Romain Duris n’est pas seulement un acteur, c’est aussi un dessinateur. Si peu de gens le savent, c’est parce que le quadragénaire a longtemps caché ce talent, qu’il cultive depuis 20 ans, au public. L’artiste, longtemps sollicité pour présenter son travail, a finalement accepté. Après Paris, il expose pendant tout le mois de février à Londres. Ses dessins sont visibles jusqu’au 27 février prochain à Caravansérail, la librairie franco-britannique tenue par deux Françaises, Anne Vegnaduzzo et Laura Cleary.
Si Romain Duris, présent vendredi 2 février dans la capitale anglaise pour le vernissage de cette exposition, avait choisi la discrétion jusqu’ici, ce n’est pas par timidité. “Je ne gardais pas les choses cachées, mais simplement pour moi. Je crois qu’inconsciemment, j’attendais juste un déclic”, confie l’artiste, avant d’ajouter, “j’ai toujours fait des allers-retours entre le cinéma et le dessin. J’attendais certainement le moment où je ne pourrais me consacrer qu’au dessin. Mais cela n’arrivait jamais. Alors j’ai pensé à faire un livre-recueil”. La première étape fut donc la publication en septembre 2017 de son livre, Pulp, mélange d’oeuvres réalisées au fil des 20 dernières années.
L’idée de monter une exposition est donc arrivée quelques semaines après. Romain Duris s’est laissé convaincre par une amie, Anne-Dominique Toussaint, fondatrice de la Galerie Cinéma à Paris, de dévoiler ses coups de crayon au public. “En travaillant sur la réalisation de cette exposition, je me suis rendu compte que, oui, c’était faisable, que j’avais une légitimité. Mais en gardant en tête cette notion de ne pas se prendre au sérieux et de rester intègre, comme je l’ai toujours fait”.
Après le succès de son exposition Paris, Romain Duris a accepté la proposition d’Anne Vegnaduzzo et Laura Cleary de venir présenter son travail à Londres. En effet, les fondatrices de Caravansérail London s’étaient rendu dans la capitale française pour présenter leur espace à la Galerie Cinéma et avaient alors exprimé leur volonté d’accueillir à la fois une signature du livre et une exposition. Romain Duris (et la productrice de Pulp, Anne-Dominique Toussaint) a dit oui tout de suite. La capitale anglaise, l’artiste la connaît bien. “Je suis déjà venu ici pour y présenter des films. Mais j’en ai surtout profité quand j’étais plus jeune avec mon meilleur ami”.
Il raconte comment avec son complice, ils avaient loué une chambre dans un petit hôtel du côté de Swiss Cottage. “On avait une cuisine, on se faisait à manger. On passait notre vie là”. Avant de prendre l’air et d’aller dans les parcs londoniens pour jouer pendant des heures au frisbee. “On n’allait pas du tout faire les visites de musées, comme le recommandaient nos parents ou nos amis. On traînait dans les parcs, on allait écouter de la musique dans les bars”, se souvient Romain Duris.
Londres reste pour le dessinateur une ville qui a “un goût pour le graphisme assez pointu”. Pourrait-elle l’inspirer pour des futures oeuvres ? “Je ne sais si j’ai besoin d’être à l’extérieur de chez moi pour trouver l’inspiration. J’aime me retrouver dans une solitude à la maison, entre les tournages, c’est très important. C’est une case qui m’appartient, où je suis moi-même”.
Alors du moins, serait-il prêt, à l’instar d’autres personnalités françaises, à traverser la Manche pour s’y installer ? “Pourquoi pas. J’adore la langue, l’accent anglais. Je ne sais pas encore à quel point je pourrais vivre loin de Paris. Mais ça me titille. J’hésiterais entre Londres et Los Angeles. Mais ce qui est sûr c’est que mon choix se porterait sur une ville anglophone”.