Entre les conséquences du Brexit et de la pandémie de Covid-19, les expatrié.e.s français.es du Royaume-Uni se posent de nombreuses questions. Le consul général de France à Londres, Guillaume Bazard, fait le point.
Près de 200.000 demandes pour le pre-settled et settled status…
A fin janvier 2021, le Home Office a reçu environ 200.000 demandes de Français pour obtenir leur pre-settled ou settled status, notamment avec un pic en novembre et décembre, juste avant la fin de la période de transition. “En décembre, 100.000 demandes concernaient le settled status et 70.000 le pre-settled status”, détaille Guillaume Bazard.
Soit 170.000 traitées sur les 200.000 évoquées. “2.000 demandes ont été retirées pour cause de non éligibilité, soit parce que les personnes avaient la bi-nationalité ou parce qu’elles ont elles-mêmes stoppées leur requête”, avance le consul général de France à Londres. Ajoutant par ailleurs que “moins de 500 demandes se sont vues être refusées”. En cause, un casier judiciaire ou des documents manquants et jamais envoyés auprès des autorités britanniques.
… mais il reste encore des inquiétudes
“Nous allons porter notre attention sur plusieurs points pendant ce premier semestre 2021”, assure Guillaume Bazard. Car la fin des demandes pour ces statuts spéciaux arrive à échéance le 30 juin prochain. Le consulat s’intéressera tout d’abord aux requêtes tardives. “On attend les lignes directrices du gouvernement britannique pour voir quel sera le degré de flexibilité”, avance le consul.
Ensuite, l’attention sera portée sur l’absence des titres de séjours valides (carte d’identité, passeport) pour faire la demande de pre-settled ou de settled status. En effet, l’activité consulaire étant au ralenti à cause de la pandémie, les personnes devront faire leur demande via une “procédure papier”. “Il faut qu’elles s’adressent au Resolution Center du Home Office”, complète Guillaume Bazard qui ajoute : “on a déjà commencé à délivrer des attestations prouvant la non possibilité des démarches”.
Autre inquiétude, celle des plus de 65 ans, qui représentent encore aujourd’hui un pourcentage faible dans les demandes de pre-settled ou de settled status. “Avec le reste des Etats membres de l’Union européenne, nous allons axer notre communication sur cette catégorie de personnes”. Quant aux enfants placés, ce sont aux municipalités d’engager les démarches.
Au-pairs et stagiaires, les grands oubliés des accords de mobilité post-Brexit
“Certaines catégories de personnes n’ont pas été prises en compte”, confirme le consul général de France à Londres. Les au-pairs en font partie. “Aujourd’hui, il n’est pas possible pour une ou un au pair de venir travailler au Royaume-Uni”. Une Française se serait d’ailleurs vue refuser l’accès au sol britannique en janvier dernier, n’ayant pas de document spécifique lui permettant de prouver une autorisation à travailler. Seule possibilité pour les familles qui voudraient faire appel à de tels services : employer les au-pairs en tant que salarié sous un visa “skilled worker”, mais cela impliquerait des gros frais.
De même pour les stagiaires français souhaitant venir à Londres, aucun visa n’existe aujourd’hui pour eux.
Un nouveau frein pour rentrer en France
Des deux côtés de la Manche, des dispositifs ont été mis en place depuis décembre : tests PCR obligatoires, dizaine ou septaine d’isolement… Mais une nouvelle mesure s’est ajoutée lundi 8 mars. En effet, le gouvernement britannique impose dorénavant l’obligation, comme en France, de présenter un motif valable (pour des raisons professionnelles ou familiales) pour quitter le territoire.
Des aides de secours versées à des Français du Royaume-Uni
Le consulat a mis en place un dispositif de secours occasionnel pour aider les familles qui auraient à faire face à une perte de revenus due à la pandémie de Covid 19. “Depuis le début de 2021, on compte 220 bénéficiaires”, détaille Guillaume Bazard. Ces aides sont distribuées après analyses de critères bien spécifiques.
Le maintien des activités consulaires
Une soixantaine de rendez-vous pour le recueil de demandes ou renouvellement de documents (carte d’identité, passeport…) et une cinquantaine pour les remises de documents (sans compter les envois directs au domicile), c’est l’activité quotidienne à laquelle font face les services consulaires. “Le consulat est resté ouvert et s’est adapté à la situation”, assure Guillaume Bazard, “on a mis en place un système de rotations des équipes et on a limité le nombre d’usagers accueillis”.
Les services espèrent bientôt reprendre une activité normale, mais cela dépendra des allégements du confinement décidés par le gouvernement britannique. “On reprendra aussi, dès que possible, les tournées consulaires”.
Les Français du Royaume-Uni appelés au vote
Tous les 6 ans, les Français de l’étranger votent pour élire leurs conseillers consulaires (rebaptisés depuis conseillers des Français de l’étranger), censés les représenter auprès du consulat et de l’ambassade. A cause de la pandémie, elles ont été décalées de mai 2020 à mai 2021. Seules les personnes inscrites au registre des Français établis hors de France peuvent participer à ce scrutin. “Les inscriptions pour voter sont ouvertes jusqu’au 23 avril”, précise Guillaume Bazard.
A Londres, le nombre d’électeurs est estimé aujourd’hui à près de 106.000. Dans le contexte de Covid 19, le vote électronique, confirmé par l’Etat français, prend d’autant plus de sens. “Mais pour cela, il faut une adresse mail et un numéro de téléphone valides”, insiste Guillaume Bazard. Si le scrutin en présentiel se déroulera le 30 mai, avec une dizaine de bureaux de vote pour Londres, le vote électronique aura lieu du 21 mai midi au 26 mai midi.
Côté candidats, la date limite du dépôt des listes électorales est fixée à fin mars.