Elle pourrait, elle aussi, être l’emblème de Londres. Reconnaissable à sa couleur bleue et sa forme rectangulaire, la carte de transports Oyster – littéralement “huître” en anglais – permet de voyager d’un bout à l’autre des lignes de bus, métro ou train londonien. Mais pourquoi lui avoir donné un nom de mollusque ?
Introduite en 2003, afin de se substituer petit à petit aux tickets papier, la carte Oyster a constitué une petite révolution dans le monde du transport londonien. Mise à disposition contre une caution de 5 livres dans n’importe quelle station de métro ou en ligne, elle fait office de support sur lequel les passagers peuvent déposer de l’argent qu’ils dépensent en fonction de leurs trajets (le fameux système “pay as you go”). Les usagers peuvent aussi, à l’instar de la carte Navigo parisienne, y matérialiser leurs abonnements, à la semaine, au mois. Pratique, sécurisé, novateur, le système se devait donc de trouver un nom à sa hauteur.
“Le mot ‘Oyster’ correspondait pour plusieurs raisons, explique Andrew McCrum, spécialiste en création de noms de marques, qui a planché sur l’intitulé de la carte londonienne. Il rappelait la notion de ‘voyage’ comme dans l’expression populaire ‘the world is my oyster’ (*) mais aussi la notion de ‘valeur’ (l’argent que vous déposez sur la carte, ndlr) car l’huître renferme une perle.” La mention d’un animal marin permettait également de faire référence à la Tamise, qui traverse la capitale britannique. Tout comme sa couleur, bleue, qui évoque les milieux aquatiques. La référence à l’huître, coquillage qu’il n’est pas toujours aisé d’ouvrir, s’attachait enfin à l’idée d’une certaine sécurité.
Andrew McCrum rappelle par ailleurs l’existence, à l’époque, d’une carte de transports utilisée à Hongkong dont le nom, “Octopus” (“pieuvre”, en anglais), a aussi joué les sources d’inspiration (huître et pieuvre étant tous deux des animaux marins). Pour le spécialiste, le nom “Oyster” avait aussi l’avantage d’être court et relativement novateur pour désigner une carte de transports urbains.
Depuis, la possibilité de se servir directement d’une carte bancaire sur les bornes des bus et métros en paiements “pay as you go” a légèrement entamé la popularité de l’Oyster. Elle reste toutefois très utilisée dans les transports londoniens. L’an dernier, le réseau des transports de la ville TfL (Transport for London) estimait à au moins 100 millions le nombre d’usagers, d’ici et d’ailleurs, à en avoir bénéficié depuis son lancement, il y a quinze ans.
———–
(*) La phrase, dont l’objectif est peu ou prou de signifier que le monde est plein d’opportunités est notamment prononcée par Pistolet, un personnage de la pièce de Shakespeare “Les Joyeuses Commères de Windsor” : “En ce cas, le monde sera pour moi une huître que j’ouvrirai à la pointe de mon épée.”