Le premier voyage officiel pour SailLink s’est déroulé durant le long week-end de Pâques. Une dizaine de passagers ont ainsi pris le départ du catamaran Echoes depuis Douvres pour une traversée de la Manche d’un peu plus de quatre heures. Destination ? La rive d’en face : Boulogne-sur-Mer.
A la barre de ce projet unique, Andrew Simons. Ce chercheur britannique, dont toute la carrière professionnelle s’est faite dans le secteur de l’environnement, a décidé de mettre sa passion pour la voile et son expertise écologique au service de son idée. “Je vis en Suisse, mais je voyage régulièrement entre l’Europe et le Royaume-Uni”, explique-t-il, “et je me suis toujours dit qu’il faudrait créer une traversée en voilier entre les deux rives de la Manche”.
Quand il a eu l’idée de son projet SailLink en 2019, son objectif était ainsi de proposer une offre de transport respectant l’environnement tout en permettant aux passagers de découvrir la mer autrement. L’ambition était aussi d’offrir aux voyageurs piétons accompagnés de leur animal et aux cyclistes une solution de transport pour se rendre entre l’Angleterre et la France.
Andrew Simons souhaitait d’abord créer une plateforme pour mettre en relation propriétaires de bateaux avec passagers. Mais le projet a très vite évolué, après son étude de faisabilité, lancée en 2021, dans laquelle il explore toutes les options : les ports de départ et d’arrivée, les routes maritimes à emprunter en fonction de la météo et des marées, la durée de la traversée… “J’ai aussi rencontré les acteurs locaux, examiné la réglementation, en particulier pour les contrôles aux frontières, et travaillé sur la sécurité”, poursuit Andrew Simons, “l’idée étant de continuer tant qu’aucun véritable obstacle ne l’interdise”. Il en conclut qu’une ligne Douvres-Boulogne serait la meilleure option.
Une phase pilote débute alors en septembre 2022 pendant neuf jours avec 12 traversées, 45 passagers et 16 vélos embarqués. Si le Britannique n’avait pas prévu de faire appel à des investisseurs, ces derniers sont venus naturellement à lui. “Certains ont décidé d’investir après avoir participé aux premiers voyages”. Convaincus par le projet, ils ont alors décidé de le soutenir financièrement. Andrew Simons a ainsi pu collecter la quasi-totalité du montant nécessaire (500,000 euros) pour concrétiser son projet.
En 2023, un test sur le temps de trajet et le calendrier a été réalisé, puis en avril 2024, le catamaran a été acheté avant d’être préparé pour son futur usage commercial avec cette règle : lors de chaque traversée, il y a trois membres d’équipage et 12 passagers maximum. Des passagers qui peuvent embarquer avec des bagages, mais aussi, moyennant un supplément, avec leur vélo (sans avoir besoin de le démonter) ou leur animal de compagnie.
Les premiers voyages, mis en service lors du week-end de Pâques, ont été, souligne le Britannique, comme “une deuxième phase pilote afin de prouver que SailLink fonctionne”. “Nous pourrons proposer à terme des itinéraires différents, vers d’autres villes”. Des trajets éventuellement plus longs et qui nécessiteront donc l’achat d’un nouveau bateau. “Nous ne faisons que commencer, nous ne sommes pas une grande entreprise”, insiste Andrew Simons. SailLink compte en effet huit personnes, dont quatre marins, incluant Andrew Simons qui s’est formé professionnellement, et un conseiller-instructeur en voile.
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Le fondateur pense aussi à développer l’activité vers des offres spéciales pour les entreprises, des sorties de groupe, des traversées privées… et même du fret (jusqu’à une tonne) pendant la période hivernale. Car les traversées de passagers se feraient évidemment de manière saisonnière. “Une partie de mes recherches sur le projet consistait à examiner les conditions météorologiques tout au long de l’année et à partir de là, j’ai déterminé qu’il devait s’agir d’un service saisonnier car en hiver, entre le froid, l’obscurité et les tempêtes, cela serait trop dangereux”.
L’ouverture des réservations jusqu’à septembre est décormais ouverte. Pour un adulte, le prix d’une traversée est de £75, pour les 17-25 ans de £60 et pour les 5-16 ans £40. Pour monter avec son vélo, il faut compter un supplément de £15. Les animaux ne payent pas. La liaison Douvres-Boulogne et Boulogne-Douvres est journalière, mais il n’existe pas pour le moment de possibilité de faire un aller-retour dans la journée. “Ce serait beaucoup trop difficile à gérer pour les passagers”, fait remarquer Andrew Simons, ajoutant par ailleurs que SailLink ne dispose que d’un catamaran, limitant aussi cette option.
Le souhait du Britannique est de faire de SailLink un nouveau mode de transport entre les deux rives de la Manche. Pour lui, si cela peut fonctionner avec ce premier bateau et sur cette liaison, alors il pourrait largement être développé à une plus grande échelle… le tout grâce à la force du vent.“Le projet pourra aussi s’appuyer sur l’utilisation de nouvelles technologies, comme des moteurs électriques, des panneaux solaires, des éoliennes… et ainsi montrer à quel point l’homme peut travailler avec la nature et non contre elle”.