C’est lors de ses études sur Londres, à l’Institute Of Contemporary Music Performance, que l’envie de réaliser un tel projet lui est venue. “Faire de la musique ma profession, ça n’a jamais été une décision, c’était une évidence.” Orava, compositeur-interprète français mais aussi producteur, vient de sortir son premier album, “Behind the wave”, composé de 10 titres. De son nom de scène à la sonorité de ses musiques, tout est alors lié aux expériences qu’il a vécues depuis son arrivée au Royaume-Uni, il y a 5 ans.
Originaire de Metz, le jeune homme de 22 ans a débuté la musique à l’âge de 5 ans. “J’ai commencé par faire de la guitare, puis j’ai aussi fait du piano… Je n’ai jamais fait quoi que ce soit d’autre. La musique, c’est vraiment une passion.” Son choix de poursuite d’études n’a alors pas été un problème. “Je n’y ai pas trop réfléchi en réalité, je me suis naturellement orienté professionnellement vers ce domaine”, confie Orava.
Si le secteur était tout trouvé, il n’en était cependant pas de même pour l’école. “En France, l’apprentissage de la musique est très traditionnel : le conservatoire. Les méthodes sont très peu contemporaines et n’étaient pas en phase avec ce que je voulais faire, à savoir du rock et de la musique électronique.” Une école française aurait cependant pu répondre à ses attentes, celle de Nancy. Mais, “faire mes études à 30 minutes de chez moi, ce n’est pas quelque chose dont j’avais envie non plus”, rigole le jeune artiste.
D’où sa décision de quitter son territoire natal pour Londres. “Cette ville m’a toujours plu et attiré. Mais la raison pour laquelle j’y suis venu, c’est l’ICMP. J’ai passé des auditions pour y rentrer et je suis parti sans regarder derrière moi.” Cette école, située dans le quartier de Kilburn, à l’ouest de la capitale, a pour avantage de permettre à ses étudiants de découvrir toutes les pratiques contemporaines de la musique.
C’est alors dans le cadre de ses études qu’Orava s’est lancé dans son premier album. “J’étais un peu dans le flou en arrivant à Londres. J’étais principalement guitariste à l’époque, mais la compétition dans ce milieu était assez violente et de toute façon la discipline ne me plaisait plus trop, je voulais faire autre chose. Et comme on avait accès à du bon matériel et à un important réseau, je me suis dit que c’était le moment de me lancer.”
Après deux ans et demi de travail, le résultat est enfin là : son album, “Behind the wave”, est disponible sur toutes les plateformes de téléchargements légales. “Le titre est métaphorique : c’est l’image d’un surfeur qui attend la bonne vague. Tout le monde est en capacité d’en attraper une, pour réaliser son rêve notamment, comme moi avec la musique. Mais pour cela, malgré la quantité de boulot et les doutes que le temps peut engendrer, il faut toujours rester optimiste.” Le Français est propriétaire à 100% de ses compositions. Il a engagé des musiciens pour les basses et la batterie mais pour le reste, il a tout fait par lui-même, des textes au mixage en passant par les autres instruments présents dans les chansons.
Son premier projet est donc un album solo. Mais Orava avoue qu’il ne l’est qu’en apparence, tant les personnes qu’il a pu rencontrer à Londres, les cultures qu’il a pu y côtoyer et les musiques qu’il a pu y découvrir l’ont inspirées et se retrouvent dans ce projet. “Il y a beaucoup de gens derrière cette première création, que ce soit musicalement ou mentalement parlant.” Rien que son nom de scène témoigne de la richesse de ses expériences. “J’ai mis beaucoup de temps à le trouver, avoue-t-il. Je voulais quelque chose qui sonne aussi bien en français qu’en anglais. Dans l’école, on était 60% d’étrangers, j’ai donc côtoyé de nombreuses cultures. Orava est la région (située dans le nord de la Slovaquie, ndlr) d’origine du batteur avec lequel j’ai travaillé sur cet album. J’aimais bien l’esthétique du mot.”
Au-delà des expériences humaines, c’est aussi au niveau professionnel que Londres lui a ouvert bien des portes. “J’ai eu l’opportunité de bosser à Abbey Road. Toute la batterie et les basses de l’album sont enregistrées là-bas. J’ai donc travaillé avec un des meilleurs matériels et les meilleurs techniciens du monde.” Mais c’est au Soup Studio qu’il a passé la majorité de son temps. “L’originalité de ce studio est qu’il est sur un ancien bateau de pêche. J’y ai appris notamment les coulisses de la création d’un album, avec des gens géniaux.”
“L’album n’aurait clairement pas sonné et eu la même forme si je l’avais réalisé en France, tout simplement parce que je ne me serais pas ouvert au monde”, analyse le jeune artiste. Selon lui, la scène musicale française a beau être prolifique, elle est freinée par des barrières qui n’existent pas au Royaume-Uni. “Il y a des opportunités en France, mais une fois saisies, elles ne dépassent que très rarement les frontières. Avec “Behind The Wave”, je capte l’attention de médias étrangers, et je ne pense pas que ça aurait été le cas si j’étais resté là-bas.”
Dans ce premier disque, le jeune homme chante donc en anglais et caractérise sa musique de rock alternatif. “Mes compositions sont influencées par le rock, sans aucun doute, mais elles comprennent aussi une dimension digitale et contemporaine.” Ses influences ? “Des groupes comme Phoenix, Daft Punk, qui ont ce côté alternatif dans leur manière de produire leurs sons. Mais j’aime beaucoup aussi Depeche Mode, les Strokes…”
Alors que son premier projet vient de se concrétiser, Orava confie avoir déjà la “tête ailleurs”. Car si la musique est avant tout quelque chose qu’il fait pour lui, l’ICMP lui a aussi permis de développer des compétences dans le monde de la production. “J’aimerais beaucoup produire d’autres artistes.” La musique a certes ce côté personnel, intime, mais reste, avant toute chose, une question de partage.