Tout comme elle n’a pas non plus de permis de conduire, ni de plaque d’immatriculation ou encore d’argent sur elle quand elle se déplace, la reine d’Angleterre ne possède pas de passeport ? Mais pourquoi donc ?
D’abord parce que ce dernier est frappé de ses propres armes. Autrement dit, il est émis “au nom de sa Majesté”. “On trouverait ridicule que la reine ait un passeport signé de son propre nom”, explique le journaliste Marc Roche, spécialiste de la royauté britannique. C’est donc la seule qui possède ce privilège, n’étant pas sujet de la couronne mais bien la couronne elle-même. Tout le reste de la famille royale a donc besoin de ce papier d’identité mais également d’un visa pour se rendre à l’étranger. Au contraire, quand Elizabeth II voyage c’est à l’instigation du Foreign Office et à l’invitation d’un gouvernement étranger qui ne lui impose alors pas de présenter un passeport ni autre document.
Cette exception s’explique notamment, selon Marc Roche, auteur du livre Elle ne voulait pas être reine ! (paru en 2020 aux éditions Albin Michel), par la tradition de l’Habeas Corpus, garantissant la liberté individuelle et ayant créé une certaine méfiance chez les Anglais envers l’administration. D’ailleurs, cela permet de comprendre aussi l’absence de pièce d’identité pour les citoyens du Royaume-Uni. “La police exerce davantage un contrôle moral, c’est-à-dire reposant sur le présupposé que la personne ne ment pas”, précise le journaliste belge.
Autre particularité du système britannique, l’absence de Constitution écrite. “La notion d’Etat ne peut exister que par son souverain. La reine, c’est l’Etat”, affirme l’expert de la royauté britannique. Voilà ce qui justifie que ce soit la signature d’Elizabeth II sur les passeports du Royaume-Uni. A la différence de la Belgique par exemple où les passeports sont émis au nom de l’Etat belge qui n’est pas équivalent à la personne du roi, ajoute Marc Roche.
Cet état de fait n’est, de plus, pas contesté par les sujets de la reine dont la côte de popularité s’élève encore aujourd’hui à 83%. “Les républicains contestent le système mais pas la personne”, explique même le Belge. Ainsi, lorsqu’elle viendra à disparaître, son successeur devra à son tour abandonner son passeport. Il faudra alors voir si sa popularité sera aussi importante que celle d’Elizabeth II pour maintenir ces traditions royales.