C’est à Londres que Jean-Baptiste Lemoyne avait choisi de se déplacer mercredi 20 avril pour regarder en compagnie de l’équipe locale de campagne d’Emmanuel Macron le débat d’entre deux-tours, opposants le président candidat et Marine Le Pen. “Mais j’ai aussi fait ce déplacement pour venir à la rencontre des Français établis au Royaume-Uni et participer à une séance de tractage avec cette équipe si active depuis plusieurs semaines”, confiait le ministre des Français établis à l’étranger, juste avant que ne débute le débat.
Mais de toutes les communautés françaises dans le monde, pourquoi venir en terrain conquis ? Les Français du Royaume-Uni ont en effet largement en tête Emmanuel Macron lors du premier tour, dimanche 10 avril. Quant à Marine Le Pen, comme en 2017, elle n’avait toujours pas réussi à attirer les voix de la communauté française britannique, stagnant entre 2 et 3% en moyenne selon les bureaux de vote. “Il m’était impossible de ne pas venir à Londres”, assure le ministre des Français de l’étranger, “certes, Emmanuel Macron est arrivé en tête, mais nous nous devons de rester mobilisés pour le second tour, qui peut s’annoncer serré”.
Se rendre dans la capitale anglaise à quatre jours du second tour avait donc surtout comme objectif de venir mobiliser la communauté française du Royaume-Uni et la convaincre d’aller voter dimanche 24 avril. “On fait face à une forme de ‘à quoibonisme’. L’abstention à Londres a été très forte au premier tour, avec un taux de participation bien inférieur à celui de 2017”, regrette Jean-Baptiste Lemoyne.
Le ministre était ainsi venu mobiliser les abstentionnistes, mais aussi convaincre les électeurs et les électrices qui avaient fait un autre choix qu’Emmanuel Macron au premier tour. Notamment, celui de Jean-Luc Mélenchon (arrivé en seconde position des votes), de Yannick Jadot et de Valérie Pécresse. “Nous souhaitions leur dire et montrer que le projet d’Emmanuel Macron peut porter une partie de leurs ambitions pour la France. Le président a toujours eu la capacité de fédérer des horizons différents”, pense-t-il.
Cette mission outre-Manche avait aussi pour intérêt, poursuit-il, de “dire l’importance du choix à faire de dimanche”. “Il est essentiel de rappeler que la France d’Emmanuel Macron et de celle de Marine Le Pen sont bien différentes. La candidate du Rassemblement national fait de la démagogie à tous les étages et beaucoup d’annonces sans financement”.
Le ministre reproche également à la candidate du RN de ne s’être intéressée aux Français de l’étranger qu’à la dernière minute. “Jusqu’à cet après-midi (mercredi 20 avril), elle n’avait aucun projet pour eux. C’est seulement aujourd’hui que des mails ont été envoyés aux communautés françaises établies dans le monde. Cela ne prouve qu’une chose : une démarche opportuniste”. Contrairement évidemment à son candidat, ajoute-t-il. “Le projet des Français de l’étranger a été travaillé avec les élus. Pendant plusieurs semaines, nous nous sommes réunis par visioconférence pour déterminer un projet qui s’appuie sur trois axes simples : protéger les Français de l’étranger, leur simplifier la vie et s’assurer de leur lien fort avec la communauté nationale”.
Parmi les mesures que prendrait Emmanuel Macron s’il était réélu, la reconnaissance du statut de résidence pour les Français de l’étranger. Autrement dit, leur résidence secondaire serait dorénavant considérée comme une résidence de repli. “Elle sera alors dotée d’attributs semblables en matière fiscale à la résidence principale”, détaille le ministre.
Autres mesures : la fin du délai de carence de trois mois en cas de crise majeure et obligeant les Français de l’étranger à rentrer en France (ce fut le cas pendant la pandémie), la poursuite de la dématérialisation des démarches administratives avec une expérimentation sur le renouvellement de passeport qui va être lancée au deuxième semestre au Canada et Portugal, mise en place de France Services Français de l’Étranger, une hotline-guichet unique pour obtenir toutes les informations consulaires (questions fiscales, protection sociale…). “On va aussi faire en sorte que chaque ministère du gouvernement intègre dans ses politiques la question des Français de l’étranger car ce sont des Français comme les autres”, complète Jean-Baptiste Lemoyne, qui prend pour exemple le pass culture (chèque de 300 euros) à destination des jeunes de 15 à 17 ans qui sera offert également aux adolescents français établis à l’étranger.
“C’est une continuité de ce qui a été fait depuis cinq ans”, assure de son côté le député de la circonscription, Alexandre Holroyd, “par exemple, c’est la première fois que le budget de l’AEFE (agence pour l’enseignement français à l’étranger) a été stabilisé, le réseau FLAM a été renforcé, des aides ont été apportées à des organismes comme le Dispensaire français qui a reçu 17,000 euros. Il y a eu aussi la mise en place du vote numérique pour les prochaines législatives, ce qui a été un gros chantier”.
D’autres mesures suivront, promet le parlementaire de la République En Marche, comme l’attribution automatique des enfants français nés à l’étranger. “L’immatriculation a déjà commencé”, tient à préciser Alexandre Holroyd. Du travail, il en reste beaucoup à faire, reconnaissent le député et le ministre. “Si Emmanuel Macron est réélu, les cinq ans à venir donneront l’opportunité de faire tout ce travail”.
Demeure donc encore à convaincre les Français du Royaume-Uni, et plus largement de l’étranger, de voter pour le président candidat. “Il faut que les gens aillent voter. Chaque vote compte”, conclut Patricia Connell, conseillère des Français de l’étranger au Royaume-Uni et étiquetée En Marche, présente elle aussi lors du déplacement du ministre.