Figure emblématique de la carte postale londonienne, les Black cab, comme on les appelle, sont une institution à eux seuls. Il suffit pourtant d’un signe de la main le long d’un boulevard du centre-ville pour prendre place à bord d’un véritable salon roulant. Mais vous êtes-vous déjà demandé d’où leur vient cette forme qui ne ressemble à aucune autre ?
Lorsque vous entrez pour la première fois dans un Black cab, vous êtes forcément saisi par la grandeur de l’habitacle. En effet, une banquette de trois places et deux strapontins se font face. Idéal pour détendre ses jambes et continuer une discussion ! La hauteur sous plafond est elle aussi impressionnante. Pas de panique donc, vous pourrez conserver votre chapeau melon vissé sur le haut du crâne, comme il était d’usage au début du siècle dernier.
Et si par chance, vous croisez la route de David Rouland, chauffeur de taxi français installé à Londres depuis de nombreuses années, ou de l’un de ses collègues équipés de la dernière génération de taxis, vous serez transporté par la vue offerte par le vaste toit panoramique. Et puis tant qu’on y est, profitez-en pour demander deux ou trois bons plans au chauffeur.
La flotte des taxis londoniens se distingue tout particulièrement sur le volet de l’accessibilité. Les cab ont ainsi été conçus pour accueillir un fauteuil roulant. A cette fin, les larges portes arrière s’ouvrent à 90 degrés et une plateforme rétractable permet des montées-descentes éclair.
Ce n’est pas tout, il est également possible d’avancer un siège vers l’extérieur afin, par exemple, d’installer une personne ayant des difficultés pour monter la marche du véhicule. Enfin, insiste David Rouland, une peinture jaune fluorescente a été disposée autour des poignées de porte pour permettre aux personnes malvoyantes de les repérer plus facilement.
Cab découle de cabriolet. Lancé au début des années 1820, ce nouveau modèle, plus rapide et maniable s’est progressivement imposé. Fini les convois à plusieurs chevaux, le cabriolet n’en a besoin que d’un mais sa capacité est de fait réduit à une ou deux personnes maximum. Pour ce qui est du “black”, on pourrait supposer que la couleur ait été imposée. Il n’en est rien, rappelle David Rouland. Bien au contraire, quelques-uns sont verts, bordeaux et nombreux sont ceux qui arborent des publicités sur leurs portières.
Mais alors pourquoi noir ? La réponse se situe au sortir de la Seconde guerre mondiale. A cette époque, tout coûte cher, et les taxis optent naturellement pour la couleur la plus abordable : le noir. C’est depuis devenu la marque de fabrique du taxi londonien. Par ailleurs, les cab sont connus pour leur rayon de braquage inégalable. Capable de faire un demi-tour sur près de 8 mètres, les chauffeurs les plus aguerris peuvent ainsi, dit-on, tourner autour d’une pièce de monnaie, ce qui facilite grandement les créneaux !
Aujourd’hui, les derniers taxis sortis des lignes de montage Geely (consortium chinois ayant racheté Volvo cars en 2010) ont une motorisation hybride. Plus silencieux et bien moins polluants, ils sont appelés à remplacer les anciennes générations de taxis d’ici quelques années.
Une institution n’est en revanche pas près d’évoluer. The knowledge, la certification permettant d’obtenir la licence de taxis. Cette formation, obligatoire pour tous les apprentis chauffeurs souhaitant un jour obtenir leur plaque verte, est relativement longue à obtenir. A en croire David Rouland, il faut généralement trois ou quatre ans de préparation avant d’obtenir le fameux sésame. Pas de place non plus pour les nouvelles technologies, un chauffeur doit être à même de trouver le chemin le plus court entre deux points de la capitale anglaise, et ce dans un périmètre de près de 10 kilomètres autour de Charing Cross.
Ce sont donc pas moins de 25.000 rues et quelques milliers de points d’intérêts qu’il faut connaître sur le bout des doigts pour être en mesure de prendre, un jour, des clients à la volée.