqu’à fin 2021 pour prouver qu’une telle institution en vaut la peine. “On a vraiment une grande responsabilité. Une équipe est même mise à notre disposition pour nous aider dans nos expertises. Pour autant, on reste des activistes, on reste indépendants.” Leurs priorités : être inclusif, en prenant en compte les plus marginalisés et la jeunesse la moins sensibilisée, populations qui sont généralement les premières à faire face aux conséquences du changement climatique ; réfléchir à la façon de pratiquer la “diplomatie climat”, en prenant en compte la spécificité de chaque continent. “En tant qu’Européen, je suis un privilégié. Je peux discuter avec les décideurs politiques sans risque, contrairement aux jeunes au Brésil par exemple, où le discours écologique dérange.” Là sont les grandes lignes sur lesquelles les sept jeunes vont travailler, via des rencontres tous les trois mois avec le secrétaire général de l’ONU.
Mener un tel combat n’est pas donné à tout le monde et suppose en amont une certaine initiation à l’urgence climatique. Or, Nathan Méténier l’a vécu tout naturellement, en vivant jusqu’à la fin de sa licence près de Grenoble. “Dans les Alpes, le changement climatique est deux fois plus important qu’ailleurs. Quand on va une fois par an au Mont blanc et qu’année après année, on remarque les changements qui se produisent, ça sensibilise”, explique-t-il. Dès son entrée au lycée, il a donc commencé à s’engager dans la lutte contre ce dérèglement climatique.
Grenoble est aussi connue, dans le monde de l’écologie, pour être la première ville française de plus de 100.000 habitants à avoir été dirigée par un maire “vert”. Véritable laboratoire en termes de démocratie participative, les Grenoblois sont aussi invités, plus qu’autre part ailleurs en France, à prendre part aux décisions politiques et à construire la ville aux côtés des dirigeants. Autant d’expériences que Nathan Méténier a vécu et qui nourrissent profondément son activisme. “Pour moi, la résolution du changement climatique ne se joue pas que sur le plan scientifique, mais aussi énormément et surtout sur le plan de l’innovation sociale, avec un réinvestissement, à l’image de Grenoble, des citoyens dans la prise de décisions.”
Après une licence réalisée à Sciences Po Grenoble, il était temps pour Nathan Méténier d’entrer en master et de quitter sa région montagneuse, direction Londres. Ce choix a en réalité été motivé par plusieurs raisons. La première : la London School of Economics, université dans laquelle il a fait sa rentrée il y a quelques semaines propose un master intitulé “environmental policy and regulation”. “Ce master est juste parfait pour pouvoir continuer à gagner de l’expertise. Quand on est activiste, on se retrouve face à des situations dans lesquelles il faut être en capacité de conseiller de hauts dirigeants, aussi bien au niveau local qu’au niveau international.”
Deuxième raison : la possibilité lui était offerte de faire son master à “mi-temps”. Autrement dit, cela lui permet de rester très actif dans son engagement, ce qui était primordial. Aussi, le jeune Français ne prend pas l’avion pour les loisirs, engagement écologique oblige. “Une autre raison moins conventionnelle qui a motivé mon choix d’aller à Londres est que sans même réellement voyager, je sais que cette ville va me permettre de rencontrer des personnes de plein d’horizons différents”.
Mais surtout, Nathan Méténier a déjà dans le viseur la conférence sur le climat COP-26 de 2021, qui se déroulera à Glasgow. Il était en effet très important pour lui d’être sur place pour travailler avec les organisations environnementales qui existent au sein de sa nouvelle université, mais aussi plus largement au sein de la société civile, à l’image de Mock-COP26. Créé par le groupe britannique Students Organising for sustainability (SOS-UK), ce mouvement a pour vocation de “remplacer” la COP-26 qui devait initialement se tenir en novembre mais qui, du fait de la pandémie, a été décalée à l’année prochaine. Or, cette jeune génération sait pertinemment que l’urgence climatique et écologique, elle, ne peut être remise à plus tard.
“Le Royaume-Uni a l’air d’avoir une société civile particulièrement active sur la question environnementale, ça me plait bien”, souligne le jeune activiste. Ce dernier compte profiter de ce terreau pour mener à bien son nouveau devoir onusien. Ses engagements associatifs et des consultations telles que la Mock-COP26 seront donc des atouts précieux.
Nathan Méténier n’est donc pas venu sur Londres pour profiter de la vie étudiante que la capitale anglaise peut offrir. “J’ai cette frustration énorme de me dire en me levant le matin qu’on ne va pas assez vite. Une fois que l’on a placé cette urgence climatique et environnementale au centre de son existence, s’opère une balance constante entre l’activisme et sortir avec ses amis par exemple. Heureusement, je passe beaucoup de temps avec d’autres jeunes. Puis j’arrive quand même à prendre du temps pour moi, à réfléchir, à lire. Je ne suis pas que dans l’action”. Action qui est pourtant, à l’image de celle du Français et des sacrifices qu’elle engendre, primordiale pour le futur de notre planète.