Ils vivent à bord d’une maison flottante. Arrivés il y a huit ans dans la capitale britannique, Lindsay Morel-Huguet, 28 ans, et son époux Jérémy Huguet, 29 ans, ont investi dans une péniche. Et cela fait maintenant deux mois qu’ils habitent le long des canaux londoniens sur leur bateau. Avec, visiblement, beaucoup de plaisir. “Ça nous permet véritablement de vivre dans de nouveaux endroits pendant quelque temps, de découvrir de nouveaux quartiers”, racontent-ils.
“On aime beaucoup voyager et cela correspond à notre mode de vie. À Amsterdam, en Hollande, il y a pas mal de gens qui vivent de cette façon, expliquent les jeunes gens. Et puis, il y a aussi une question financière. Au départ, nous pensions acheter une maison, mais les prix, ici, c’est n’importe quoi. Sans compter qu’il n’est pas facile d’avoir un crédit immobilier.” L’idée, enfin, d’être relativement mobiles les rassure aussi particulièrement dans le contexte incertain du Brexit.
Les 90.000 livres que leur a coûté la péniche, les deux Français – l’un travaille en cuisine, l’autre dans un magasin de prêt-à-porter de luxe – les ont financés à force d’économies. Ils ont notamment fait du Airbnb dans leur ancien logement et ont aussi bénéficié de la générosité de leurs proches, à l’occasion de leur mariage, en septembre 2017. Ils ont visité quelques bateaux avant de trouver celui-ci. La semaine d’essai qu’ils ont passée à bord, sur proposition du propriétaire, a fini par les convaincre.
Joliment baptisée La Bohème, la péniche est économe et écolo. Sur son toit, des panneaux solaires (présents au moment de l’achat) permettent aux jeunes gens de produire eux-même leur électricité. “Nous avons par ailleurs un système de filtre qui recycle l’eau de rivière en eau potable”, sourient-ils. Pour leur lessive, ils disposent d’une machine à laver à bord mais préfèrent descendre dans des laveries de quartier pour limiter leur consommation d’énergie. “On essaie de faire attention”.
Bien sûr, habiter un bateau demande de maîtriser une ou deux choses en navigation. Car la péniche ne peut légalement rester plus de deux semaines au même endroit et doit régulièrement bouger le long des berges. Au total, Lindsay Morel-Huguet et Jérémy Huguet doivent naviguer au moins 20 miles (environ 30 km) dans l’année. Alors il a bien fallu s’y mettre. “Les gestes d’amarrage, au début, c’est beaucoup de technique si on ne sait pas ce qu’on fait.” Heureusement, les Français étaient bien entourés et ont pu apprendre auprès d’amis. “Il ne faut pas spécialement de permis, détaillent-ils. Les gens, ici, expliquent simplement que l’on apprend ‘as you go’ .” En somme, au fil de l’eau.
Le couple est vraiment très content de son choix. “On n’a pas de loyer à payer, pas de frais en eau, en électricité. On n’a pas d’emprunt à rembourser.” Et puis, surtout, ils se sentent “libres”. De larguer les amarres, de vivre dans différents endroits d’une même ville, d’un même pays. “Vivre sur l’eau a un côté relaxant et dépaysant, décrit Lindsay Morel-Huguet. Nous sommes dans Londres, mais j’ai l’impression d’être en vacances.”