Il n’est pas tombé dans la marmite petit, mais c’est tout comme. Après un riche parcours dans l’industrie des spiritueux, Yves Cosentino lance à Londres sa propre marque d’alcool, baptisée Algebra.
Moët-Hennessy, Diageo, Pernod-Ricard, Absolut… Pendant près de 20 ans, Yves Cosentino sévit chez la crème de la crème. En 2014, fermeture du bureau londonien d’Absolut : il se jette à l’eau. Son idée ? “Une fabrique de cocktails haut de gamme à la pression, avec l’envie de créer quelque chose de tangible et de beau”. Le produit est séduisant et le Français, également consultant auprès des bartenders, connaît parfaitement le milieu. Face aux défis administratifs, techniques et commerciaux, il ne se démonte pas.
“Une phrase qu’on m’a beaucoup répétée, c’est qu’un projet d’entreprise, c’est 2 fois le temps et 3 fois le budget qu’on envisage d’y consacrer au départ. Si on le savait, on ne se lancerait certainement pas”. Passe d’arme pour obtenir les autorisations nécessaires, fondation d’un petit laboratoire parisien avec un associé, Yves Cosentino mène de front et en quasi solitaire “l’administratif, le développement technique, les systèmes de tirage, le financement et une campagne de crowdfunding couronnée de succès”.
2016, nouveau départ : il remonte son labo à Londres et trouve un nouvel associé. Trois cocktails moussent bientôt sur le zinc. Avec l’un d’entre eux, l’Espresso Martini, il tient “les bases d’une très belle liqueur de café. Avec l’avantage significatif d’un produit en bouteille, prêt à la consommation et commercialisable via des canaux de distribution classiques. Au départ, l’idée était juste de vendre “rapidement” ce produit et générer des recettes à réinvestir dans l’activité de cocktails pression. Puis c’est devenu mon objectif principal”.
Là encore, essais, dégustations et doutes jusqu’à “la recette qui marche”. Place à la liqueur de café Algebra Extra Dry, haute teneur en café et faible taux de sucre, “une vraie liqueur de dégustation, intense et délicieuse” et aussi une base de cocktails “radicalement différente des liqueurs traditionnelles”.
Le café est torréfié dans le Staffordshire au nord de l’Angleterre puis transformé en extrait dans le laboratoire londonien d’Algebra. Il faut passer à la phase d’industrialisation et dégoter le bon partenaire de production. Un premier site est trouvé mais l’expérience se solde par un échec. Yves Cosentino fixe alors son choix sur une distillerie du sud-ouest de Londres. Fin juin 2020, le premier lot est mis en bouteille.
Pour contenir l’ivresse, quel flacon ? Ce sera un contenant en verre brun, pour “son esthétique fonctionnelle et industrielle ”, une couleur foncée qui, comme pour le vin, protège le liquide de la dégradation par les UV, “une manière de dire que ce qui est à l’intérieur est précieux”. L’entrepreneur dessine lui-même le logo d’Algebra dont le nom représente « la simplicité et la beauté, deux valeurs clés pour la marque. Algebra évoque aussi la précision aromatique que je recherche dans mes produits. Enfin, je n’ai jamais autant fait d’algèbre que depuis la formulation de mes recettes ! »
Le lancement des marques d’alcool premium suit habituellement un plan bien rodé : “construction de la marque auprès d’une clientèle triée sur le volet et hyper spécialisée de cafés, hôtels et restaurants”, avant de s’attaquer au marché des particuliers. Le modèle étant complètement bouleversé par la pandémie, Yves Cosentino doit toucher directement le consommateur final. Tout en se consacrant au lancement d’un site e-commerce devenu indispensable, il s’attelle à une version décaféinée d’Algebra Extra Dry, pour “partager avec le plus grand nombre l’expérience de dégustation du café”.