Ta’Turu Store, c’est le nom de leur crêperie qui a ouvert ses portes il y a tout juste un mois du côté d’Edgware Road. “Ta’Turu signifie Arthur en maltais”, précise Arthur Babayan, l’un des co-fondateurs. Il s’est associé avec son conjoint, Giudas Fabri, pour concrétiser son rêve de toujours. “Et on voulait faire de ce lieu le mélange de nos cultures, la mienne qui mêle la France et l’Arménie, et celle de mon compagnon, qui est maltais”.
Cette entreprise, c’est aussi leur “bébé coronavirus”, sourit Arthur Babayan. En effet, le projet est né pendant les deux confinements. Le Français raconte en effet que la pandémie l’a poussé à se remettre en question. “J’avais commencé à travailler pour la maison Céline à Selfridges en juin 2019, puis la Covid est arrivée. Travailler à distance quand on évolue dans la mode, ce n’est pas évident, car le contact humain est essentiel”, explique-t-il. Pour contrebalancer la situation, Arthur Babayan passe alors du temps derrière les fourneaux. “J’ai toujours aimé cuisiner”, confesse-t-il. Il aurait même rêvé d’en faire son métier, mais il avait fait le choix de se diriger vers des études de droit franco-russe, ce qui l’amènera à travailler pour le consulat français à Moscou avant de changer de carrière et devenir responsable des clients VIP chez Louboutin à son retour à Paris. “Mais je crois que l’envie de me lancer dans la restauration ne m’avait jamais vraiment quitté”.
Alors qu’il redécouvre les joies de la cuisine, il décide d’en faire profiter ses voisins, ravis de goûter aux talents culinaires d’Arthur Babayan. Ce sont d’ailleurs eux qui vont souffler au Français l’idée de se lancer dans l’aventure. “On avait discuté un jour, après être retourné au travail, et je leur avais expliqué que je ne me sentais plus heureux. C’est là qu’ils m’ont dit que c’était peut-être le moment de faire ce que j’aimais le plus”.
Mais avec quel budget ? Et où ? Avec l’aide de ses voisins justement – l’épouse étant juriste et l’époux business developper -, Arthur Babayan et son conjoint, qui le soutient dès le départ dans cette aventure entrepreneuriale, commencent à construire leur projet : Ta’Turu Store sera donc une crêperie. Ils trouvent le local dans le quartier d’Edgware Road. Une petite boutique qu’ils remettent à neuf du sol au plafond. “On a tout refait, mon compagnon, qui travaille pour un grand architecte d’intérieur, a tout imaginé”. Et parce que le couple voulait donner un côté unique à leur crêperie, la décoration a été étudiée avec soin. Les matériaux utilisés viennent de Venise ou de Turquie. “Un ami a aussi dessiné les tables, qu’on a voulu en puzzle pour les coller les unes aux autres quand on reçoit un groupe”.
Au sous-sol, où se trouve son laboratoire, sa “happy place”, Arthur Babayan imagine et réalise ses recettes. “Je fais tout moi-même, il n’y a pas de micro-ondes ici”, lâche-t-il. Il a souhaité conserver les grands classiques, tout en s’adaptant aux goûts des locaux, comme avec sa galette Ta’Bella au bacon, œufs et sirop d’érable, “une recette qui connaît un grand succès”. “Je me suis aussi inspiré de la Grèce pour la Ta’Panos, où il y a de la feta, des câpres, de la roquette, des olives noires…”. Mais il a aussi souhaité proposer des galettes dites “signature” avec des produits plus nobles, comme du caviar ou du foie gras. “L’origine des produits est très importante pour moi, car je veux offrir le meilleur au client tout en faisant travailler les commerçants locaux”. Le foie gras vient du sud-ouest français, le caviar de Sibérie est acheté dans une boutique sur York Street, les œufs proviennent de chez une Anglaise qui élève des poules près de Londres, le jambon est fourni par une des meilleures boucheries de Marylebone…
Outre les crêpes et galettes, Arthur Babayan propose à la carte des viennoiseries, comme des croissants aux amandes, des choux à la crème ou de la brioche. “Je fais tout moi-même”, précise-t-il, “même la crème chantilly parfumée à la fleur d’oranger”. Et ça plaît. Ta’Turu Store a ouvert il y a un mois et connaît déjà le succès. “On a eu beaucoup de blogueurs japonais qui sont passés et ont posté sur Instagram”, se réjouit le Français. Le bouche-à-oreille a aussi bien fonctionné du côté de la communauté française. “Parfois je dois même refuser du monde”, se réjouit -il avant d’ajouter, “j’en ai les les larmes aux yeux, car cela me touche que les gens aiment ce que je fais”.