En plein chaos sur le Brexit, Mélanie Stevenson souhaitait apporter une touche de douceur. La Française, installée à Londres depuis 10 ans, a lancé un pins en forme de cœur alliant les drapeaux britannique et européenne. Une manière de rappeler les liens entre l’Europe et le Royaume-Uni, explique celle qui vient de se marier avec un Anglais.
Depuis son lancement en octobre dernier, le pins fait un carton. “Le Brexit, on le vit au quotidien, mon mari est britannique et pendant notre lune de miel en juillet dernier, on a beaucoup parlé du sujet”, lance Mélanie Stevenson. La jeune femme a alors l’idée de lancer un pins que pourraient porter tous les “Remainers” et les Européens qui n’ont pas eu le droit de vote lors du référendum et qui continuent à aimer le Royaume-Uni malgré le contexte actuel. “J’avais envie de montrer que nous n’étions pas fâchés, qu’on aimait toujours autant le pays. C’était aussi une manière d’ouvrir le dialogue, voire de faire de la résistance face à l’idée du Brexit”, reconnaît la jeune femme.
Le pins a été imaginé en forme de cœur pour symboliser donc cette union de manière romantique et affective. Un des deux moitiés affiche le drapeau britannique, l’autre celui européen. “Au départ, j’étais partie sur autre chose. Je voulais m’inspirer de Britannia (la Marianne britannique, ndlr) puis j’ai pensé à un passeport, et même au métro londonien. Finalement, je me suis dit : “pourquoi ne pas reprendre l’idée du “European at heart” (Européen de cœur, ndlr)”. Mélanie Stevenson dessine alors un cœur et crée un prototype. Une fois prêt, elle décide de lancer en octobre une campagne “Kickstarter” pour financer son projet. “J’ai été surprise, car j’ai collecté deux fois et demi plus de fonds que ce dont j’avais besoin”, s’étonne encore la Française.
Elle produit 100 pins pour remercier entre autres les financeurs, mais elle se retrouve vite en rupture de stock. 100 autres sont relancés à Noël, et même chose. Du coup, une troisième fournée devrait bientôt être disponible. “J’aimerais en faire plus, mais cela prend un mois pour les produire”, lance Mélanie Stevenson, qui n’en est pas à son coup d’essai puisque ce n’est pas le premier pins qu’elle imagine.
D’ailleurs, elle a monté sa petite entreprise en juillet dernier, qu’elle a choisi de baptiser avec beaucoup d’humour “Froggie & Rosbif”, en référence à son couple franco-britannique. “Le premier était un pins où il était inscrit “just married”, c’était au moment où j’allais épouser mon compagnon”, détaille Mélanie Stevenson, qui ajoute qu’elle crée aussi des jolies cartes avec des messages très rigolos. Le deuxième – actuellement en rupture de stock – représentait une marinière (avec la phrase “Breton stripes addict”), ces rayures étant devenues quelque peu le symbole de la France aux yeux des Britanniques. Enfin, un troisième symbolise un soleil où il écrit “vitamine D”. “C’était un petit clin d’œil sur le fait qu’on est toujours en manque de lumière ici”, rit-elle. Et à chaque fois, les pins cartonnent.
La jeune femme en est encore surprise. “Depuis le lancement de “Froggie & Rosbif”, je vends des pins tous les jours et partout dans le monde. J’ai même eu une commande d’Alaska”, s’étonne Mélanie Stevenson. Cette visibilité internationale a été possible grâce au fait qu’elle met en vente ses pins sur la plateforme d’e-commerce, Etsy. “J’aimais bien la philosophie de ce site qui veut aider les entreprises indépendantes, en plus c’était plus simple que d’avoir mon propre site puisque “Froggie & Rosbif” est une activité annexe à mon temps plein”.
Mélanie Stevenson travaille en effet parallèlement, mais pas en tant que graphiste designer, compétence qu’elle a cependant acquise chez Merci Maman, une entreprise française de bijoux personnalisés et qui compte parmi ses clients les sœurs Middleton. “Je suis arrivée à Londres il y a dix ans alors que j’étais jeune diplômée d’école de commerce”, raconte la jeune femme. Elle tombe par hasard sur une petite annonce lancée par une jeune entreprise, qui cherchait sa première employée à Londres. Parfait pour Mélanie Stevenson, qui souhaitait travailler à l’étranger. “J’ai rencontré Béatrice de Montille, il y a eu un bon feeling. Mon contrat était au départ d’un an, cela fait dix ans que j’y suis”.
Au début de sa carrière, elle s’occupe des commandes, de la mise en place de la boutique en ligne, du marketing, du design graphique, des relations publiques… Bref, elle touche à tout et du coup, cela lui a permis d’acquérir de nouvelles connaissances et compétences. Aujourd’hui, la Française est responsable du site internet et du marketing digital. Un poste qui l’aide aussi dans son activité parallèle pour “Froggie & Rosbif”, confesse-t-elle avant d’ajouter que ses patrons la soutiennent dans son projet annexe.