C’est ce que l’on appelle l’ironie du sort. Les nouveaux passeports britanniques post-Brexit seront fabriqués par une société… française, dont le siège est à Amsterdam, aux Pays-Bas ! Le patron de l’entreprise britannique, qui a perdu le contrat, l’a annoncé jeudi 22 mars.
Pour rappel, la Première ministre avait déclaré en décembre que la Grande-Bretagne, qui a adopté les passeports bordeaux en 1988 – symbole de l’appartenance à l’Union Européenne -, retrouverait ses “emblématiques” passeports bleus dès la sortie du bloc. “Le passeport britannique est une expression de notre indépendance et de notre souveraineté – symbolisant notre citoyenneté d’une nation fière et formidable. C’est pourquoi nous avons annoncé que l’emblématique “#bluepassport” reviendra après notre départ de l’Union européenne en 2019.”
Jusqu’en juillet 2019, le document sera fabriqué par l’entreprise britannique De La Rue, qui détenait jusqu’ici le contrat d’une valeur de 400 millions de livres. Mais elle vient de perdre l’offre pour la nouvelle version. C’est la société franco-néerlandaise Gemalto qui a ainsi remporté le nouveau contrat, comme le confirme le journal The Sun.
Cette décision a suscité un tollé parmi les députés conservateurs, qui ont appelé le gouvernement à intervenir. L’ancien ministre conservatrice Priti Patel a même qualifié ce choix de “décision honteuse et perverse”. Eminente militante pour la sortie du pays de l’Union Européenne, la politique a ajouté : “Cela devrait être un moment de célébration. Le retour de notre passeport bleu emblématique rétablira l’identité britannique. Mais mettre le boulot entre les mains des Français est tout simplement étonnant. C’est une humiliation nationale”.
Une autre ancienne ministre, Maria Miller, dont la circonscription de Basingstoke abrite le quartier général de l’entreprise De La Rue, pousse elle aussi les ministres à revenir sur cette décision.
Comme le rapporte le quotidien The Guardian, à gauche aussi, on s’étonne. Le député travailliste, John Spellar, s’est dit en colère. “Aucun autre pays de l’UE ne se comporte ainsi”, affirmant que les Etats membres “soutiennent leur industrie”. A cela il a ajouté que c’était ce type de décision qui avait conduit au résultat du référendum de juin 2016.
Le porte-parole chargé du Brexit chez les Libéraux Démocrates, Tom Brake, a déclaré pour sa part : “La saga du “passeport bleu” tourne à la farce. D’abord, il a été dit que nous n’avions pas à quitter l’UE pour avoir des passeports bleus. Maintenant, nous apprenons que les passeports seront imprimés par une société étrangère. Et pour retourner le couteau dans la plaie, nous paierons des charges supplémentaires car la valeur de la livre a chuté depuis le Brexit et que ces passeports devront être importés.”
“Je vais devoir aller affronter ces travailleurs, les regarder dans les yeux et essayer de leur expliquer pourquoi le gouvernement britannique pense que c’est une décision sensée d’acheter des passeports français plutôt que britanniques”, s’est plaint le PDG de De La Rue, Martin Sutherland au micro de la BBC. “J’invite Theresa May ou le ministre de l’Intérieur Amber Rudd à venir à mon usine et à expliquer à ma main-d’œuvre dévouée pourquoi ils pensent que c’est une décision judicieuse de délocaliser la fabrication d’une icône britannique.”
Le plus grand syndicat britannique, Unite, a déclaré que le gouvernement français n’aurait jamais fait un tel geste. “Cela ne se produirait pas en France à cause de la sécurité nationale et cela ne devrait pas arriver au Royaume-Uni”, a déclaré la syndicaliste Louisa Bull. “Les ministres doivent revenir sur cette décision et commencer à soutenir les entreprises et les travailleurs britanniques par le biais des marchés publics et d’une stratégie industrielle qui ne se limite pas à de simples déclarations.”
Le ministère de l’Intérieur britannique a défendu la décision via un communiqué : “Le sous-traitant a été sélectionné à la suite d’un appel d’offres rigoureux, juste et ouvert. L’entreprise choisie a démontré qu’elle sera la mieux à même pour répondre à nos besoins grâce à un produit de haute qualité et sécurisé au meilleur rapport qualité-prix pour nos clients et le contribuable.”
2 Responses
Bien fait pour leurs gueules
Blue Monday
Je suis convaincu que le gouvernement Britannique va devoir reculer sur ce sujet et donner la comission a une entreprise du pays , comme le font d’ailleurs de nombreuses Nations Europeennes . Je suis d’ailleurs pour le fait que chaque pays fabrique son propre passeport . Sinon , pourquoi ne pas les faire fabriquer en Coree du Nord , nos cartes d’identite au Zimbabwe , et nos permis de conduire a Petaousnock !