Un an après l’ouverture de la première boutique de la marque à Londres, sur Fulham Road, le directeur du Petrossian Groupe, Mikaël Petrossian, se dit plutôt satisfait. “Avec le retard de l’ouverture de la boutique, prévue bien avant décembre, nous n’avions pas beaucoup d’attente”, confie le directeur, “finalement, nous avons eu un très bel accueil, notamment de la communauté française qui connaissait déjà les produits Petrossian, mais aussi de la clientèle américaine”. Il est vrai que les Américains sont très friands de la marque française, spécialisée dans le caviar et très présente aux USA, au point que l’entreprise réalise 40% de son chiffre d’affaires global aux Etats-Unis.
Si le terrain est conquis outre-Atlantique, il semble donc l’être aussi dorénavant outre-Manche. Cette première année a permis aux équipes de voir les ajustements à réaliser. “Nous allons par exemple fermer chaque été quelques semaines au mois d’août car nous avons constaté que la clientèle était peu présente à cette période de l’année”, confie Mikaël Petrossian.
Côté produits, la marque s’était déjà adaptée au marché local dès l’ouverture de la boutique, avec une offre spécifique comme les crackers de Noël, tradition très ancrée dans la culture britannique. “Nous avons aussi créé des macarons salés, car cela avait du sens d’en proposer à Londres”, poursuit le directeur, qui reconnaît qu’être une entreprise familiale permet d’oser davantage. “C’est important pour nous d’avoir un ancrage local, de s’adapter à nos clientèles. Nous nous remettons en question constamment pour satisfaire nos clients”. Parfois, cela fonctionne, comme les macarons salés, parfois non, comme pour le caviar liquide ou séché, produits retirés aujourd’hui de la gamme offerte dans le magasin.
Cela dit, les ventes de caviar traditionnel fonctionnent plutôt bien à Londres, avance Mikaël Petrossian. Le fait que la marque française ait ouvert son laboratoire à Chessington, près de Kingston Upon Thames, il y a deux ans, a grandement augmenté sa capacité de production. Pour Petrossian, cela était évident d’avoir son propre laboratoire en Angleterre pour permettre la maturation du caviar et le conditionnement des produits ainsi que pour éviter le transport des produits, à la fois à cause des coûts post-Brexit mais aussi pour des raisons écologiques. “Nous vendons aussi beaucoup de poissons fumés”, complète-t-il sur la partie des produits que la marque vend le plus. Ce qui le ravit d’autant plus que le Royaume-Uni est très spécialisé dans ce type de produits, notamment avec l’Ecosse, grande productrice de saumon d’élevage.
Ouvrir une boutique à Londres, explique Mikaël Petrossian, aura aussi permis à l’entreprise de s’investir un peu plus sur le côté marketing, en lançant notamment un compte Instagram pour être plus visible. Parce que le directeur Europe sait qu’il existe “un vrai potentiel” de développement, Petrossian a d’autres projets dans les cartons. “Nous aimerions ouvrir un caviar bar dans un hôtel”, révèle-t-il, “et peut-être même une boutique au sein du même établissement”.
Le choix d’un hôtel est pour lui évident. “Contrairement à la France, l’hôtel au Royaume-Uni est considéré comme un lieu de vie, on peut y venir pour un rendez-vous ou prendre un thé”, estime Mikaël Petrossian. Reste à savoir avec quel type d’hôtel la marque souhaiterait s’associer : une institution ou un établissement plus moderne ? Là est toute la question. “Chez Petrossian, nous aimons les lieux chargés d’histoire car cela correspond bien à notre image de marque. Mais nous laissons toutes les options ouvertes, car c’est aussi le quartier qui est un choix déterminant”.
Mikaël Petrossian voit les choses encore plus en grand puisqu’il évoque même la possibilité d’ouvrir un jour un restaurant. “Nous avons constaté que la partie restauration au sein de la boutique de South Kensington fonctionne très bien”. De quoi donner des idées. “Nous sommes très optimistes pour la suite”, conclut-il.