Londres arrive cinquième au classement des villes les plus chères du monde selon Bloomberg. Le marché immobilier londonien est hors norme, la capitale est connue pour ses loyers astronomiques. À titre d’exemple, un studio de 7m2 a été vendu 90,000 livres sterling aux enchères en février 2022 dans le quartier de Hackney, à l’est de Londres.
Avec une superficie de 319,3 kilomètres carrés, le « inner London », qui correspond aux zones 1 et 2 de la ville, comptait 3 millions de résidents en 2021 selon le Bureau national de statistiques. En comparaison, malgré une densité de population trois à quatre fois supérieure à celle de Londres, Paris intra-muros ne rencontre pas les mêmes problématiques. De toute évidence, posséder ou louer un bien à Londres est bien plus cher que dans la capitale française. Le prix du mètre carré londonien avoisine les 15,585 euros en moyenne, soit 4,000 euros de plus qu’à Paris. Ainsi, si la densité de population n’est pas la cause d’un marché en saturation, quelles sont les raisons d’une telle tension ? Plusieurs facteurs sont à prendre en compte, en particulier dans un contexte post-pandémie.
Le site Internet Zoopla, entreprise spécialiste du marché immobilier à Londres, indique que les prix moyens des locations en 2021 s’élèvent à 1,742 euros par mois pour un T1, 2,032 euros pour un T2 et 2,900 euros pour un T3. Selon Debby Brow, une spécialiste du marché immobilier londonien pour l’agence Keatons à Hackney, un véritable changement a été observé depuis 2021. « Le marché de la location est exorbitant, les loyers ont augmenté en flèche en un an. Nous avons observé une hausse de 10 % entre le mois d’avril et la fin de l’été », témoigne-t-elle. Il s’agirait d’une des retombées de la pandémie, période durant laquelle les propriétaires ont proposé des offres alléchantes aux locataires face à un exode massif en dehors de Londres.
Ses propos sont confirmés par Foxtons, une autre agence londonienne qui a observé une augmentation importante des prix dans le secteur de la location. Cette hausse continuelle des prix prend origine dans une demande distinctement plus importante depuis la fin de la crise sanitaire. « Nous recevons près de 9,000 candidatures de locataires par semaine, nous sommes presque au-delà de nos capacités. Ce phénomène ne changera pas tant qu’il n’y a pas une décision politique pour réguler le marché à Londres », continue un expert en location. La même tendance est observée du côté des ventes. « Les taux d’intérêt n’ont de cesse d’augmenter, nous constatons une certaine frilosité sur le marché de l’achat », confie un agent de la même entreprise. Comme le souligne le spécialiste, l’achat est toutefois plus avantageux que le logement à Londres, les mensualités à rembourser pour un crédit logement sont bien souvent moins chères qu’un loyer.
Selon le groupe de réflexion britannique « Centre for Cities », Londres n’a pas été en mesure de suivre le rythme de la croissance démographique ces dix dernières années et trop peu de logements ont été construits, en comparaison avec la capitale française. « Les données existantes sur le marché immobilier suggèrent que la faible disponibilité des logements à Londres, combinée à une population grandissante et un marché de l’emploi attractif, contribuent à une inflation du prix des logements plus importante qu’à Paris », indique le site Internet du groupe. En effet, moins de 15,000 logements étaient disponibles contre près de 60,000 à Paris, soit quatre fois moins.
Par ailleurs, Londres est traditionnellement une ville où les bâtiments sont bas, les constructions en hauteur sont moins répandus qu’en France. En outre, une crise dans le domaine de la construction ajoute un obstacle à la planification de nouvelles constructions. L’augmentation du prix des matières premières et de l’énergie, le manque de matériaux de construction et de personnel font du secteur un terrain miné. Selon un rapport publié par le Bureau des statistiques nationales en juillet 2022, 35% des entreprises de constructions britanniques ont rencontré des difficultés pour recruter de la main d’oeuvre.
Pour ce qui de l’avenir, les agents londoniens ne s’attendent pas à une baisse des prix dans les prochains mois. « Les prix ne baisseront pas tant que de nouveaux logements ne sont pas construits, les politiques en place n’encouragent pas ce changement », conclut un agent londonien.