Malgré des frais universitaires exorbitants, nombreux sont les bacheliers à déserter les bancs universitaires français pour rejoindre les amphithéâtres britanniques. Les étudiants français étaient en effet plus de 14,090 sur les 152,000 étudiants européens présents au Royaume-Uni durant l’année 2020-2021 selon les données de l’HESA, l’agence britannique de statistiques sur l’enseignement supérieur. Et ce, même si depuis l’entrée en application du Brexit en 2021, les candidatures européennes ont baissé de 19 % selon UCAS, le service d’admission dans l’enseignement supérieur britannique. Car en plus des quelques 423 euros à payer pour obtenir un visa étudiant au Royaume-Uni, les européens doivent à présent s’acquitter des mêmes frais universitaires que les étudiants internationaux. Sans compter le coût de la vie, les frais universitaires dépassent les 23,000 euros par année en licence et les 33,000 euros pour une année en master.
Malgré ces montants astronomiques, les universités britanniques attirent les jeunes Français. Si étudier au Royaume-Uni est un investissement de taille, les avantages sont nombreux. « J’ai déboursé 90,000 euros entre ma licence et mon master au Royaume-Uni », estime Émilie, ancienne étudiante en droit à Royal Holloway, University of London. « Même si les coûts sont considérables, je ne regrette pas mon choix. Je souhaitais vivre l’expérience universitaire britannique », affirme la jeune Parisienne. Modèle d’enseignement participatif, professeurs à l’écoute et établissements en tête des classements internationaux, le système académique du Royaume-Uni semble avoir la recette gagnante du succès académique.
Loin du modèle magistral de l’Hexagone, les étudiants français du Royaume-Uni s’accordent pour dire que l’enseignement britannique se distingue par l’échange et la collaboration. « Le système britannique est établi sur le principe de la maïeutique socratique, les professeurs enseignent à travers un échange collaboratif avec les étudiants », explique Émilie. Pour Anaïs, Marseillaise récemment diplômée de l’université de mode London College Fashion, le rapport d’égal à égal entre les professeurs et les étudiants est un facteur de réussite. « Très rapidement, mes professeurs ont établi une relation amicale, ils m’encourageaient à croire en moi et à dépasser mes limites », explique-t-elle avant de reprendre, « l’université britannique est, à mon sens, beaucoup moins punitive qu’elle ne l’est en France.»
Dix-sept universités britanniques figurent dans les cents premiers établissements du classement de Quacquarelli Symonds, qui compare et note 1,300 universités à travers le monde. L’excellence de l’enseignement supérieur britannique est attestée par la présence de quatre universités dans les dix premiers rangs. L’université d’Oxford arrive en seconde position du classement, l’université de Cambridge en troisième place, suivie de l’Imperial College London et l’University College London (UCL). De l’autre côté de la Manche, les établissements français ont d’importants progrès à faire pour rivaliser avec leurs voisins britanniques, mais sans pour autant parvenir à leur niveau. En effet, seules trois universités françaises figurent dans le classement, dont l’université Paris Sciences et Lettres (PSL) en 44ème position.
Lily, étudiante en licence d’histoire contemporaine à Londres, explique avoir choisi l’université de Queen’s Mary dans la perspective d’intégrer la prestigieuse université d’Oxford en master et en doctorat. « J’ai toujours voulu obtenir un diplôme de l’université d’Oxford. La qualité de l’enseignement ainsi que la perspective d’une carrière à l’international ont rendu mon choix évident », explique la Française originaire de Paris. Anaïs affirme, elle, avoir choisi le London College of Fashion pour travailler à l’étranger une fois diplômée. « Mon université est la seule au monde à proposer un master dans le domaine de la mode et du développement durable. Les cours étant dispensés en anglais, mon diplôme est reconnu partout dans le monde », affirme la jeune professionnelle.
En 2020, 80% des diplômés britanniques avaient trouvé un emploi 15 mois après l’obtention de la fin de leur dernière année universitaire en 2020 selon le dernier rapport de l’agence de statistiques sur l’enseignement supérieur britannique (HESA). Un écart de deux points de pourcentage sépare la France du Royaume-Uni matière d’insertion sur le marché de l’emploi, avec 82 % des jeunes diplômés ayant trouvé un emploi 12 mois après l’obtention de leur diplôme selon le baromètre 2022 de l’APEC.
Pour les étudiants français au Royaume-Uni, la préparation à la vie professionnelle fait de la Grande-Bretagne une destination de premier choix. Participation régulière à des groupes thématiques appelés « socials », interventions du monde professionnel et soirées cocktails avec les anciens élèves, une abondance d’outils sont mis à la disposition des étudiants pour faciliter leur insertion sur le marché de l’emploi. « Tous les grands noms de la mode et du développement durable au Royaume-Uni sont intervenus dans mes cours. J’ai pu tisser des liens pour mon avenir professionnel », conclut Anaïs. À l’épreuve du Brexit, une question subsiste. Face à l’augmentation des frais universitaires et aux obstacles posés sur le marché de l’emploi aux citoyens européens, l’attractivité des universités britanniques perdurera-t-elle encore longtemps auprès des Français ?
Photo de Une : Royal Holloway, University of London / Shutterstock