“Je trouve que le concept d’aller au bureau est quelque chose d’un peu dépassé,” avoue Yacine Bakouche, co-gérant de l’entreprise de tourisme Best of Tours basée à Londres depuis 2015. C’est pourquoi le Français a décidé de lancer une initiative d’un tout nouveau genre : le “teletravel”. Ce concept permettra ainsi d’utiliser la mobilité que peut offrir le télétravail pour voyager à l’étranger. 
C’est de sa propre expérience d’immersion dans la capitale londonienne où il est installé depuis 20 ans que le Français s’est forgé une véritable vision du tourisme qu’il souhaite aujourd’hui développer avec son nouveau projet. En effet, Yacine Bakouche accorde une importance particulière à la durée du séjour qui, selon lui, doit se faire sur un temps long pour acquérir l’expertise de la destination choisie. C’est ainsi qu’il affirme aujourd’hui “se sentir Londonien”. Ce sont également de multiples voyages, comme le Mexique où il a séjourné pendant un an, qui le font réfléchir à une manière de s’immerger dans la culture d’un pays qui soit compatible avec une vie professionnelle. 

Combiner travail et voyage, comment ça marche ?

Son idée est donc de télé-travailler depuis l’étranger pendant une durée de 6 à 12 semaines. “Le but est d’offrir une expérience immersive sans être obligé de prendre 3 mois de vacances”, explique l’initiateur du projet. L’entreprise Best of Tours fournit alors tous les outils nécessaires pour combiner enjeux professionnels et découverte, en mettant à disposition un logement équipé d’une connexion internet. 
Yacine Bakouche surfe ainsi sur la vague du travail à distance dont il considère le développement comme une sérieuse perspective d’avenir. Dans son entreprise, l’équipe de Best of Tours est d’ailleurs entièrement en télétravail depuis le confinement de mars dernier et ne compte pas reprendre des bureaux à Londres, ni même ailleurs. “Nous sommes à l’initiative d’un projet autour de ce concept donc on s’est dit qu’il fallait appliquer ce mode de fonctionnement à nous-mêmes, et ça fonctionne d’ailleurs très bien”, assure-t-il. 
Au-delà de ses convictions sur ce nouveau mode de travail, Yacine Bakouche a souhaité aussi proposer des solutions pour répondre aux nouvelles problématiques du tourisme que sont l’impact environnemental mais aussi sociétal de sa pratique actuelle. Ainsi, faire du teletravel consiste à partir en basse saison sur une longue période pour réduire son empreinte carbone. C’est aussi apprendre une nouvelle langue, une nouvelle culture, rencontrer des gens grâce à un accueil par des locaux et des cours de langue ou de cuisine,  formules proposées par Best of Tours. 

“Les cadres français sont complexés par leur niveau d’anglais”

Le Royaume-Uni est d’ailleurs la première destination où ce concept de “teletravel” devrait être concrètement possible à partir du mois de décembre 2020. Une expérience qui devrait notamment intéresser les cadres français selon Yacine Bakouche car “60 à 70% d’entre eux sont complexés par leur niveau d’anglais”. D’après lui, c’est également un moyen pour les entreprises “d’attirer les talents en leur proposant un certain niveau de bien-être au travail.” En effet, les patrons pourront, s’ils le souhaitent, financer un tel projet pour leurs employés, même si les travailleurs indépendants sont aussi une cible pour Best of Tours. 
Le développement des destinations au Royaume-Uni est tout de même soumis à certaines incertitudes à cause du Brexit. “C’est difficile d’obtenir les bonnes informations aujourd’hui mais ce serait se tirer une balle dans le pied que de compliquer la vie des touristes venant au Royaume-Uni. Je serais très étonné qu’il n’y ait pas d’accords les concernant”, affirme Yacine Bakouche avec optimisme.