Thomas Ménard est un passionné. Les yeux rieurs et l’émerveillement communicatif, ce Dijonnais a deux amours dans sa vie : Londres et la culture. Arrivé dans la capitale anglaise en 2014, il a travaillé à l’Abbaye de Westminster dont il est devenu le premier marshall français trois ans plus tard. Puis, après un bref épisode en France, ses pas l’ont ramené dans sa véritable “maison” il y a quelques mois, pour y “créer son propre travail”.
Incollable sur la cité de Londres et sur la famille royale, l’historien de formation est surtout un as de la langue française. Sa frustration de ne pas pouvoir en dire autant de l’anglais lui a alors donné envie de promouvoir la francophonie. D’après lui, il veut même répondre à un “manque” dans le paysage culturel de la ville visitée par 3,6 millions de Français en 2019. En effet, Thomas Ménard a constaté après une étude auprès de 50 musées londoniens que les offres culturelles dans la langue de Molière étaient quasiment inexistantes.
Ainsi, l’historien souhaite rectifier le tir en créant la fondation culturelle francophone de Londres (FCFL). Selon lui, c’est une initiative inédite, le but n’étant pas d’entrer en concurrence avec l’Institut Français par exemple. “C’est un projet francophone et non pas français”, nuance t-il.
Thomas Ménard s’est donc lancé un pari. Convaincre les musées londoniens que son offre est un véritable “manque à gagner” pour eux. Ses propositions sont d’ailleurs avantageuses puisqu’il s’agit de leur fournir un service complètement gratuit. En effet, la mission première de sa fondation sera d’organiser des visites guidées publiques en français. “Je veux donner accès à la culture locale et aider les musées londoniens à attirer plus de visiteurs”, explique t-il.
De ce fait, il a déjà cerné trois types de public dans les 11 millions de francophones au Royaume-Uni. Il compte d’abord sur les familles d’expatriés françaises, vivant pour beaucoup d’entre elles à Kensington et Chelsea. “Ce sera sans doute une audience assez élitiste qu’il faudra satisfaire par des visites plus pointues, sur des thématiques précises”, confie Thomas Ménard, qui a pensé à tout. Mais son ambition reste quand même de rendre la culture accessible à tous. Ainsi, sa fondation proposera avant tout des visites “grand public” destinées aux Britanniques francophones et aux étudiants.
De plus, l’historien est convaincu que son projet s’adapte aussi au contexte sanitaire actuel où le tourisme international a été mis sur pause. “Les Anglais ne peuvent plus compter sur les millions d’Américains pour remplir leurs musées”, affirme t-il. Selon lui, il faut donc miser sur des pays plus proches comme la France. “La culture reste très importante en temps de crise”, insiste t-il.
Dès lors, pour financer ce projet d’ampleur, le Français compte sur le mécénat, une “pratique bien ancrée dans les mœurs anglaises”. Il est d’ailleurs prêt à tout pour convaincre. En effet, il a contacté des personnalités francophones comme Olivier Giroud et Mika, tous les deux installés à Londres. Et en attendant leur éventuelle réponse, le Français récolte des soutiens formels pour donner plus de crédibilité à sa fondation. Ainsi, il est en contact avec les ambassades de la France, du Québec et de la Suisse. Et il peut déjà compter sur l’appui du député Alexandre Holroyd de la 3ème circonscription des Français établis hors de France.
Enfin, avant que la première visite guidée puisse avoir lieu, Thomas Ménard n’attend pas pour partager son savoir historique sur la capitale qu’il aime tant. Il écrit donc chaque jour sur son site une “balade” londonienne dont il révèle quelques secrets.