“N’importe quelle production théâtrale est une prise de risque”, résume Sacha Duchamp. Et des risques, le comédien français, devenu producteur et metteur en scène à Londres, en a pris pour monter sa dernière production qu’accueillera le Drayton Arms Theatre à South Kensington vendredi 2 et samedi 3 juillet prochains.
Premier risque, le choix de la pièce : “Phèdre” de Racine. C’est d’ailleurs la première fois qu’elle se jouera en français au Royaume-Uni. “J’ai été choqué, quand j’ai fait des recherches avant d’arrêter mon choix sur l’auteur et la pièce, de constater qu’elle n’avait jamais été programmée dans le pays”, explique Sacha Duchamp. Molière a en effet davantage la cote quand il s’agit de monter une pièce en français. Mais pour le producteur, il n’était pas question de proposer une énième production dans ce genre. “Ce qui m’intéresse, c’est l’imaginaire et Racine en a beaucoup, il mêle le fantastique et l’aventure”, confie le Français, qui a grandi à à Gérardmer, connu pour accueillir chaque année le festival international du film fantastique.
Molière et ses fables socio-politiques ou encore Corneille et ses longs monologues… il n’en voulait donc pas.Alors quoi de mieux qu’une pièce inspirée de la mythologie grecque qui met en scène l’amour incestueux conçu par Phèdre, femme de Thésée, pour Hippolyte, fils de Thésée et d’une Amazone. “Je sais que c’était un risque mais j’avais envie de proposer quelque chose de différent”.
Et justement en ne choisissant pas un auteur plus conventionnel, convaincre un théâtre de programmer une telle pièce n’a pas été si simple. “De manière globale, il faut toujours se battre pour monter une pièce en français à Londres”, complète Sacha Duchamp. Mais le Drayton Arms Theatre s’est laissé convaincre par le projet du producteur, qui aura aussi pris le pari d’une mise en scène “épurée, moderne et innovante” pour surprendre les spectateurs. “Il y aura par exemple plusieurs scènes qui se joueront en même temps sur le même espace”, détaille le producteur. Côté acteurs, le Français a fait le choix de s’appuyer sur un casting ouvert, grâce à l’aide de la compagnie Exchange Theatre.
Les comédiens ont eu moins de cinq semaines pour se préparer aux deux représentations qui les attendent début juillet. Là aussi, le pari est grand, car entre l’été qui commence et les matches de l’Euro, s’enfermer dans un théâtre pour voir se jouer un grand classique n’est pas chose gagnée. Mais Sacha Duchamp espère que le public répondra présent, non seulement pour assister à cette première britannique mais aussi et surtout pour contribuer à aider la culture à se remettre de cette pandémie.