Un simple passant ne peut se douter de ce qu’il se passe au sous-sol de la maison à la porte bleu, au numéro 2 de Burgh Street. Et pourtant, c’est bien à cette adresse du quartier d’Angel qu’Emilie et Jay Leaf ont monté leur propre studio de yoga. Dans ce “centre-maison”, le yoga est un mode de vie à part entière que le couple franco-britannique souhaite partager avec ses nouveaux élèves.
“Le studio n’est pas encore tout à fait fini, explique Jay Leaf, dont la salle de yoga n’est ouverte que depuis le 14 septembre. Un escalier va être construit pour que les élèves aient accès directement à la salle, sans passer par nos lieux de vie.” Avec sa femme, Emilie, ils ont en effet construit son propre espace de pratique du yoga au sous-sol de leur nouvelle maison. Les travaux auraient dû être finis depuis fin juillet, mais du retard a été pris, au grand regret des maîtres de maison.
Pour autant, le lancement de leur activité a été une belle réussite. “En une semaine, on a eu une trentaine d’élèves. On est très contents et on espère que de nouvelles personnes vont continuer à venir essayer”, se réjouit Emilie Jay. Il faut dire que le jeune couple franc-britannique n’a pas lésiné sur les moyens pour tenter de se faire connaître : posts sur des groupes Facebook, création de cartes postales et d’un site internet… “Nous sommes de simples professeurs de yoga mais nous avons souhaité tout faire par nous-mêmes. Ce n’est pas le tout d’ouvrir une salle et de donner des cours, il faut aussi gérer toute la partie entrepreneuriale. Ça a vraiment été le plus compliqué pour nous”, expliquent les passionnés.
Passionnés, c’est bien l’adjectif qui résume ce couple qui ne jure aujourd’hui que par la pratique du yoga. Anciennement entrepreneur en Irlande, Jay Leaf a ainsi complètement changé de style de vie au début de sa vingtaine. “J’avais une vie très confortable, axée sur les possessions matérielles. Mais à 23 ans, j’ai commencé à me poser des questions sur moi-même, sur ma façon d’être… J’ai commencé à prendre des cours de yoga à cette époque, se rappelle-t-il. Puis un jour, j’ai décidé d’aller en Inde. Je ne savais ni où ni pour combien de temps. J’ai vendu tout ce que je possédais et je suis parti.”
Pendant une dizaine d’années, l’Irlandais s’est alors laissé porter par le vent dans le but de découvrir différentes pratiques de yoga, ainsi que les plus grands maîtres yogi. “Je souhaitais rencontrer le meilleur professeur. Quand on m’en indiquait un, je prenais mes affaires et j’y allais. Cela m’a amené en Asie, aux Etats-Unis, en Afrique…” Jusqu’au jour où il a finalement trouvé ce qu’il cherchait. Au Brésil, son chemin a en effet croisé la route de Faeq Biria, professeur iranien considéré, à l’époque, comme le meilleur maître de yoga au monde. Jay Leaf reste à ses côtés pendant un an et le suit même jusqu’en France. Lors d’une retraite près de Saint-Etienne, il y a 4 ans, sa vie prendra un nouveau tournant, puisqu’il rencontrera sa future compagne, Emilie.
La Française, elle, a découvert le yoga grâce à sa mère, lors d’un voyage au Mozambique. Le stage d’une semaine auquel elle a participé a été une véritable révélation. Depuis, Emilie Leaf ne se lasse pas de cette pratique. “J’ai voyagé en Amérique du Sud, en Afrique…. Partout où j’allais, je cherchais toujours un centre dans lequel prendre des cours de yoga”, raconte-t-elle. Puis lui est venue l’envie de partager sa passion pour cette pratique. “J’ai travaillé à Paris dans une grande société. Je côtoyais quotidiennement des personnes en souffrance physique. J’ai donc monté un projet autour du yoga au sein de l’entreprise, pour permettre à ceux qui le désiraient de se détendre entre midi et deux.” Ce projet a pris une telle ampleur que l’entreprise a décidé de bâtir son propre studio, dans lequel la jeune femme a donné ses premiers cours.
Formé auprès du même maître, le jeune couple a rapidement pensé à créer son propre studio, afin de transmettre tout ce qu’ils avaient appris à ses côtés et lors de leurs nombreux voyages. La question restait de savoir où : en France ? En Inde ? Les possibilités étaient multiples. “Si on a finalement choisi Londres, c’est notamment pour des raisons personnelles. Nous sommes parents depuis peu et il était important pour nous d’être proches de nos familles pour que notre enfant grandisse aux côtés de ses grands-parents, de ses cousins…, souligne Jay Leaf. Et moi, j’étais aussi prêt à rentrer à la maison”, ajoute-t-il en rigolant.
Mais surtout, ils souhaitaient pouvoir transmettre leurs savoirs à des individus qui n’ont pas la chance de pouvoir voyager. “Le yoga dans les grandes villes du Nord marche généralement bien. De nombreux individus peuvent se permettre d’avoir des loisirs. Ce n’est pas du tout le cas dans les pays du Sud, où les populations ont des priorités tout à fait autre”, explique le voyageur. “Puis Londres est une ville tellement cosmopolite qu’on a l’impression de voyager sans même changer de rue”, sourit Emilie Leaf.
S’installer à Londres n’a pour autant pas été une mince affaire. Le jeune couple est en effet arrivé dans la capitale anglaise s’en avoir aucun contact dans le milieu. Sans cette base, il a alors fallu s’appuyer sur autre chose. Et quoi de mieux pour cela que le voisinage ? “On a utilisé une application géniale qui s’appelle Next Door Neighbor, raconte la Française. Elle permet de partager des initiatives entre voisins. Pour le moment, tous nos élèves habitent le quartier.”
Ne leur reste maintenant qu’à se faire connaître au delà de Regent’s Canal. Et pour cela, le couple franco-britannique mise sur divers éléments. “Contrairement aux salles de yoga déjà présentes sur Londres, nos cours se déroulent en petit comité, à 7 maximum.” Un point crucial pour les deux professeurs qui leur permet de prendre le temps de corriger les élèves sur leurs postures. “On leur prodigue des conseils personnalisés”, se satisfait Jay Leaf.
Ce dernier espère par ailleurs que la qualité de leurs cours fera le reste. “On s’est formé auprès de l’un des meilleurs maîtres encore vivant aujourd’hui. Mais le fait de ne pas avoir appris que de lui nous donne aussi la possibilité de proposer différentes pratiques de yoga.” Du yin yoga (détente profonde et relaxation) au power yoga (yoga dynamique), en passant par les cours pour enfants, chacun devrait en effet pouvoir y trouver chaussure à son pied.
Mais surtout, le yoga est pour eux un investissement quotidien, qui dépasse le seul cadre du travail. “C’est devenu notre mode de vie : on mange bio, on ne boit pas d’alcool, on ne fume pas, on ne conduit pas. On vit vraiment yoga.” Beaucoup de professeurs ne peuvent pas se targuer d’une telle vie, ce qui rend The Yoga Studio encore plus unique.