Si la réputation internationale du Royaume-Uni change au gré des événements politiques, certaines caractéristiques demeurent inchangées. Son temps maussade, ses traditions culinaires discutables et son génie musical constituent l’identité du pays, mais pas que. À travers les âges, ses universités prestigieuses ont conservé une renommée intacte et immuable. Pourquoi et comment ?
La réputation de l’enseignement supérieur britannique n’est plus à faire. Pour la septième année consécutive, l’université d’Oxford a été reconnue comme étant la meilleure université au monde par le classement de Times Higher Education. En 2023, elle est suivie de près par l’université de Cambridge qui arrive en troisième position (ex aequo avec l’université de Stanford) et Imperial College London, en dixième place du classement.
Malgré des frais de scolarité à faire pâlir les étudiants européens, les universités britanniques ne cessent d’attirer les étudiants du monde entier. Les chiffres l’attestent. La lauréate du classement compte 46 % d’étudiants internationaux et 41 % pour l’université de Cambridge, selon les dernières données partagées par les universités. À titre d’exemple, les étudiants internationaux doivent payer des frais universitaires entre £24,507 et £63,990 pour une seule année en licence à l’université de Cambridge, soit près de 2,6 fois plus que les tarifs demandés aux étudiants britanniques.
Le poids de l’histoire et de la tradition pèsent dans la balance de la réputation nationale et internationale qui entoure des universités britanniques. L’université d’Oxford serait l’institution la plus ancienne du monde anglophone avec une possible origine datant de 1096. La liste des personnalités célèbres, les « famous Oxonians » est longue. Pour n’en citer que quelques-uns, les philosophes Thomas More, Erasme de Rotterdam, John Locke, Adam Smith, Thomas Hobbes, la suffragette Emily Davision et les auteurs Lewis Caroll et Oscar Wilde ont contribué à forger les lettres de noblesse de l’université. Oxford est un rite de passage obligatoire pour les individus qui animent la vie politique du pays.
S’il n’y a pas de recette miracle pour accéder aux plus hauts postes de l’administration britannique, les chiffres parlent d’eux-mêmes. Pas moins de trente premiers ministres britanniques ont usé leurs costumes sur les bancs de l’université d’Oxford (comme s’en targue fièrement la prestigieuse institution sur son site Internet). David Cameron, Theresa May, Boris Johnson, Liz Struss, Rishi Sunak… Les cinq derniers chefs de gouvernement ont fréquenté le même établissement. Si la popularité de l’université de Cambridge a légèrement décru ces dernières années, quatorze dirigeants sont passés par la deuxième université la plus ancienne du Royaume-Uni.
L’intérêt des étudiants français pour ces institutions de renom ne cesse de grandir. Monia Briki, consultante française en orientation scolaire internationale au Royaume-Uni, prépare des bacheliers français et internationaux à l’entrée de ces prestigieuses universités. Cette professeure agrégée de sciences économiques et sociales propose un entraînement pour permettre aux étudiants de pousser les portes des universités britanniques de renom. « Les exigences des universités changent au fil des années, j’aide les élèves à préparer et à rédiger leur ‘personal statement’, document déterminant dans la constitution d’une candidature dans les universités britanniques ».
Selon elle, le Brexit n’a pas changé la donne. « L’intérêt des étudiants français est toujours aussi prononcé pour les universités britanniques, même s’ils sont à présent soumis aux mêmes tarifs que les étudiants internationaux ». Les arguments sont nombreux. La réputation historique, doublée de l’excellence des enseignements dispensés dans ces universités s’accompagne de l’opportunité alléchante d’un réseau solide pour l’avenir. Un ancien étudiant anglais de l’université d’Oxford (qui a souhaité préserver l’anonymat), explique avoir construit un réseau professionnel profitable. « Après avoir obtenu ma licence de philosophie, j’ai pu lancer mon entreprise environnementale avec des amis rencontrés pendant mes études. Ce sont des personnes brillantes, je n’aurais pas pu partir sur d’aussi bonnes bases sans Oxford. »