Leur premier livre, Ecosse, avoine, haggis et cranachan publié en 2022, a été un tel succès que leur maison d’édition, La Martinière, leur a commandé un second ouvrage, cette fois-ci consacré à la cuisine… anglaise. Car oui, loin des clichés, l’Angleterre peut elle aussi se vanter de posséder une belle gastronomie. C’est d’ailleurs que les autrices, Sarah Lachhab et Aurélie Bellacicco, se sont attachées à montrer au fil des pages, composées évidemment de recettes mais aussi d’histoires sur la cuisine anglaise pour mieux la comprendre.
“On ne s’attendait pas à un tel engouement autour de notre premier livre”, lance Aurélie Bellacicco, “en tout cas pas sur la durée”. En effet, deux ans après la publication, des lecteurs continuent de les remercier en leur envoyant des photos réussies de leurs plats. “On est à chaque fois très touchées quand on voit que notre livre est utilisé et lu”, ajoute de son côté Sarah Lachhab. Les deux Françaises, la première installée à à Leamington Spa, la seconde à Edimbourg, ont travaillé pendant un an à ce projet de ce nouveau livre de recettes, paru vendredi 1er mars. Baptisé Tea, Piccalilly, Pasty a été conçu sur le même modèle que leur premier consacré à l’Ecosse.
Elles espèrent que l’enthousiasme sera le même, même si elles savent que le public est différent. Si l’Ecosse et la France entretiennent des liens profonds d’amitié, pour l’Angleterre, le sujet est plus compliqué. Entre les idées reçues, les moqueries et les tensions historiques, les relations entre les deux pays sont parfois loin d’être aussi cordiales. C’est justement sur les clichés entretenus de l’autre côté de la Manche que les deux amies ont souhaité s’appuyer pour mieux les démonter. Souvent considérée “fade et datée”, elles révèlent que la cuisine anglaise est plutôt “inventive, saine et connectée à la terre”.
C’est d’ailleurs ce qu’a constaté Aurélie Bellacicco quand elle a commencé à faire quelques recherches sur la gastronomie anglaise. “Je me suis sentie très vite submergée, car la cuisine anglaise est bien plus vaste que je ne pensais”, confie la photographe. Il lui aura fallu beaucoup de temps pour faire une sélection parmi toutes les recettes possibles. “Le travail a été beaucoup plus long que pour le livre sur l’Ecosse. Choisir est difficile, c’est comme si on nous demandait de résumer la gastronomie française”, reconnaît Aurélie Bellacicco. La sélection a été modifiée à plusieurs reprises “jusqu’à la dernière minute” et au final ce sont 60 recettes qui ont été retenues. Toutes testées par la Française. “Au total, j’en ai réalisé une bonne centaine”, détaille-t-elle.
English muffins, Derbyshire oatcakes, full English breakfast, light coronation chicken, Cornish pasties (chaussons à la viande), Piccalilli sandwich, potted salmon, Amber Jamaican’s Patties (chaussons jamaïcains épicés), chutneys, strawberry curd, Pimm’s jam, marmelade, Oxtail soup (soupe de queue de bœuf), Lancashire hotpot (gratin dauphinois à l’agneau), Fish and Chips, Tikka masala vegetables (curry de légumes), sticky toffee pudding, trifle, crumble, Victoria sponge cake, jam poly-roly, teacakes… Il y a de quoi faire et surtout découvrir de la cuisine anglaise. Les deux auteures ont essayé de présenter une cuisine diverse, mais surtout régionale, même si cela n’a pas été simple. “Chaque région a un usage commun des produits disponibles, mais chacune d’entre elles aime accoler son nom à la recette, qui est au fond la même”.
Sarah Lachhab, qui a géré la partie plus historique et informative du livre, a constaté que la force des régions en Angleterre était aussi importante qu’en France. “Les deux pays ont eu beaucoup d’influence l’un sur l’autre et partagent aussi beaucoup de similitudes”. A un détail près : l’Angleterre revendique clairement son héritage culinaire de ses anciennes colonies. D’ailleurs dans le livre, certaines recettes sont le reflet de ce multiculturalisme né de l’époque post-coloniale, comme le riz au curry.
Comme pour l’ouvrage sur la gastronomie écossaise, Sarah Lachhab a souhaité glisser de nombreuses informations pratiques et historiques pour une compréhension plus globale. Entre le descriptif des régions anglaises, les histoires du gin, de la bière ou encore du thé, les informations sur l’élevage animal anglais, les différents fromages à goûter, les idées de produits à ramener d’Angleterre, se glissent dans le livre les interviews d’Oliver Woodhead, propriétaire du restaurant parisien L’Entente ou encore de Neil Buttery, historien de l’alimentation, ancien restaurateur et auteur du podcast The British Food History, ainsi que celle de Guy Lawrence, maître cidrier.
Un ouvrage complet parce que “très personnel”, estime Aurélie Bellacicco. “On y a mis notre âme”, assure la co-autrice et photographe, qui a même utilisé ses propres clichés de vacances pour illustrer le livre.