Le pop-up a officiellement ouvert fin mai dernier et déjà la boutique ne désemplit pas. Située sur King’s Road, dans le très chic quartier de Chelsea, Pépites s’étend sur plus de 50 mètres carrés. Un joli espace dans une rue commerçante, sur laquelle les cofondatrices, Sophie Battestini et Marie-Hélène d’Abo, avaient jeté leur dévolu dès le départ. “Nous habitons toutes les deux entre Fulham et Parsons Green, donc cela était déjà plus facile pour nous”, expliquent les deux associées. Elles ont aussi pour l’habitude de faire du lèche-vitrine dans ce coin de la capitale anglaise, qui attire la population de l’ouest de Londres mais aussi venant des alentours d’Ascot et de Windsor. “C’est le mix que nous souhaitions cibler quand on a lancé Pépites”, confessent les deux associées.
Sophie Battestini et Marie-Hélène d’Abo savaient, en s’infiltrant dans le monde du retail, que ce ne serait pas une mince affaire. “Le secteur est très difficile, très concurrentiel. Il faut donc arriver à se démarquer”. Mais, disent-elles, elles ont mis les moyens pour assurer leur réussite. “Nous avons une vraie stratégie à long terme”, avancent-elles. Car si le pop-up fermera ses portes début juillet, après cinq semaines d’activité, Sophie Battestini et Marie-Hélène d’Abo ont prévu d’ouvrir une boutique plus permanente à quelques mètres de là. Car l’installation éphémère de deux Françaises n’est qu’“un avant-goût” de ce qu’elles souhaitent proposer à long terme. “Ce pop up n’est que notre summer capsule collection”, soulignent-elles.
L’objectif sera donc d’avoir un flagship sur King’s Road avant d’ouvrir des boutiques satellites ailleurs dans la capitale mais aussi au-delà de ses frontières, comme à Ascot. “Il y a un besoin énorme là-bas”, assure Marie-Hélène d’Abo, qui connaît bien la région, “une boutique comme la nôtre qui propose des multimarques peut séduire”. Car les deux associées travaillent en effet en collaboration avec plusieurs marques, notamment françaises (La Fée Maraboutée, By Garance, La Nouvelle, Karma Kora, Eloab…), ou encore européennes (Dixie, Chica), et bientôt sud-américaines, cela tenant à cœur à Marie-Hélène d’Abo, qui est franco-colombienne. “On vient d’avoir un meeting avec une marque péruvienne pour travailler ensemble”, dévoilent les deux co-fondatrices.
En créant Pépites, les deux Françaises, amies dans la vie, voulaient construire un commerce à leur image : fun et élégant. Elles se sont rencontrées par l’intermédiaire du mari de Marie-Hélène d’Abo. “Il vient du même petit village du Cap Corse”, explique Sophie Battestini. Cette dernière connaît bien le monde de l’entrepreneuriat. Pendant dix ans, elle a été à la tête d’une commerce très fructueux : So Choux. Elle qui ne savait pas, comme elle le dit, casser un œuf, s’est lancée, en arrivant à Londres, dans la confection de macarons puis de choux, avant de diversifier son activité. Et si elle a fini par mettre la clé sous la porte il y a un an et demi, ce n’est pas parce que les affaires ne marchaient pas, au contraire. “Pendant la Covid, So Choux a cartonné”, assure Sophie Battestini, “puis en juin 2021, j’ai été contactée par Lavazza” qui voulait ouvrir son flagship sur Regent’s Street. La commande ? Entre 3 et 5,000 gâteaux par mois. “Jusque-là, So Choux travaillait plutôt à la commande et mon chef pâtissier m’a dit que ce ne serait pas possible de tenir le rythme dans les conditions dans lesquelles on évoluait”.
En un mois, l’équipe déménage en partie dans un plus grand laboratoire, à Acton, juste en face de la cuisine de Robuchon. “J’ai racheté tout le matériel d’un autre pâtissier, A demain, qui rentrait en France”. Sophie Battestini récupère en plus toute la clientèle. Problème, la charge de travail est bien trop grande. “Je fournissais en plus 200 à 300 macarons par mois pour un salon de thé, sans compter la livraison de plus de 4,000 éclairs par semaine pour la Somerset House puis il y avait aussi les marchés la semaine”. Elle embauche un deuxième pâtissier et un commis, mais tout cela ne suffit pas. Son chef pâtissier finit par démissionner et pour couronner le tout, sa fille finit à l’hôpital pour une opération d’urgence à cause d’une scoliose. “C’était trop pour moi”, confie-t-elle, et même avec le soutien et l’aide d’Emmanuel Bonneau, chef exécutif du Mandarin Oriental, elle décide de jeter l’éponge. Elle rend les clés de son labo et vend tout le matériel de cuisine.
Un deuil difficile de son entreprise de dix ans, mais un deuil nécessaire selon elle. Après un an et demi à s’occuper d’elle et de ses enfants, Sophie Battestini se dit qu’il est temps de se relancer dans le travail. La proposition de Marie-Hélène d’Abo va alors tomber à pic. Cette dernière, arrivée à Londres il y a 10 ans et qui travaillait dans le monde de la finance, a envie d’autre chose. “Pendant la pandémie, j’ai arrêté de travailler pour m’occuper de mes quatres enfants, qui étaient encore très jeunes”, raconte la Franco-colombienne. Au retour à la vie normale, la jeune femme veut reprendre une activité, mais dans l’idée d’être maîtresse d’elle-même, “à la fois dans l’attitude et dans l’énergie que j’avais envie de transmettre”. Une renaissance dans un environnement plus léger, ajoute-t-elle. “Je m’étais toujours dit que si je devais me lancer dans un commerce, ce serait avec Sophie”, avoue Marie-Hélène d’Abo, “car elle est travailleuse, sérieuse et très professionnelle”.
Alors qu’elles sont en vacances de la Toussaint 2023 ensemble, les deux amies décident de se lancer. “On est parties du constat que faire du shopping à Londres se résumait souvent à des grandes enseignes. Sophie a alors lancé l’idée d’une pépite où l’on pourrait trouver de tout, du cadeau à la belle robe unique en son genre”, confie Marie-Hélène d’Abo. Le concept est né et le projet mis en route. “On a un peu fait les choses au doigt mouillé”, rient les deux associées, “on ne connaissait ni le monde de la mode ni la taille de la boutique que nous allions avoir. On ne voulait simplement pas attendre jusqu’à septembre pour se lancer”. Alors, elles ont imaginé ce pop-up avec une collection estivale, incluant sacs, chaussures, vêtements, maillots de bain mais aussi bijoux et objets de décoration. “On a pris un stock limité, mais on a dû demander du réassort car certains produits sont déjà épuisés”, se réjouissent-elles.
Marie-Hélène d’Abo et Sophie Battestini se disent heureuses et soulagées de ces débuts prometteurs. Elles fermeront les portes de cette boutique éphémère le 3 juillet prochain, avant de prendre quelques vacances et enchaîner avec l’ouverture du magasin prévue fin septembre. Elles se sont entourées d’une équipe de professionnels pour construire leur marque qui, elles l’espèrent, continuera de plaire.