Du mardi 21 au samedi 25 mai, le quartier de Chelsea accueillera comme chaque année depuis plus d’un siècle son célèbre Flower Show. L’exposition florale est la plus prestigieuse du genre au Royaume-Uni comme dans le monde entier. L’événement réunit traditionnellement les membres de la famille royale et la reine Elizabeth II a l’habitude d’inaugurer les jardins. L’édition 2019 du Chelsea Flower Show (CFS) aura une saveur spéciale puisqu’une Française, en la personne de Laurélie de la Salle, a été sélectionnée pour présenter un jardin de sa création.
Originaire de la Provence, l’architecte-paysagiste est loin d’en être à son coup d’essai. Pour elle, travailler dans l’environnement a été un choix logique. “J’ai toujours vécu en pleine nature et j’aime l’observer. Depuis petite, je montais à cheval, je faisais des balades…”. Après avoir étudié la botanique à l’université de Marseille, elle intègre la renommée Ecole Nationale Supérieure de Paysage de Versailles où elle obtient le diplôme d’architecte-paysagiste. Laurélie de la Salle est ensuite retournée dans ses Alpes-Maritimes pour y modeler les paysages, en travaillant autant pour des sites publics que des jardins privés.
Sa passion pour les espaces verts l’a amenée à voyager pour admirer et s’inspirer de ce qu’il se fait de mieux dans le monde. “Je me suis rendue plusieurs fois à Londres pour le Chelsea Flower Show en tant que visiteuse, et puis un jour, je me suis demandé : ‘Et pourquoi je ne participerais pas?’”, raconte-t-elle. Son ami paysagiste anglais James Basson, qui a déjà participé et été primé à plusieurs reprises par le CFS, l’encourage alors à aller au bout de son projet.
Dès 2017, Laurélie de la Salle se concentre sur le CFS et dépose sa candidature auprès des organisateurs, la Royal Horticultural Society. Celle-ci est acceptée mais se heurte à l’exigence de la compétition : par manque de moyens et d’expérience dans ce genre d’exposition, la Française a dû revoir ses plans à la baisse et concourir dans la catégorie des jardins d’une dimension de 10×10 mètres. La particularité de cette compétition est que l’on ne concoure pas contre les autres participants. Le jury note simplement la création florale sur une quarantaine de critères avant de potentiellement lui attribuer une médaille. Aucune récompense pécuniaire au programme, mais comme le dit la paysagiste, “on ne fait pas ça pour avoir de l’argent”.
Le thème étant laissé libre, Laurélie de la Salle en a profité pour mettre en avant un sujet qui lui tient à cœur : l’environnement. “J’ai une conscience très aiguë de la pollution dans le monde. Même à l’échelle de ma vie, j’ai pu voir que les choses n’allaient pas dans le bons sens”, déplore cette amoureuse de la nature. Elle a alors choisi de présenter un jardin nommé “The Harmonious Garden of Life” qui propose des solutions de régénération de l’écosystème méditerranéen par des interactions positives, entre les 4 règnes – minéral, végétal, animal et humain – et les 4 éléments – l’air, la terre, l’eau et le feu.
Selon la paysagiste, cette inspiration lui est venue sans prévenir : “Je fais beaucoup de yoga et j’avais comme volonté de faire un thème lié au bien-être de l’Homme. Et un jour, alors que je faisais une séance de méditation, le sujet m’est arrivé”, avoue-t-elle. Si la Française espère rencontrer des personnes intéressées par son travail, elle veut avant tout faire passer le message suivant : “On peut avoir un très beau jardin qui s’inscrit dans le développement durable”.
L’atout que Laurélie de la Salle mettra en avant lors du concours est celui d’un espace autosuffisant en énergie et sans impact négatif sur l’environnement. En effet, l’architecte-paysagiste a pensé à tout. “La circulation de l’eau est produite uniquement par l’énergie humaine et solaire. L’eau du bassin est filtrée par les plantes, les bambous purifient l’air et le trèfle enrichit le sol. La lumière est produite par des matériaux photoluminescents”. Économiquement parlant, le jardin coûte la modique somme de £120.000, un montant élevé qu’elle a pu financer grâce à des sponsors, notamment italiens et anglais.
Avant le Chelsea Flower Show, Laurélie de la Salle fera la route des Alpes-Maritimes jusqu’à Londres avec des éléments de son jardin dans son camion. Une fois sur place, une entreprise britannique sera chargée d’installer le jardin de ses rêves en moins de deux semaines, comme le stipule le règlement. Quand on lui demande si elle nourrit des espoirs quant aux résultats du concours, cette compétitrice dans l’âme n’hésite pas. “Forcément, je vise la médaille d’or, mais en tout cas, je me dis que j’ai tout fait pour que ce soit parfait”.
Elle espère que cette exposition florale lui permettra donc de rencontrer des personnes et développer son activité dans le futur. D’ores et déjà, la Française envisage de proposer sa candidature pour le Chelsea Flower Show 2021. “J’ai un feeling spécifique avec les Anglais car ils sont passionnés par les plantes et les jardins”, confie Laurélie de la Salle avant d”ajouter, “je n’ai pas encore de projets avérés sur Londres, mais pourquoi pas en envisager ? En plus, ici, il y a plus d’eau donc ce serait plus facile”, plaisante-t-elle.