Westminster est le quartier où la taxe d’habitation est la moins élevée des 32 boroughs londoniens. Cette donnée est d’autant plus surprenante que le palais de Buckingham, le Parlement britannique, l’abbaye de Westminster et le Big Ben s’y trouvent.
Haut lieu touristique de la capitale anglaise et quartier de résidence officielle de la famille royale et du Premier ministre, l’opinion publique classerait volontiers le quartier en haut de la liste des quartiers dans lesquelles la taxe d’habitation est la plus onéreuse.
Situé en deuxième position dans le classement des quartiers où l’achat d’un bien immobilier est le plus coûteux, le prix moyen du mètre carré du borough est estimé à 20,926 livres sterling et celui d’une maison environne le million de livres sterling. Si le prix de l’immobilier est si élevé dans le quartier de Westminster, alors pourquoi la taxe d’habitation y est la moins coûteuse ? La réponse est simple : Westminster est, historiquement, un quartier où les fonds publics ne manquent pas.
Westminster n’est pas un cas isolé, les quartiers de Kensington and Chelsea, City of London et Wandsworth arrivent également en bas de la liste des municipalités ayant une taxe d’habitation les moins chères de Londres. Ces données sont d’autant plus surprenantes que Kensington and Chelsea et Westminster font partie des quatre « royal boroughs » londoniens.
Après la restructure administrative des divisions géographiques de l’Angleterre en 1965 et la création des 32 quartiers dans la capitale anglaise, quatre d’entre eux ont en effet été désignés « quartiers royaux ». S’ils ont été choisis, c’est parce que ces territoires ont été le théâtre d’événements historiques chers à la monarchie britannique. Kensington est par exemple le quartier de naissance de la reine Victoria et accueille traditionnellement les ambassades de nombreux pays étrangers.
Greenwich, 22ème sur la liste de la taxe d’habitation, est le dernier quartier à avoir reçu l’appellation royale en 2012, marquant le Jubilé de diamant de la reine Elizabeth II. Enfin, lieu de couronnement de roi Aethelstan et d’autres rois anglo-saxons, le quartier royal de Kingston-upon-Thames arrive en tête de la liste des boroughs dans lesquels la taxe d’habitation est la plus élevée.
Une simple observation des prix de la taxe d’habitation par quartier permet de comprendre que les quatre « royal boroughs » de la capitale sont inégaux, et que leur statut ne définit pas le prix qu’il faut payer à l’administration publique. Pour Zoe Charlesworth, responsable de la mise en place des politiques du groupe Policy in Practice, « il est évident que la taxe d’habitation au Royaume-Uni n’est pas calculée en fonction du niveau de richesse des résidents ».
Selon elle, l’attribution de la taxe d’habitation serait bien plus équitable à la lumière d’une évaluation de vulnérabilité, permettant aux councils d’appréhender la capacité des résidents à payer la taxe d’habitation. « Une réforme est nécessaire, ces inégalités, indépendantes des revenus des résidents, contribuent à ce que l’on appelle la “postcode lottery” », explique-t-elle.
La gestion de cette taxe locale fait partie des pouvoirs dévolus du Royaume-Uni, elle dépend alors des organes exécutifs des différents pays britanniques. Zoe Charlesworth salue le travail du Pays de Galles à ce sujet : « L’administration galloise travaille actuellement sur une réforme pour rendre les taxes d’habitation plus justes, à la fois pour les administrations et les résidents. »
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