Par amour de la nature, certains sont prêts à mettre le prix. C’est le cas de 52 francophones, Français et Suisses, qui ont décidé de se regrouper et de racheter une île dans les Maldives pour la sauver du tourisme de masse. Parmi ces investisseurs d’un nouveau genre, Laura Da Silva, chef d’entreprise française établie à Londres depuis 10 ans.
Quand son ami Christian Kalb lui a proposé de racheter une île aux Maldives, Laura Da Silva a dit oui tout de suite. Pourtant, elle n’avait jusque-là jamais mis les pied sur Rihiveli The Dream. Mais alors pourquoi investir sur ce bout de paradis ? Parce qu’elle était convaincue, comme son ami, qu’il était vital de sauvegarder cet atoll du tourisme de masse.
La Française installée à Londres s’est toujours sentie “très concernée” par la question environnementale. La preuve, elle est à la tête d’une entreprise qui aide et accompagne les compagnies “à grandir et à gagner de l’argent tout en ayant un impact positif à la fois pour la société et la planète”. Laura Da Silva a donc rejoint le collectif d’investisseurs, baptisé “Save The Dream” et composé de 52 Français et Suisses, de tous âges et de toute profession. Ensemble, et chacun à sa hauteur, ils ont réussi à réunir 2 millions de dollars au printemps dernier pour racheter Rihiveli avec un seul objectif : continuer à la préserver son état naturel “avant que d’autres ne mettent la main dessus”.
“On s’est tous connus différemment”, raconte la Française, “et on a tous été sensibles à la volonté de Christian de protéger cette île, qu’il connaît depuis près de 15 ans. Il nous a raconté comment il en était tombé amoureux”. Laura Da Silva a compris le jour où elle a découvert le banc de 150 dauphins, qui vit non loin de Rihiveli, considérée comme un des atolls les plus beaux des Maldives. “Ils nagent au plus près des rives et c’est incroyable à voir”.
Le pari de racheter cet atoll n’était pourtant pas gagner. Car en face du groupe, un géant de l’hôtellerie avait fait une offre à 50 millions de dollars. La famille maldivienne, propriétaire de l’île, aurait donc pu préférer l’argent à la préservation écologique. “Quand on a présenté notre projet, on leur a proposé une “joint venture” pour gérer les lieux. Je crois qu’elle a été séduite par notre volonté de protéger l’île et de respecter les employés qui y travaillent. On leur a expliqué notre envie entre autres de régénérer la barrière de corail, de sauvegarder l’habitat des dauphins, de limiter le nombre de bateaux, d’en finir avec les bouteilles en plastique, de ne plus utiliser de climatisation”, détaille Laura Da Silva.
La licence d’exploitation court jusqu’en 2042. “Sur l’île, il existe 48 bungalows et nous n’avons pas prévu d’en créer d’autres. Pour nous comme pour la famille propriétaire finalement ce qui compte c’est le projet. On croit vraiment qu’on entre dans une phase du monde où si on continue sur les mêmes modèles, à savoir avoir une vision à court terme et uniquement pécuniaire, on n’ira nulle part. Notre objectif principal, ce n’est pas un retour sur un investissement immédiat qui nous rendrait riches, mais de protéger l’île du tourisme intensif, en mettant en pratique notre philosophie “no news, no shoes”. On veut faire en sorte que l’expérience des visiteurs sur place leur fasse aussi ouvrir les yeux et les sensibiliser sur cette question de la préservation”, conclut Laura Da Silva.