Vous l’avez peut-être remarqué mais il n’est pas rare, aux environs de septembre, de croiser – peut-être encore plus qu’à l’accoutumée – de furtives colocatrices à huit pattes dans votre logis ou jardin, en Angleterre. Pas toujours très agréable, peut-être, mais assez logique. Mais pourquoi donc et quelles sont les différentes espèces qu’on peut trouver en Grande-Bretagne ?
Il y aurait un peu plus de 670 différentes espèces de « spiders » en Grande-Bretagne. Et s’il est possible d’observer divers genres d’animaux à divers moments de l’année, beaucoup d’espèces se font plus présentes à l’été et l’automne. « Certains considèrent la fin de la période estivale et le début de l’automne comme étant la ‘spider season’, lorsque les araignées autour de nos maisons se font davantage remarquer, indique Thomas Hibbert, à la fédération des Wildlife Trusts. L’une des raisons étant : les amours ! A cette période, les mâles de ces espèces sont en recherche de partenaires. Comme elles sont plus mobiles, les araignées sont plus susceptibles de croiser notre chemin. »
Et parmi les espèces qu’on peut plus observer, notamment à l’automne et parce qu’elles vivent dans ou près des maisons, figurent les araignées du genre Tegenaria et Eratigena, d’ailleurs surnomées « house spiders ». « On peut les trouver dans les maisons, les jardins, les cabanes », indique Meg Skinner de la British Arachnological Society. Les tégénaires, en français (elles sont également communes dans l’Hexagone), sont ces – parfois – gros spécimens marron, aux longues pattes poilues qu’on peut aisément croiser au détour d’un couloir… ou tombés au fond d’une baignoire. « Les mâles peuvent être souvent aperçus circulant, à la recherche de femelles, de la fin de l’été au début de l’hiver (…). » Par ailleurs connu, le Pholque phalangide ou « cellar spider » – au petit corps et aux longues pattes fines – est aussi un habitué des maisons.
Qu’on se rassure vite, néanmoins, à la lecture de ces lignes. « Très peu d’araignées, au Royaume-Uni, sont capables de mordre une personne », insiste Thomas Hibbert. La plupart du temps, les crochets ne sont pas assez forts pour percer la peau humaine.
Et quand c’est le cas, c’est rare, toujours en situation de défense, lorsque l’araignée se trouve coincée dans des vêtements, par exemple et souvent sans conséquence (médiatisées bien qu’encore une fois rares, les morsures de Steatoda nobilis ou « noble fausse veuve » ne seraient ainsi souvent pas plus graves que des piqûres de guêpe…).
Par ailleurs, insistent les Widllife Trusts, les araignées sont très utiles pour réduire les populations d’insectes – mouches, moustiques…– généralement peu appréciés. Le mieux, donc, si vous avez des colocatrices, est encore de les laisser tranquilles.
Si vous avez du mal, Thomas Hibbert suggère de simplement capturer l’araignée avec un verre sous lequel vous glissez délicatement un papier cartonné « en faisant attention à ne pas lui conicer les pattes », avant de la mettre à l’extérieur. Plutôt dans un endroit abrité « car certaines espèces auront du mal à survivre dehors ».
Naturellement, la plupart des araignées se trouvent parfaitement à leur aise, dehors. A Londres, on voit par exemple en ce moment, dans les cours et jardins, beaucoup de « garden cross spiders (en photo de une, NDLR) » – « elles ont une marque en forme de croix blanche sur l’abdomen », décrit Meg Skinner – ou épeire diadème en français. Lesquelles sont généralement plus visibles à l’automne, du fait de la grosseur des femelles – possiblement en gestation – qu’on peut apercevoir dans leur toile.
Parmi les autres espèces communes dans les jardins (sa reproduction se situe néanmoins plus en fin de printemps, début d’été), figure aussi la croquignolesque « zebra jumping spider » ou saltique chevronnée, toute petite, reconnaissable à ses rayures noires et blanches, à « ses grands yeux » et sa tendance à faire de grands bonds pour capturer ses proies.
Si ces espèces sont communes, d’autres sont bien plus rares (vous aurez donc a priori moins de chances de les observer, « spider season » ou non). A l’instar de la Nothophantes horridus ou « horrid ground-weaver » qui, malgré son nom assez impressionnant – « ‘horridus’ signifie ‘hérissé’ en latin et cette araignée-ci est un peu poilue », explique Thomas Hibbert –, ne mesure que quelques millimètres… et aurait la particularité d’être endémique de la Grande-Bretagne.
On ne la trouverait que « dans une aire très limitée du sud de l’Angleterre », précise Meg Skinner. Des spécimens n’ayant pour l’heure été observés qu’a proximité de Plymouth, dans et autour de carrières de calcaire… L’animal est jugé « en danger critique » par l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature), qui répertorie les espèces menacées.
La Dolomedes plantarius ou « fen raft spider » est elle considérée comme « vulnérable » par l’UICN et également très localisée (à la différence de l’horrid ground-weaver, toutefois, des spécimens sont aussi observés ailleurs en Europe, en France notamment). « En Grande-Bretagne, on ne la retrouve uniquement que dans quelques endroits, zones humides, marais de l’East Anglia, du Sussex et du sud du Pays de Galles », précise Thomas Hibbert.
Assez surprenante, il s’agit d’une grosse araignée semi-aquatique, qui chasse d’une manière originale, en plaçant ses pattes à la surface de l’eau afin de guetter les vibrations de ses proies (larves, petits insectes..).