Elles ne passent pas inaperçues avec leur plumage vert émeraude. Les perruches à collier – appelées ainsi en raison du collier de plumes sombres qui entoure le cou de certaines d’entre elles – sont très nombreuses à Londres. Surprenant pour des oiseaux que l’on croiserait plus volontiers dans des forêts luxuriantes au coeur de pays chauds qu’à deux pas de Westminster. Mais que viennent-elles faire dans la capitale anglaise ?
La légende voudrait que ce soit Jimi Hendrix, lui-même, qui soit à l’origine de la présence de ces oiseaux dans les parcs londoniens. A Londres, à la fin des années 1960, le célèbre guitariste américain aurait en effet relâché un couple de ces somptueux volatiles au beau milieu de Carnaby Street… D’aucuns prétendent également que des perruches se sont échappées en 1951, lors du tournage, près de Londres, d’une partie du film La Reine africaine, dans lequel jouaient Humphrey Bogart et Katharine Hepburn.
Mais pour la Royal Society for the Protection of Birds (RSPB), l’une des principales organisations de protection des oiseaux en Grande-Bretagne, il est probable que les perruches soient arrivées au Royaume-Uni en tant qu’animaux de compagnie. Populaires depuis l’ère victorienne, certaines se sont sûrement échappées ou ont été délibérément relâchées dans la nature au fil des ans. “Elles n’ont commencé à se reproduire qu’en 1969 dans le Kent”, indique la RSPB.
En dépit de leur origine tropicale (une bonne part de ces oiseaux proviendraient d’Asie), les perruches se sont bien adaptées aux températures plutôt fraîches de l’Angleterre mais restent néanmoins cantonnées au sud-est, notamment dans le Kent et la région londonienne, qui compte un grand nombre de parcs, jardins, où elles peuvent s’abriter et trouver de quoi manger. Et elles semblent plutôt bien s’y plaire. Une étude publiée en 2016 en répertorie près de 30.000 au Royaume-Uni, soit la plus importante population observée en Europe. La France, elle, n’en compterait que 7.000.
Une progression relativement importante qui n’est pas sans soulever quelques questions, certains craignant, au Royaume-Uni, que ces oiseaux ne soient en compétition avec les espèces locales ou ne constituent une menace pour les cultures… Au niveau européen, un vaste réseau d’études et de collaboration entre chercheurs appelé ParrotNet avait été créé, il y a quelques années, afin d’observer la progression de ces oiseaux et leur impact environnemental, économique.
“Les perruches invasives comme les perruches à collier peuvent susciter l’inquiétude en certains endroits, comme en Israël, où les cultures d’amandiers peuvent être lourdement impactées, indique Jim Groombridge, professeur en conservation de la biodiversité à l’université du Kent, qui a étudié ces oiseaux. Au Royaume-Uni, certains agriculteurs ont fait état de dommages causés sur des fruits et des vergers, mais l’effet reste toutefois très localisé.”
En tant qu’oiseau sauvage, la perruche à collier est actuellement protégée par le Wildlife and Countryside Act 1981 mais des autorisations (“licences”), pour en abattre et détruire certains nids, existent néanmoins dans le cas où il serait avéré que les oiseaux constituent une menace, par exemple, pour des cultures spécifiques…
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Crédit photos : Julia Gaulon