“Je cherchais à faire des vêtements de maison jolis et confortables, parce qu’en général c’est soit du satin et des dentelles et on devient là pour certains une femme objet, soit on porte un pyjama des années 20 et on fait mamie”, plaisante Laetitia Sfez. La Française a donc décidé de lancer sa propre marque de vêtements d’intérieur, et tout ça sur ses fonds personnels. La première production de The Sundown Society est née à la fin de l’été 2018, la seconde à l’automne dernier avant le la mise en ligne de la boutique en ligne quelques semaines plus tard. Cependant, la jeune femme a dû mettre ses projets en stand-by, le temps que son premier enfant aille à la crèche. Mais depuis mars, la machine est enfin lancée.
Laetitia Sfez espère bien réussir à faire grandir The Sundown Society car elle a tout lâché pour monter ce projet. “L’univers de la maison m’a toujours intéressée et j’avais envie de faire quelque chose dans le durable”, confie la Française, installée à Londres depuis près de 9 ans. Elle était venue dans la capitale anglaise pour suivre des études de design de produits à la prestigieuse Central Saint Martins. “Quand je suis arrivée ici, j’ai tout suite pensé que c’était une vraie richesse d’y vivre”, lance-t-elle, “c’est une ville très agréable, où on se sent libre, même si la vie est plus chère qu’à Paris”. Après son école, elle reste donc et elle travaille pendant trois ans pour le designer britannique Sebastian Conran pour qui elle crée des objets pour la maison et la cuisine.
En congé maternité à l’été 2017, la créatrice est souvent à la maison. C’est de là que lui vient l’idée de The Sundown Society. “Quand on est chez soi, on a envie de se sentir confortable mais aussi jolie”, assure Laetitia Sfez qui décide alors de démissionner pour se lancer dans son projet corps et âme, confessant qu’elle avait de toute façon “envie d’autre chose”, l’arrivée de son premier enfant l’ayant beaucoup fait réfléchir. “Je crois que la maternité change souvent la donne. Me concernant, je me suis vraiment remise en question”.
Mais alors comment fait-on quand on n’y connaît rien au monde du textile ? “J’ai appelé des gens autour de moi pour comprendre un peu mieux les codes, les ‘process’. J’ai écumé les salons et les foires pour trouver des réponses à mes questions mais aussi des fournisseurs”, explique la jeune femme. Elle questionne aussi une cinquantaine de femmes pour connaître leurs habitudes à la maison. “J’ai choisi un échantillon assez large, comprenant des femmes actives ou au foyer, des jeunes et des moins jeunes… C’était essentiel pour moi de placer l’utilisateur au centre de mon projet afin de nourrir ma réflexion”, détaille-t-elle.
Laetitia Sfez s’entoure aussi d’une étudiante en stylisme, qui lui donne alors des pistes. Elle trouve un fournisseur et son usine de fabrication à Londres. “Je voulais que la production se fasse localement”, précise la Française, et le Brexit n’a rien à voir dans ce choix. C’est plutôt la dimension éthique et environnementale qui en est la principale raison. “Tout comme on mange de plus en plus localement et de manière saisonnière, il est aussi important de fabriquer au plus près. Quel intérêt de faire des vêtements en Inde ou au Bangladesh et de les acheminer ensuite jusqu’ici ?”, interroge-t-elle. Mais plus encore, choisir une usine près de chez elle lui permettait aussi de veiller sur la production. “Surtout que je n’avais aucune compétence dans la monde, donc pouvoir aller sur place pour contrôler que tout se passe bien, c’était un soulagement”.
Avant de se lancer officiellement, elle a aussi fait tester en situation réelle ses prototypes, qu’elle réalise avec l’aide du “pattern cutter” (personne qui coupe les patrons, ndlr) de son usine. “Grâce aux retours de mes ‘testeuses’ sur le produit, je peux l’améliorer ou lui apporter de nouvelles retouches”, assure Laetitia Sfez, qui ne fait produire qu’en petites quantités. “Cela me permet de m’amuser davantage sur les motifs, d’essayer des couleurs différentes”, précise-t-elle. Depuis le lancement, The Sundown Society connaît déjà le succès avec une gamme comprenant deux shorts, deux t-shirts et un pull, mais la Française ne compte pas s’arrêter là. “J’ai déjà élaboré d’autres prototypes, notamment un pantalon et un autre pull. J’ai vraiment envie d’étendre ma collection”.