“J’ai toujours voulu ouvrir un restaurant français à Londres parce que je suis un amoureux de la cuisine française, de sa culture et surtout j’aime l’attitude, je dirais “je-m’en-foutiste” des Parisiens”, confie Sebastian Lyall, propriétaire de Jolie, nouveau restaurant français qui a ouvert le vendredi 28 août à Chelsea.
C’est grâce à une histoire d’amour avec une Française il y a sept ans que tout a commencé. Le Britannique se remémore avec nostalgie le temps où il allait, avec sa partenaire, au restaurant parisien “Chez Papa” pour y déguster une “magnifique salade landaise”. C’est là qu’est né son goût pour la cuisine française et en particulier, celle du Sud-Ouest dont il s’est d’ailleurs largement inspirée pour concevoir son menu, avec son chef Daniel Blucert. Par exemple, le canard est servi à toutes les sauces. “J’adore cette viande quand elle est accompagnée de pommes de terre et d’une sauce au miel et à la moutarde. J’en mange tous les jours maintenant que j’ai ouvert “Jolie””, rit Sebastian Lyall. Cependant, la carte est très diversifiée et il y en a pour tous les goûts, que l’on soit amateur de boeuf ou même de moules marinières.
Qui dit amoureux de la France, dit amoureux de la langue française. D’où son choix de baptiser son établissement “Jolie”. “C’est le nom d’une chanson en anglais pour apprendre notamment comment dire “I love you” en français”. De cette balade est née une histoire imaginaire, celle d’une jeune femme répondant au doux prénom de… Jolie. C’est pour satisfaire les désirs de cette muse qui souhaite pouvoir manger et boire comme le font les Français que le restaurant portant son nom a ouvert ses portes.
Si l’ouverture d’un tel lieu dans le contexte sanitaire actuel a été un “challenge”, sa localisation à Chelsea est un point fort, assure avec confiance le propriétaire des lieux. “Il y a une grande communauté française qui vit et qui travaille ici”, confie le Britannique, qui compte également sur l’impulsion du mouvement “locavore”. “C’est vrai que depuis la crise du coronavirus, les gens préfèrent de plus en plus rester dans leur quartier”. Sebastian Lyall espère donc attirer une clientèle locale dans un endroit un brin “nostalgique” et qui est à la recherche de ses “souvenirs de voyage”. Le menu a là encore été pensé pour que les gens s’évadent de leur monde quotidien. Ainsi, les cocktails – au nombre de 6 sur la carte – trouvent leur inspiration dans différentes villes de France. On retrouve notamment les saveurs de la Normandie avec une boisson baptisée Honfleur à base de Calvados, ou encore le goût acidulé de la Côte d’Azur dans un breuvage au nom de Saint-Tropez.
Pour pousser son concept un peu plus loin dans le thème de l’évasion, le restaurateur a installé “Jolie” au rez-de-chaussée du Chelsea Funhouse. Le bâtiment abrite en réalité trois ambiances différentes à chaque étage. Ainsi, les curieux qui s’aventurent dans toute la “maison” y trouvent au sous-sol un bar vintage inspiré des années 40 et de la Seconde guerre mondiale et au premier étage, un Martini Bar. Le but étant alors d’offrir la possibilité aux convives de s’évader plusieurs heures dans un même lieu. “Je suis contre la culture des restaurants où l’on vient seulement manger et puis on repart tout de suite après. Londres est plein de ce genre d’endroits, le monde entier d’ailleurs. Si vous venez à Jolie pour le dîner, vous finirez par y rester toute la nuit”, jure Sebastian Lyall.
Et le Britannique sait de quoi il parle. Fondateur de l’entreprise Lollipop, créatrice d’expériences interactives dans les bars et les restaurants, il a imaginé “Jolie”, comme un lieu hybride. “Ce n’est ni un restaurant ni un bar à cocktails mais quelque chose entre les deux.” Pour lui, l’ouverture de son établissement répond à un besoin des Londoniens. “Les restaurants français de la capitale ont la réputation d’être ennuyeux et coincés”, lâche cet amoureux de la France qui veut ainsi profiter de ses rencontres et de ses voyages dans l’Hexagone pour innover et casser cette mauvaise image. Ainsi, tout est pensé pour que la clientèle se sente la bienvenue dans ce qu’il aime à définir comme un “salon”. “Si vous venez manger chez Jolie, vous ne trouverez pas de tables (qu’il a imaginées lui-même, ndlr) où l’on s’assoit les uns en face des autres mais les uns à côté des autres”.