“Les entrepreneurs britanniques, quand ils réfléchissent à s’installer hors du Royaume-Uni, pensent d’abord à Paris, Dublin, Amsterdam, alors que la région continentale la plus proche reste les Hauts-de-France”, rappelle Artus Galiay. Le jeune homme, actuel représentant des Hauts-de-France auprès du Royaume-Uni et ancien conseiller Brexit au cabinet du président de la région, Xavier Bertrand, s’est donc donné comme mission de mettre fin à cet état de fait.
Via l’agence économique, Nord France Invest, dont il est le directeur Royaume-Uni/Irlande, Artus Galiay vient donc de lancer le recrutement de nouveaux ambassadeurs, basés au Royaume-Uni et originaires ou en lien avec cette région du nord de la France, afin de convaincre les entreprises britanniques de l’intérêt de s’installer sur ce territoire. “On compte aujourd’hui une trentaine de membres mais on a la volonté d’élargir ce cercle afin de permettre la détection plus en amont de projets d’implantation”, confie le jeune homme.
Grâce aux différents réseaux que peuvent apporter ces ambassadeurs, Artus Galiay pense qu’il sera ainsi possible d’établir des liens directs avec des entrepreneurs qu’il pourrait ainsi convaincre de choisir les Hauts-de-France comme nouveau lieu d’installation. “Tous les Britanniques connaissent Calais, et par extension le Nord Pas-de-Calais, ainsi que la Picardie, mais le territoire est beaucoup plus vaste et offre de vraies opportunités”, estime-t-il. Et surtout la région, martèle-t-il, est le point d’entrée sur le continent européen, argument important dans un contexte post-Brexit. “Environ 5 millions de camions passent chaque année par ce territoire, 300 millions d’euros d’échanges commerciaux annuels y ont lieu. En matière de liaison avec de grandes capitales, il existe l’autoroute A1 qui dessert Paris depuis Lille. Le maillage ferroviaire est également important, plaçant Bruxelles à 1h30 du chef-lieu du Nord Pas-de-Calais. Sans compter le Canal Seine Nord Europe”, énumère Artus Galiay. Plus que ça, les Hauts-de-France, poursuit le directeur Royaume-Uni/Irlande de Nord France Invest, c’est une zone de chalandise de millions de consommateurs. “Sur un rayon de 300 kilomètres autour de Lille, on compte 78 millions d’habitants, avec un pouvoir d’achat de 1,500 milliards d’euros”.
Pour lui, des synergies seraient à étudier par exemple dans le secteur automobile. “Les Hauts-de-France sont la première région automobile du pays, regroupant Peugeot, Renault ou encore Toyota. Pourquoi ne pas imaginer des échanges avec Coventry, territoire automobile historique du Royaume-Uni ?”, s’interroge Artus Galiay. Montrer le dynamisme du territoire passe aussi par la présence de grands groupes industriels d’autres secteurs, comme celui de l’agroalimentaire, avec notamment l’entreprise Roquette qui “affiche plusieurs 3,5 milliards d’euros de chiffres d’affaires”. Autre domaine d’activité : l’e-commerce avec la présence d’un grand centre Amazon, près d’Amiens. “Sans parler de relocalisation, les entrepreneurs britanniques peuvent s’appuyer sur la région pour tout ce qui est ‘back office’. Je pense notamment à la finance. On dispose d’un pool de talents sur place, et cet argument du recrutement fait souvent mouche quand on l’explique aux entreprises”. Autre argument qui fait mouche, celui de grandes villes moins chères que Paris en matière d’immobilier. “Lille n’est qu’à une heure de la capitale française et 1h15 de la capitale anglaise. Cela peut être une option intéressante surtout pour les start-ups, qui viennent de lever des fonds et qui ne voudraient pas tout dilapider dans leur immobilier commercial”.
Tout ce travail de promotion n’est pour Artus Galiay que la continuité de celui lancé il y a 5 ans par Xavier Bertrand, président de la région. A l’époque, l’élu était venu à Londres, accompagné de la maire de Lille, Martine Aubry, pour promouvoir le territoire auprès des entreprises britanniques. C’était quelques mois à peine après le référendum sur le Brexit. “Avec l’incertitude liée au résultat, et des négociations qui avaient à peine commencé, les chefs d’entreprise étaient encore réticents à franchir le pas”, reconnaît le jeune homme, qui a rejoint en 2018 le cabinet de Xavier Bertrand comme conseiller Brexit. La promotion du territoire avait donc été un peu mise en pause. Mais dès fin 2020 et la sortie officielle avec accord, la région a relancé ses actions. “On a voulu entrer dans une logique plus offensive, mais sans adopter une ligne prédatrice ou brutale”, complète Artus Galiay, “on veut montrer qu’on est complémentaire, que notre territoire dépend aussi de l’économie britannique et que cette alliance est en réalité un partenariat ‘win-win’”.
C’est donc début 2021, en plein contexte de pandémie, que le plan d’action de Nord Invest France sur le territoire britannique a été lancé. “Mais il a d’abord fallu identifier les premiers ambassadeurs”, poursuit le directeur Royaume-Uni/Irlande, “on voulait absolument éviter le piège de ne ‘recruter’ que des personnes travaillant dans la finance ou habitant à Londres”. Après la constitution d’un premier noyau, Artus Galiay a ainsi décidé de relancer la recherche d’ambassadeurs depuis quelques semaines pour apporter plus de diversité dans le groupe. “Notre objectif est d’avoir des profils variés, qui pourront proposer des réseaux intéressants et ainsi renforcer notre capacité à détecter des entreprises britanniques susceptibles de s’installer dans la région Hauts de France”. Tout le monde est le bienvenu, souligne le jeune homme, “même celles et ceux qui ont simplement des attaches avec le territoire car on a besoin de toutes les bonnes volontés qui souhaitent contribuer au succès de la région”.