L’office de tourisme Cambridge Visitor Information Centre a fermé ses portes depuis juillet 2020 et a laissé sur le carreau les 90 guides touristiques de la ville, dont une douzaine de guides francophones. “Et, à ce jour, il n’existe toujours pas de plan de réouverture puisque la reprise du tourisme se fait attendre”, explique Brigitte Beresford Davies, qui fait partie du groupe francophone, “la mairie n’a pas réellement envie d’investir en nous car elles estime qu’il n’y a pas vraiment d’urgence”.
Au lieu de rester les bras croisés, ce groupe, composé de guides possédant le Blue and Green Badge et accrédités par ‘l‘Institute of Tourist Guiding‘, a décidé d’agir. “Avant, nous avions beaucoup de Français qui venaient à Cambridge et notamment des écoles. On ne pouvait parfois pas répondre à la forte demande. Mais avec la pandémie, mais aussi le Brexit, on a vite compris que nous devions étudier de nouvelles possibilités pour continuer à faire vivre notre métier”, poursuit Brigitte Beresford Davies.
Cette Française, installée dans un petit village près de Cambridge et vivant en Angleterre depuis plus de 40 ans, ainsi que ses collègues ont d’abord “songé à organiser des visites virtuelles”, mais à cause des nombreux copyrights sur les images de la ville, ils ont préféré ne pas se lancer dans l’aventure 2.0. Deuxième option : chercher de nouveaux ‘marchés’. Comme par exemple proposer à des écoles anglaises d’emmener leurs élèves visiter la ville dans la langue de Molière et ainsi les préparer davantage à leurs examens de français. Ou encore convaincre les Français de Londres de venir visiter la ville. “Cambridge n’est qu’à une heure de train de la capitale, c’est une destination facile à faire en une journée”, estime Brigitte Beresford Davies. Une visite en français permettrait, entre autres à ceux dont le niveau d’anglais n’est pas encore suffisant pour suivre les explications d’un anglophone, de vivre une expérience vraiment locale, justifie Tim Atkinson, ancien professeur de langues reconverti en guide francophone.
Surtout, comme le soulignent les deux professionnels, les Français de Londres pourraient être très intéressés de découvrir les liens méconnus entre Cambridge et la France. “La création des collèges de l’université, dont certains ont été initiés par des Françaises notamment, coïncident par exemple à la période où le Royaume-Uni et la France avaient une histoire commune”. Autre anecdote insolite, dans “Astérix et Obélix chez le Breton”, les personnages se rendent en Angleterre pour aider le cousin d’Astérix, Anticlimax. Ce dernier est de la tribu des “Oxbridgens, célèbres pour leur habileté à l’aviron”, référence aux compétitions d’aviron organisés entre les universités d’Oxford et de Cambridge.
“Il y a tellement de choses à voir dans cette ville, qui a un héritage scientifique incroyable. L’université compte par exemple plus de 110 prix Nobel”, déatillent les deux guides, “les visiteurs peuvent aussi goûter à toutes les cuisines du monde ou encore découvrir de nombreux producteurs et artisans locaux au marché du centre ville”. Certains apprécieront aussi, pensent les guides, le fait que beaucoup d’habitants se déplacent à vélo, d’autres le fait de pouvoir découvrir Cambridge en bateau. Il y en a même pour les enfants, qui pourront apprendre que l’auteur de Winnie L’ourson, Alexander Alan Milne, a fait ses études à Trinity College. Ou que l’acteur Hugh Bonneville, qui a prêté sa voix à l’Ours Paddington, a également étudié à Cambridge, au Corpus Christi College. “On peut aussi organiser des jeux de piste pour eux et ainsi rendre la visite plus ludique”. Bref, que ce soit pour une visite classique ou originale, tous les publics seront satisfaits.
Mais fait-il encore se faire connaître auprès des Français de Londres (et d’ailleurs au Royaume-Uni). C’est pourquoi ce groupe de guides francophones a créé un site internet, facilitant les réservations directes. “On est aussi en discussion avec l’Alliance française de Cambridge pour voir s’il y a des projets ou idées qu’on pourrait mettre en place ensemble”, précisent Brigitte Beresford Davies et Tim Atkinson. Si certaines et certains sont donc tentés par l’expérience d’une visite en français, des visites de Cambridge sont régulièrement organisées par le groupe de guides francophones. La prochaine aura lieu le 27 mars avec au programme une promenade dans le cœur historique de la ville.