Niché dans une rue à l’écart de l’axe principal de Streatham dans le sud de Londres, le salon de coiffure Nico & Rhys dévoile une devanture chic et moderne. Ouvert il y a à peine un an, l’établissement tourne à plein régime. Mais tout n’a pas été si simple, comme le confie l’un des co-fondateurs Nicolas Daguin.
L’expérience, le bon timing et les moyens
Dans la coiffure, expérience rime autant avec technicité que clientèle, celle que l’on se forge au fil des années. Après douze ans dans le même salon à Balham, Nicolas Daguin avait un “portefeuille” de clients solide. “Je n’ai “débauché” personne, ils m’ont tous suivi” assure-t-il. Ecouter ses envies c’est bien, en avoir dans le porte-monnaie, c’est recommandé. Ouvrir un commerce à Londres est coûteux, les loyers sont très élevés. “Avec mon compagnon Dan Rhys Davis, nous économisions pour acheter un appartement. Nous avions donc les moyens de placer notre argent dans un salon.”
Le choix du quartier, une des clés de la réussite
Affinité et potentiel de clientèle sont les maîtres mots. “Streatham est assez excentré mais c’est en pleine mutation”, assure Nicolas Daguin qui vit dans ce quartier depuis 3 ans et demi. “Et il y a moins de concurrence aussi.” Quelques semaines ont suffit pour lui afin de trouver le local, c’était d’ailleurs un ancien salon de coiffure.
Pratique – le lieu est déjà équipé -, moins pour la mauvaise réputation que l’ancienne propriétaire a laissé. Or, bien s’entendre avec les commerces alentours est essentiel. “Dès les premiers jours des travaux, ils défilaient, me promettant d’être mes premiers clients. Le salon esthétique m’a même proposé de faire ma promo”, se souvient-il.
Minimiser les coûts sur la déco : récup’ et investissement personnel
Les miroirs ont été chinés dans une vente aux enchères, les stations de coiffure sont faites avec des planches en bois et des tuyaux d’échafaudage, peu coûteux. Seuls les fauteuils sont neufs. “Difficile de faire des économies sur ce budget-là, c’est notre outil de travail. On a préféré sauver de l’argent en mettant la main à la patte. On a monté les stations, peint. Je me suis même dit que c’était plutôt agréable de peindre et que j’en ferais bien mon métier”, plaisante Nicolas Daguin.
Ne pas négliger le nom, vitrine de l’enseigne
Le nom doit être évocateur et simple, confie le coiffeur français. “Je voulais une consonance française mais je ne pouvais pas me contenter de Nicolas, déjà “pris” par l’enseigne de vins ! Mon compagnon Dan étant autant impliqué que moi, nous avons opté pour l’association de nos deux prénoms, Rhys étant le second de Dan. Et pour la “French touch”, on a précisé “Maison de coiffure””.
Ne pas compter ses heures
Les premiers mois, voire pendant un an, il faut oublier les mots “week-end” et “vacances”. “Même pendant mes jours off, je viens au salon pour faire des retouches peinture, de la comptabilité, etc. Mais je ne m’en plains pas. C’est tellement réjouissant d’être son propre patron”, assure Nicolas Daguin.
Utiliser les réseaux sociaux pour trouver des nouveaux clients
Pour communiquer, Nicolas Daguin vante le pouvoir d’Instagram. “Quand j’ai ouvert notre compte sur ce réseau social, je ne m’attendais pas à ce que cela nous ramène autant de clientes”, s’étonne-t-il encore aujourd’hui. Sur Facebook, ce sont les communautés qui font le travail (presque) à sa place. “J’ai découvert qu’on était cité dans des groupes tels que ‘”Streatham mum’s network“, qui rassemble les mamans du quartier et compte plus de 13.000 abonnés.
Pour recruter, il faut anticiper ses besoins… surtout avec le Brexit
Rançon du succès, Nicolas Daguin a rapidement eu besoin de personnel pour les épauler avec sa collègue, Vivienne Otto. La recherche d’un troisième coiffeur va s’avérer laborieuse. “C’est en postant mon annonce que j’ai ressenti l’impact du Brexit. A Londres, les coiffeurs sont souvent espagnols, italiens, français. En cinq mois, je n’avais rencontré que trois personnes.”
C’est finalement via une connaissance que Nicolas Daguin embauche Marvyn Duché, un jeune Français. “Il a un peu le même profil que moi quand je suis arrivé. Il est venu à Londres pour apprendre et ici, le terrain de jeu est immense. Les clients sont plus libres, libérés. Ils n’hésitent pas à changer régulièrement, prendre plus de risques. Il y a plus d’audace.”