Greenwich. Situé dans la banlieue est de Londres, ce quartier est célèbre pour son méridien, connu pour être le “prime meridian” ou “méridien origine”, à partir duquel on a défini pour la première fois une heure universelle de référence. Mais de quoi s’agit-il exactement ?
Lignes imaginaires reliant les pôles, les méridiens permettent de se repérer à la surface du globe et délimitent les différents fuseaux horaires de la Terre. Mais il a d’abord fallu s’accorder sur une ligne de départ, dont la longitude serait égale à zéro, un “méridien origine” qui servirait de référence aux autres.
Là est le rôle du méridien qui passe au niveau du Royal Observatory Greenwich. Il a été désigné “prime meridian of the world” en 1884, lors de la conférence internationale de Washington à laquelle ont participé une vingtaine de pays, dont la France et l’Angleterre.
Avant cela, chaque ville dans le monde ou presque avait son heure locale. Il n’existait pas de convention nationale ou internationale qui fixait la manière dont le temps devait être mesuré. Mais lorsque le chemin de fer et les réseaux de communication se sont développés, dans les années 1850-1860, la nécessité d’établir une heure standard universelle, et donc un “méridien origine” international qui lui servirait de base, s’est imposée.
Parce qu’à l’époque 72 % du commerce mondial dépendait de cartes maritimes qui l’utilisaient déjà comme point de référence, le méridien de Greenwich fut celui retenu. Un choix qui s’explique par la popularité, un siècle avant, de l’almanach nautique de l’astronome britannique Nevil Maskelyne qui se fondait sur l’heure de Greenwich pour aider les marins à se localiser. “Actualisé chaque année, l’almanach s’est bien vendu, explique Louise Devoy, conservatrice à l’Observatoire Royal de Greenwich. Et les marins se sont habitués à utiliser le méridien de Greenwich comme référence pour leur localisation. Les concepteurs de cartes maritimes, tant britanniques qu’internationaux, ont donc commencé à se servir de Greenwich comme d’un méridien origine pour que les marins puissent les utiliser en accompagnement de l’almanach.”
Le fait que les États-Unis aient aussi utilisé Greenwich à ce moment-là comme base de leur système horaire (afin de mieux organiser leurs horaires ferroviaires) a aussi contribué au choix du méridien anglais. Dans les années 1870, le méridien qui servait de référence aux quatre zones temporelles, imaginées par le professeur Charles Ferdinand Dowd pour partager le territoire américain, se trouvait à Washington. “Mais les limites de ces zones n’étaient pas particulièrement pratiques, notamment celles situées au niveau des grandes villes et grosses intersections ferroviaires, détaille Louise Devoy. Comme les marins utilisaient déjà le méridien de Greenwich, Dowd décida de l’adopter comme base de son système et adapta les zones temporelles en conséquence.”
Une décision qui n’empêcha pas les Français, qui s’étaient abstenus au vote de la Conférence de Washington, de continuer à utiliser leur méridien – celui de l’observatoire de Paris – encore quelques années. Ils commencèrent à adopter le méridien de Greenwich en 1911.
Aujourd’hui, toutefois, l’heure “GMT” (Greenwich Mean Time), l’heure de Greenwich, a été remplacée par le Temps Universel Coordonné (UTC), comme référence mondiale pour la mesure du temps. Jugé plus fiable, celui-ci est défini par un réseau d’horloges atomiques et est régi par le Bureau international des poids et mesures situé… en région parisienne.
Une première version de cette Question bête avait été publiée le 28 novembre 2019.