À quelques pas du London Eye et de Big Ben, se trouve un musée qui, bien que modeste de l’extérieur, regorge d’une richesse historique et mérite indéniablement le détour.
Dédié à Florence Nightingale, il permet aux visiteurs de plonger dans l’héritage de “la pionnière des soins infirmiers modernes”. L’emplacement, au sein du St Thomas’ Hospital, est particulièrement symbolique, étant l’un des lieux fondateurs de la première école de formation pour infirmières créée par la Britannique.
Divisé en trois sections, une bonne heure suffira aux visiteurs pour faire le tour du musée.
Entourée de haies verdoyantes et du chant des oiseaux, la visite, à travers des photographies de sa famille et des livres d’apprentissage, commence en Italie, à Florence, là où la Britannique est née et y a passé les premières années de sa vie.
Cette section met en lumière les obstacles que la Britannique a dû surmonter avant de pouvoir se consacrer à la profession qu’elle rêvait de faire. “C’était considéré comme un métier peu professionnel, exercé soit par des religieux, soit par des personnes issues des classes les plus pauvres. Sa famille s’y est opposée longtemps”, raconte Melissa Wert, responsable des opérations et des activités commerciales du musée.
On retrouve même la première patiente de la jeune femme, une chouette baptisée Athena, qu’elle avait sauvée en Grèce et qui est devenue son fidèle compagnon. Cette anecdote incarne le dévouement de Florence Nightingale pour le bien-être des autres.
Avec ses tuiles blanches et bleues et ses bandages en toile, le seconde partie du musée recrée l’atmosphère difficile et dramatique de la guerre de Crimée.
Accompagnée de 38 autres infirmières, Florence Nightingale fait partie des premières à rejoindre le front pour soigner les soldats britanniques. En dépit des obstacles posés par les médecins masculins, elle a réussi à imposer sa vision des soins infirmiers en mettant notamment en avant des concepts d’hygiène.
De nombreux objets, souvent offerts par des donateurs, illustrent cette période : sa tenue d’infirmière, son coffre à pharmacie, ses carnets de notes, ainsi que des lettres de soldats mentionnant sa présence.
Mais la pièce maîtresse de cette collection reste la célèbre lanterne turque, qu’elle utilisait pour ses rondes nocturnes. “Beaucoup d’images la représentaient portant cette lampe de génie, ce qui lui a valu le surnom de ‘Dame à la lampe’. C’est ainsi qu’elle a gagné en popularité en Angleterre et à travers le monde”, ajoute Melissa Wert.
La dernière section du musée se concentre sur son retour en Angleterre en 1856. “Elle est surtout connue pour son rôle pendant la guerre de Crimée, mais je dirais que son véritable héritage se trouve ici”, confie responsable des opérations et des activités commerciales.
Une reconstitution de sa chambre permet aux visiteurs d’avoir un aperçu de son intimité, tandis que sa bibliothèque, bien que partiellement représentée, témoigne de l’immensité de ses travaux. En effet, même si Florence Nightingale est tombée gravement malade à son retour, elle a néanmoins rédigé 15,000 brochures et 500 livres.
Les visiteurs peuvent d’ailleurs y découvrir son ouvrage phare, Notes on Nursing, qui reste encore aujourd’hui un texte fondamental dans la formation des infirmières. “En réalité, ce livre n’a pas été écrit pour des professionnels, il s’adressait à des personnes sans formation qui prenaient soin de leurs proches à la maison”.
Une autre partie très intéressante de l’exposition met en lumière un aspect souvent méconnu de Florence Nightingale : ses contributions aux statistiques et sa création des diagrammes circulaire. Pourtant, elle fut la première femme admise à la Royal Statistical Society. Un ouvrage montrant son entrée dans la société est d’ailleurs exposé : “Si l’on regarde de près, le format du livre d’admission n’a pas changé, il est toujours écrit “il”, car personne ne croyait qu’une autre femme pourrait y être admise”, indique Melissa Wert.
Encore plus étonnant, l’infirmière a joué un rôle clé dans la reconstruction du St Thomas’ Hospital, après sa destruction durant la guerre. “Elle a proposé des réformes majeures, comme la réduction du nombre de patients par chambre, une meilleure répartition des infirmières en fonction du nombre de malades, ainsi qu’une attention particulière à l’aération et à la propreté des lieux”.
Ces innovations ont durablement influencé la conception des hôpitaux modernes.
Le musée met également l’accent sur l’héritage de Florence Nightingale dans la formation des infirmières. En 1860, des fonds collectés par ceux qu’elle avait soignés durant la guerre ont contribué à financer la création de la Nightingale Training School, la première école de formation pour infirmières. “L’un des objets les plus significatifs de notre collection est sans doute l’un des uniformes originaux de cette école”, raconte Melissa Wert.
En complément de cette exposition permanente, le musée propose également des expositions temporaires, telles que celles dédiées à Kofoworola Abeni Pratt, la première infirmière noire à être formée à la Nightingale Training School, ainsi qu’à l’évolution des thérapies assistées par des animaux, un domaine que Florence Nightingale soutenait déjà au XIXe siècle.
Avant de se rendre dans ce musée, un conseil : prendre son temps pour lire les documentations riches en informations et découvrir tous les détails et anecdotes des objets historiques.