“Je vends du thé, avant je faisais des costumes. Cela peut paraître incongru, mais lorsqu’on l’explique, c’est assez logique.” Lorraine établie à Dorking, dans le Surrey, Virginie Holden est venue il y a près de 20 ans en Angleterre étudier la conception de costumes. Elle travaille d’abord pour le cinéma et le théâtre, entre autres. Avant de s’arrêter. Puis de lancer, fin 2018, Totem Tea, magasin en ligne – la Française vend aussi ses produits au marché – spécialisé dans les thés “bio, éthiques et de qualité”.
Diplômée de la Wimbledon School of Art (*), à Londres, Virginie Holden s’établit sur le long terme en Angleterre et consacre donc les 7 premières années de sa vie professionnelle au design de costumes pour le cinéma, le théâtre, le ballet, la publicité… Ce qui est bien sûr très intéressant. “Notamment dans le théâtre, il y a un aspect magique dans la ‘physicalité’ de la scène. Et puis voir un design conçu sur du papier prendre vie et habiller un acteur, un danseur est très satisfaisant.”
Mais le métier finit par la fatiguer – périodes de travail intenses, rythme décousu, déplacements, parfois à l’étranger… – et est surtout incompatible avec une vie de famille. La jeune femme s’arrête à 31 ans, à la naissance de son premier enfant. Décidant de se reconvertir, une fois ses deux filles scolarisées, elle se lance dans l’aventure Totem Tea. Une première vente de thés réussie sur un marché de Noël, fin 2018, la convainc de continuer.
Cette idée autour du thé lui trottait dans la tête depuis un moment. Elle-même amatrice d’infusions, Virginie Holden s’était étonnée, durant ses études, de la réaction de ses colocs britanniques lorsqu’elle revenait de France avec de nombreux thés et tisanes. “Beaucoup d’Anglais ne consomment qu’un type de thé, qui n’est pas forcément de qualité. Et donc de voir qu’il pouvait y avoir du thé noir, vert, des tisanes avec des goûts fruités, floraux, cela épatait mes amis.”
C’est donc un peu l’esprit de ces “magasins de thé à la française”, très diversifiés, que l’on retrouve à travers Totem Tea. Avec, au menu, mélanges gourmands (alléchant “Dorking cockerel (**) belgian cream caramel”, savoureux thé noir d’Assam aux bouts de caramel (sans lait, vegan), appétissant “Cinnamon squirrel” au rooibos, à la pomme et à la cannelle) et bienfaisants (tisanes à la valériane et à la camomille pour dormir, au chanvre pour la relaxation, “rééquilibrage ayurvédique” à la menthe et à la rose…).
Le tout, bien sûr, avec une exigence de qualité… Et surtout une grande dimension éthique. Virginie Holden tenait à proposer des produits aux valeurs “environnementales et humaines”. Les thés et tisanes qu’elle sélectionne pour sa boutique sont bio et respectent la logique du commerce équitable. Les emballages sont recyclables ou biodégradables et sans plastique. “Le paquet transparent est un dérivé de la pulpe de bois.”
Un cahier des charges exigeant – “c’est sûr que cela laisse moins d’options qu’à d’autres vendeurs de thé” – mais qui correspond à la Française. Laquelle continue d’exercer avec joie son inventivité à travers la conception de l’image de la marque. Elle est à l’origine des charmants petits animaux dessinés sur les paquets. “J’aimais l’idée d’avoir des visages qui vous sourient lorsque vous ouvrez la porte du placard.” Conserver une dimension créative était aussi essentiel à sa reconversion.
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(*) devenue le Wimbledon College of Arts.
(**) le “Dorking cockerel” (coq) est un emblème localement.