De l’extérieur, ces maisons resemblent à toutes les autres. Mais à l’intérieur, elles présentent une particularité de taille : une partie du logement est en partie cachée sous terre. Ces “iceberg houses”, qui tirent donc leur nom du fait de cette portion immergée, sont très populaires chez les millionnaires de l’ouest de Londres, qui la conçoivent sur-mesure, se créant ainsi une propriété à la fois impressionnante sur le plan architectural, mais aussi moins fastueuse de l’extérieur et donc moins susceptible d’attirer les envieux.
Mais pour avoir le droit de porter le nom de “maison iceberg”, le sous-sol doit être creusé au moins sur deux niveaux, précise Emilie Mauran, architecte d’intérieur à Londres et fondatrice de EMR Architecture. “Et c’est très rare”, ajoute-t-elle. La plupart du temps, les demandes se font pour un seul niveau. “On parle alors de “basement”, autrement dit, d’un sous-sol, avec quatre à cinq niveaux en haut”. La professionnelle insiste aussi sur le fait que ces constructions ne se font que dans certains quartiers de la capitale, surtout dans l’ouest, comme dans les quartiers de Chelsea ou Notting Hill.
Salle de sport, saunas, salle de cinéma, cave à vin, piscine… Les propriétaires peuvent tout imaginer et réaliser leurs plus beaux rêves. “Les clients veulent à peu près tous la même chose”, confie Emilie Mauran, “souvent c’est aussi pour installer une chambre pour les invités, les grands-parents ou la nanny ou créer un bureau, une buanderie”. Son rôle en tant qu’architecte d’intérieur sera surtout d’apporter de la lumière aux nouvelles pièces.
Mais cela a un prix. “Il faut compter au minimum £1 million pour des travaux”, avance Emilie Mauran, qui compte parmi ses clients aussi des Français de Londres. Si cela coûte si cher, c’est parce qu’il faut creuser en dessous du niveau de la rue. Pour ce faire, “il est impératif de respecter certaines techniques de construction ainsi que de vérifier que toutes les nouvelles pièces seront étanches car lors des travaux, des nappes phréatiques peuvent être touchées”.
Aussi, les ingénieurs sont là pour s’assurer du maintien de la structure pour éviter la pression sur les maisons adjacentes, car la plupart se soutiennent entre elles. Il est déjà arrivé que des maisons s’écroulent en plein travaux. Ce fut par exemple le cas en 2020 dans le quartier de Chelsea, alors que les propriétaires avaient obtenu un permis de construire pour une extension de trois mètres du sous-sol inférieur de la maison, ainsi qu’une nouvelle terrasse supérieure.
Malgré les risques et le prix, certains propriétaires se laissent séduire par ce concept. Tout d’abord parce que cela revient souvent moins cher que de déménager pour un espace plus grand. “Ils prennent en compte que, s’ils achètent un autre bien, il leur faudra payer la stamp duty (taxe obligatoire) qui peut être élevée”, analyse Emilie Mauran. Par ailleurs, acheter revient tout aussi cher, voire plus. Le prix du mètre carré à Londres, selon les quartiers, peut monter jusqu’à £12,000 ou 14,000. Creuser en sous-sol revient à £5,500 le mètre carré, selon l’architecte d’intérieur.
Don’t move, improve, est ainsi devenu le leitmotiv de ces propriétaires, qui voient aussi l’opportunité d’apporter “une touche de luxe”, mais aussi une plus-value à leur maison dans le cas où ils souhaiteraient un jour vendre. “Le temps des travaux, ils peuvent louer un appartement ou une maison, et quand ils reviennent ils ont une toute nouvelle propriété”.