S’il y a un détail peu jovial qui marque de nombreux touristes et résidents à Londres, c’est bien le prix du métro londonien ! L’Underground, ou le tube, se divise en onze lignes étendues sur neuf zones. Il est géré par le groupe Transport for London (TfL), qui supervise aussi les lignes de bus et l’overground (qui pourrait être l’équivalent du RER). Le prix de chaque trajet diffère en fonction des zones parcourues et des horaires d’usage, plus élevées lors des périodes dite de pic, entre 6.30am et 9.30am le matin et 4pm et 7pm l’après-midi. La Oyster Card, sœur londonienne du pass Navigo (environ 80 euros par mois), débute à 164£ le mois (pour les zones 1 et 2) et monte jusqu’à 427.40£ par mois pour les zones 1 à 9. Un écart qui donne le tournis !
TFL dispose de plusieurs sources de revenus, mais 72% de son financement provient directement du porte-monnaie des usagers. À l’inverse, le métro parisien n’est financé qu’à 33% par ses voyageurs. Pour le reste de ses frais, Transport for London bascule entre les petits investissements privés, les emprunts, les aides du gouvernement et les fonds accumulés par certaines charges routières propres à Londres, comme les zones ULEZ. L’ensemble de ce portefeuille (80%) sert à assurer le fonctionnement quotidien du réseau, tandis que les 20% restants sont investis dans des travaux de renouvellement ou d’amélioration des lignes.
Interrogé sur l’origine de de cette organisation très différente à celle de Paris, un représentant de TfL explique que « dans d’autres villes internationales, une part beaucoup plus importante des coûts est couverte par des subventions publiques ou des taxes spécifiques, où elles représentent environ 40 à 60 % des recettes ». Donc pour le groupe, il ne fait aucun doute qu’en l’absence de ces financements, les transports dans ces autres villes imposeraient à leurs usagers des frais « plus proches, voir plus chers que les tarifs » de Londres.
Les prix des transports londoniens ont grimpé en flèche ces cinq dernières années en raison des effets de la pandémie et des mesures d’austérité financière mises en place par l’ancien gouvernement conservateur et le maire de Londres entre 2008 et 2016, Boris Johnson. Via ces mesures, TfL s’est notamment vu retirer 700 millions de livres sterling, soit près de 37% du budget alloué par le gouvernement, entre 2015 et 2020.
L’an dernier, le groupe a obtenu du ministère des Transports une enveloppe de 485 millions de livres sterling pour venir à bout de ses projets « importants ». « Désormais, les seules aides budgétaires que TfL reçoit du gouvernement sont pour les projets “capitaux”, comme la modernisation de la Bakerloo Line, qui est la plus vieille ligne de Londres », explique Kerry Abel, organisatrice en charge de TfL pour le syndicat des transports TSSA. « Mais il s’agit de projets d’infrastructure dont on a désespérément besoin. Sans financement, ça s’effondrerait. Du coup, rien ne subventionne une partie des tarifs ».
En outre, chaque aide supplémentaire obtenue par le maire travailliste de Londres depuis 2016, Sadiq Khan, est le fruit de négociations contre les projets de l’État d’effectuer des économies par tous les moyens. Mais ces changements seraient aussi dus à l’approche très différente des deux principaux partis politiques sur le financement des transports, selon Kerry Abel. « Les conservateurs (qui ont été au pouvoir entre 2010 et 2024) pensent que chacun doit assumer sa part et que tout doit être financé par paiements directs, tandis que les travaillistes veulent tout planifier au niveau économique – avec l’aide de subventions – pour que les travailleurs londoniens ne soient pas pénalisés par des charges supplémentaires en se rendant au travail ».
Or, même avec un nouveau gouvernement travailliste au pouvoir depuis l’été dernier, les Londoniens pourraient avoir à patienter encore quelque temps avant de constater de nouveaux changements. « On est dans une période où le nouveau gouvernement a plusieurs autres priorités, comme investir dans le NHS, l’éducation, etc. Donc c’est un peu en suspens », a confié Kerry Abel.