Samedi 9 novembre prochain, la plupart des rues de la City de Londres seront fermées pour célébrer le London Mayor’s show, comme c’est le cas chaque année. Ce jour-là, une grande parade a lieu dans le quartier du centre de la capitale anglaise, suivie d’un grand feu d’artifices au dessus de la Tamise le soir venu. Cependant, le maire célébré ce jour-là n’est pas celui auquel vous pensez : il ne s’agit pas de Sadiq Khan (qui a été élu à un troisième mandat en mai dernier), mais de Alastair King. En effet, la présence de deux maires différents pour la même ville est un fait unique que l’on ne retrouve qu’à Londres.
Alastair King, élu fin septembre dernier, est le 696ème Lord Mayor de la capitale : ce titre est celui du maire de la City de Londres et du chef de la Corporation de la City de Londres. Cette fonction est très ancienne car il faut remonter à l’an 1189 pour trouver trace d’un maire de Londres. La création de ce poste est le fruit d’un conflit qui a opposé au 11ème siècle, le roi d’Angleterre Richard 1er et les marchands londoniens vivant dans la Cité de Londres. Pendant des siècles, la ville avait été administrée par deux shérifs qui étaient en fait le relais de la royauté sur le terrain.
A l’époque, le roi, qui a besoin de fonds afin de soutenir ses campagnes guerrières extérieures, augmente les impôts de la population et lève un emprunt sur les commerçants de la ville. Très remontés, ceux-ci exigent une contrepartie à la Couronne : pour calmer leurs revendications, elle consent alors à créer un poste de maire ayant autorité sur le territoire de la ville de Londres. Ce n’est que 26 ans plus tard, en 1215, que les Londoniens obtiennent pour la première fois le droit de choisir et de voter pour le bourgmestre de leur choix.
Élu à main levée par les représentants des 110 “vénérables compagnies” de la Cité, le lord-maire doit réunir deux conditions pour être éligible : avoir été shérif de Londres et faire partie des échevins de la City de Londres au moment de l’élection. Avec un mandat unique d’une durée d’un an, le lord-maire est élu chaque année le 29 septembre au cours d’une cérémonie qui se tient au Guildhall, ancien hôtel de ville de la capitale. Puis il est intronisé officiellement lors du London Mayor’s Show, organisé tous les ans début novembre.
A l’image de l’élection du Premier ministre britannique, le monarque doit approuver le choix du lord-maire. Il dispose même d’un droit de veto quant à ce choix, mais en pratique il ne l’utilise plus depuis le 17ème siècle. Le rôle du maire de la City est de promouvoir et représenter les intérêts des entreprises présentes dans sa circonscription.
A l’inverse, le maire de Londres tel que nous le connaissons tous aujourd’hui est un poste qui a été créé que très récemment. Il est le fruit du référendum tenu en 1998 portant sur la création d’une “autorité” visant à administrer le territoire du Grand Londres.
Avec 72% de votes favorables, celle-ci est créée dès l’année suivante et se compose d’un maire ainsi que d’une assemblée municipale, tous deux élus au suffrage universel. La première élection du maire du Grand Londres, communément appelé maire de Londres, a lieu en 2000 et aboutit au choix de Ken Livingstone.
Les rôles du maire portent sur plusieurs thèmes : il définit la politique de la ville en matière de transports, de lutte contre la criminalité et s’occupe de la prévention des incendies et autres urgences. Depuis 2007, ses pouvoirs ont été étendus, si bien qu’il est compétent pour diriger des politiques à propos du logement, de la lutte contre le réchauffement climatique et de la gestion des déchets entre autres.
En outre, le maire a pour mission de fixer chaque année le budget du Grand Londres, que l’assemblée vote et se réserve le droit de le rejeter. Le mandat du maire de Londres est de 4 ans et est renouvelable une fois.
Donc, l’autorité de deux maires opère simultanément sur la ville de Londres : l’un dirige la City quand l’autre administre le Grand Londres. Cette situation unique est liée au fait que la City est une sorte de ville dans la ville, un comté administratif en plein cœur de la capitale. Ce statut particulier découle de l’histoire londonienne, au cours de laquelle la Cité a été le cœur historique de la ville.