Polo pour Paul Armand-Delille, Pan pour Alexandre Grynszpan, deux DJs et producteurs d’électro qui ont débuté leur aventure musicale à Paris. Alors DJs dans le club Le Baron, les deux musiciens se rencontrent “un soir de pleine lune” aiment-ils raconter. Bercés depuis petits par des références classiques communes et animés de mêmes envies musicales, ils se donnent rendez-vous en studio “par une belle journée de printemps” afin d’additionner leur talent, que Polo & Pan viendront montrer jeudi 14 mars sur la scène du Printworks London. Rencontre tout en chanson.
“C’est évidemment un vrai challenge pour l’ego de travailler en duo, mais en plus d’être une formidable expérience humaine, un moyen d’avoir du recul sur ses choix, c’est aussi la possibilité de pouvoir se reposer sur l’autre dans des moments où l’on est plus faible, se confient-ils à la veille de leur concert londonien. “Nous avons opté tous les deux pour la théorie de la meilleure idée : nous arrivons souvent à discerner lequel de nous deux a la meilleure, et jusqu’ici ça marche parfaitement et ça nous permet d’avancer sereinement”.
Depuis sa création en 2013, le groupe a composé Caravelle. A travers les 11 titres de cet album au titre évocateur, Polo & Pan fait fait voyager son public, qui le lui rend bien : “Alors qu’au début nos salles étaient remplies majoritairement de Français – ce qui ne nous dépaysait pas trop -, nous avons peu a peu rencontré un public plus local, et c’est un rêve de pouvoir faire découvrir notre univers et de se répandre comme le pollen d’une fleur partout sur la planète !” Partout où il pose sa Caravelle enchantée, le duo enchante… et s’enchante : “C’est toujours tellement excitant d’entendre fredonner nos morceaux, parfois sans même comprendre les paroles, avec ce bel accent british ou l’accent espagnol !“
Eternels optimistes, Polo & Pan voient la lumière jusque dans les galères. “L’un de nos meilleurs concerts avait pourtant très mal commencé. Notre carte son avait rendu l’âme. Plutôt que d’annuler le show, nous avons décidé d’en faire une force, avec toutes les contraintes et les risques que nous encourrions”, se souviennent-ils. D’ailleurs, affirment-ils à l’unisson, “le concert parfait n’existe pas. C’est la sensation et la puissance de l’émotion qui se dégage d’un show qui importe et qui te fait oublier toutes les petites erreurs commises pendant le concert. Il n’y a pas pire qu’un concert parfaitement interprété mais sans âme.”
Pour Polo & Pan, la destination rêvée serait un concert sur la lune ou dans un Zeppelin – ballon dirigeable – “ce serait complètement fantastique” mais elle est loin d’être finale car “nous sommes encore jeunes et les destinations à parcourir sont encore très nombreuses , professionnellement et personnellement“, confient-ils.
La prochaine destination de Polo & Pan c’est justement Londres, une ville “où les gens sont accueillants et l’interaction entre les artistes y est très facile“. Le duo voit en la capitale anglaise un carrefour culturel et un pôle artistique. Ils (l’) affectionnent (pour) sa grande mixité culturelle et sociale, porteuse d’oeuvres majeures novatrices et sublimes. “Londres est une ville très dynamique, il s’y passe tant de choses, de la City aux recoins les plus undergrounds, pas étonnant que ça se retranscrive dans sa musique, notamment dans le tempo plus élevé de sa drum & bass ou du dubstep, ou dans les sonorités puissantes de son rock légendaire. Et pas étonnant que beaucoup d’icônes y aient vu le jour” soulignent-ils avant d’en profiter pour rendre hommage à leur ami anglais Benjamin Clementine, récemment nommé chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres. “Ou quand l’Angleterre inspire la France !” s’exclament-ils.
Mais pas leur texte. Malgré la filiation de Paul Armand-Delille avec la langue anglaise – il est franco-américain – et leur affection pour la langue qu’il trouve “faite pour être chantée, très harmonieuse et dont les mots semblent danser lorsqu’ils sont entonnés par un musicien“, le duo a favorisé le français dans son projet musical. La langue de Shakespeare trouve néanmoins le moyen de s’inviter avec l’envoûtant morceau Dorothy, “un hommage à Wizzard of Oz“.
Les vrais magiciens se sont eux et réjouissons-nous, leur tour(née) – loin d’être achevé(e)- les inspire : “En voyage, nous ne nous séparons jamais de nos petits pianos portatifs qui nous permettent de créer des morceaux dans les nombreux moyens de transports que nous empruntons. Le voyage est pour nous devenu un formidable espace-temps pour créer, beaucoup de nos morceaux sont nés dans un avion ou un train.” Pourvu que leur voyage dans le tempo dure encore longtemps.