Son nom ne vous dit peut-être rien, pourtant Sébastien Foucan est une star d’une discipline qu’il a créée avec des amis dans la banlieue parisienne : le parkour (ou freerunning en anglais). C’est lui aussi que vous avez aperçu dans deux des clips de Madonna, “Jump” et “Hung Up”. Il a même participé à la tournée, Confession Tour, de la star mondiale. Il est aussi celui que Daniel Graig poursuivait sur le haut d’une grue, quand le Britannique a endossé pour la première fois en 2006 le costume de James Bond pour le film “Casino Royal”. Une scène incroyable, qui reste encore dans toutes les mémoires des fans de l’espion de la reine, tant pour l’adrénaline qu’elle procure mais aussi pour les sauts impressionnants offerts justement par le Français.
Un des fondateurs du Parkour
Mais ce n’est pas pour autant que Sébastien Foucan a la grosse tête. Au contraire, le Français garde bien les pieds sur terre. Essentiel, quand on saute d’immeubles en immeubles. Car c’est ça le parkour : une discipline d’entraînement où les pratiquants se déplacent d’un endroit à un autre dans un environnement urbain complexe, sans assistance d’équipement et de la manière la plus rapide et efficace possible. Après avoir créé ce sport puis de l’avoir propulsé au devant de la scène artistique, Sébastien Foucan a décidé d’initier les plus jeunes à cette pratique. C’est au sein d’écoles londoniennes qu’il propose des sessions de pratique aux jeunes enfants et adolescents. Les cours ont lieu à Chiswick, Hammersmith, Addison Gardens… et à partir du 8 janvier à South Kensington au Lycée Français Charles de Gaulle.
C’est en 2011, qu’il crée à Londres son académie pour enseigner le parkour. “Mais j’aurais mis dix ans à percer”, reconnaît le Français. Arrivé à Londres il y a 10 ans avec sa famille, il souhaitait en s’installant dans la capitale anglaise offrir à ses deux filles la possibilité d’être immergées dans un environnement bilingue et leur “ouvrir le champ des possibles”. Mais le choix de traverser la Manche était aussi pour lui synonyme d’opportunités professionnelles. “Quand on a commencé, avec mes amis, à faire du parkour, je n’avais jamais eu le désir d’en faire une carrière”.
C’est dans l’Essonne que Sébastien Foucan crée, à l’aube de l’an 2000, avec ses copains cette discipline d’un nouveau genre. “Le père de mon ami David Belle était militaire et s’entraînait beaucoup, et cela nous a donné cette dynamique d’entraînement”, confie le Français, qui se dit fan de la première heure d’arts martiaux, mais aussi de figures comme Jackie Chan, Rocky et Bruce Lee. “Quand on est enfant, on aime grimper aux arbres. Nous, on en a juste fait une culture et on n’a jamais arrêté”, sourit Sébastien Foucan.
Madonna, James Bond… : Londres, terre d’opportunités
Plus ils s’entraînent, meilleurs ils deviennent. Et un jour, ils sont repérés et passent dans l’émission Stade 2. Le groupe, monté avec ses amis, s’appelle alors les Yamakasi. Un film réalisé en 2001 portera d’ailleurs leur nom, mais ni Sébastien Foucan et David Belle ne feront partie du casting pour des raisons qui leur appartiennent. Devenu pompier de Paris et agent de sécurité incendie à l’Opéra Garnier, le Français rêve cependant d’enseigner sa discipline. Dans sa poche, les diplômes du BAFA mais aussi d’éducateur sportif. Il rencontre même le ministre des Sports de l’époque, Jean-François Lamour. Il est intéressé mais rien ne se fait. A la grande déception de Sébastien Foucan.
C’est Londres qui lui donnera un vrai coup de projecteur grâce notamment à un documentaire réalisé par Channel 4 en 2003. Il est tout de suite repéré par Madonna puis par les équipes du film de James Bond. Il sera ensuite une des égéries publicitaires de Nike, qui le sponsorise. “Londres m’a donné une plateforme pour mon discours, m’a déverrouillé des barrières, ouvert les yeux et cela m’a permis d’apprendre beaucoup de choses en travaillant avec des personnes aussi professionnelles que Madonna ou celles évoluant dans le cinéma”. Ce qui l’apprend, c’est que même sans diplôme, le champ des possibles reste ouvert à condition de travailler dur. “J’ai aussi appris la confiance en soi et celle qu’on reçoit des autres”.
Une confiance qui lui donne alors l’impulsion de créer son académie en 2011, la Foucan Freerunning Academy. Il débute avec un premier client du côté de Putney. Puis petit à petit, il s’étend vers Chiswick où il dispense des cours dans une école. Vient ensuite Hammersmith où il s’établit à la West London Free School et Addison School, et maintenant à South Kensington le samedi matin à partir du 8 janvier 2022 pour les enfants âgés de 7 à 14 ans. “C’est grâce à deux mamans que j’ai pu proposer ces cours au Lycée Charles de Gaulle“.
Apprendre à tomber pour mieux se relever
Pendant les sessions, qui se déroulent en intérieur et qui sont ouvertes aux 4-18 ans (il y aussi des cours pour les adultes, mais seulement dans certains lieux) et composées par groupes d’âge, Sébastien Foucan et ses 8 coachs diplômés se donnent pour mission de leur apprendre à “tomber et se relever, mieux lire l’environnement, à travailler leur coordination, leur motricité, leur plasticité, comprendre le rapport à l’adversité”. “Les introvertis deviennent un peu plus extravertis et inversement”, complète le Français.
Et aux parents qui s’inquiéteraient pour leur enfant, Sébastien Foucan se veut rassurant. “Certains ont peur que leur enfant se blesse en tombant, mais oui, ils vont tomber, comme quand on apprend à faire du vélo. Mais les équipements sont softs et c’est très ‘safe’. Les enfants évoluent dans un monde qui oscille entre Spiderman et Indiana Jones. Cela permet de se lâcher, mais tout en contrôlant leurs gestes et prenant confiance en eux”.
L’académie compte aujourd’hui 230 élèves, confie Sébastien Foucan, fier de son parcours à Londres. “J’ai tout construit de zéro. J’ai appris le métier d’entrepreneur, j’ai fait la comptabilité, j’ai géré l’administratif… C’est une belle expérience”. Et il ne compte pas en rester là, il a une vision encore plus grande de ce qu’il aimerait faire, à commencer par l’ouverture d’un centre. “Je veux continuer à aller vers les autres, mais aussi permettre aux autres de venir vers moi”.
Foucan Freerunning Academy : site internet et Instagram