Après plus de 60 ans de carrière intense, la Tate Britain va rendre hommage à Don McCullin, considéré par beaucoup comme le plus grand photographe de guerre britannique qui ait jamais existé. L’exposition, qui comporte plus de 250 clichés réalisés par le photojournaliste, a ouvert ses portes au public mardi 5 février et restera visible jusqu’au lundi 6 mai prochain. Don McCullin, âgé aujourd’hui de 83 ans, a privilégié au cours de sa longue carrière des thèmes graves tels que la guerre mais aussi la misère sociale, dans le monde comme dans son pays d’origine, le Royaume-Uni.
Né en 1935 à Finsbury Park, l’un des quartiers pauvres du nord de Londres, Don McCullin a commencé par photographier ses amis avant d’être repéré et publié par un journal local. Sa carrière de photographe se lance réellement lors de son service militaire dans la Royal Air Force, avec laquelle il est envoyé en 1956 couvrir la crise de Suez en tant qu’assistant photographe.
Au cours de sa carrière, le Britannique s’est rendu sur de nombreux théâtres de guerre ou de désolation à travers le monde, en tant qu’envoyé spécial par le Sunday Times Magazine principalement. A son actif : le Biafra, la Guerre des Six-Jours, le Congo ou l’épidémie du SIDA en Afrique, entre autres. C’est surtout sa couverture de la guerre du Vietnam ou encore du conflit en Irlande du Nord dont les Britanniques se souviennent. Cet aventurier a risqué sa vie à d’innombrables reprises, et a parfois eu la vie sauve grâce à son appareil photo qui arrêta une balle le visant durant la guerre du Vietnam, comme il l’explique dans son autobiographie. Plus récemment, l’âge avançant, il arrêta de se rendre sur des lieux de guerre pour immortaliser ce qu’il s’y passait, et commença à privilégier la beauté naturelle de sa région d’adoption, le Somerset, dans l’ouest du Royaume-Uni.
L’une des particularités de l’exposition consacrée au détenteur du grand prix World Press Photo 1964 pour son travail lors de la guerre civile à Chypre est que l’intégralité des photos présentes à la Tate Britain a été imprimée par Don McCullin lui-même dans sa chambre noire personnelle, et sont en noir et blanc. De plus, certaines de ses photos sont juxtaposées aux commentaires souvent brutaux mais honnêtes du photographe britannique.