Créé en 2015, Yvonne & Guite est devenu une référence sur le marché du canelé anglais. Derrière ce drôle de nom, Caroline Coutand-Gavriloiu, ex-banquière reconvertie en faiseuse de gourmandises. Cette repentie des marchés financiers nous raconte comment elle a basculé dans l’univers de la pâtisserie.
Passer de la gestion d’actifs à la gestion de fournées de canelés, c’est le pari réussi de Caroline Coutand-Gavriloiu. Lorsqu’elle s’installe à Londres en 2011 avec son mari expatrié dans la capitale, Caroline Coutand-Gavriloiu intègre une entreprise financière. Après deux ans, elle est embauchée dans une compagnie dans la City. “J’avais gagné en séniorité, j’étais challengée et ça marchait toujours bien. Un premier déclic s’est fait. Puisque j’étais capable de relever des défis pour les autres, pourquoi ne pas le faire pour moi ? L’idée d’entreprendre me trottait dans la tête jusqu’au jour où un concours de pâtisserie a été organisé par une collègue” se souvient-elle. “J’ai posé les règles ! Pas de chantilly du commerce, que du fait maison” plaisante-t-elle. “J’ai préparé des canelés qui ont eu un succès fou.” Yvonne & Guite était (presque) né.
En août 2014, Caroline Coutand-Gavriloiu quitte son entreprise et mûri le projet qui voit le jour au printemps 2015. “Je n’avais pas beaucoup de fonds, j’ai donc pensé un business model peu coûteux.” Plutôt que d’avoir pignon sur rue, Caroline vend ses canelés par livraison. “C’était le meilleur moyen pour me lancer sans contracter de grosses dettes. Mon principal investissement a été le four de la cuisine professionnelle que je loue à North Acton”.
Pour le reste, ça a été du système “démerdouille” comme elle le raconte : “La première version du site web a été faite par un ami. C’est une ancienne camarade de classe devenue photographe culinaire qui a fait les photos des canelés”. Son entourage met la main à la pâte. Caroline Coutand-Gavriloiu, elle, c’est à la pâte qu’elle met la main. “Je n’ai pas pris de cours de pâtisserie ni passé de CAP. J’ai en revanche travaillé et validé la recette avec une pâtissière française. C’est sûrement ce qui fait la différence avec la France. Si j’avais voulu lancer le même concept à Paris par exemple, on me l’aurait sûrement reproché. A Londres, et plus largement en Angleterre, les clients sont “open minded”“.
La clientèle justement, parlons-en : lorsqu’elle se lance, Caroline Coutand-Gavriloiu n’a pas de boutique et pas encore d’e-shop. Pour se faire connaître, elle a la bonne idée de s’associer avec le marché en ligne Bonativo. “Les clients commandaient mes canelés via leur plateforme. Tout était géré par eux y compris la livraison. C’était génial pour moi, moins pour eux… ils ont fini par fermer !” regrette-t-elle. “J’ai donc rapidement créé mon e-shop qui a décollé grâce à une retombée dans le magazine “House and Garden”” explique Caroline Coutand-Gavriloiu. “Ma base de clientèle a fait un bond considérable parmi le public anglais. Aujourd’hui, je livre partout dans le Royaume-Uni.”
Quid de la fraîcheur et de l’état du produit à son arrivée ? “J’ai travaillé les packagings pour qu’ils soient résistants, trouvé des livreurs en qui j’ai confiance. Et la recette de mes canelés a été pensée pour voyager. Jamais de toppings fluos. De toute façon, ce n’est pas ma philosophie !” insiste-t-elle.
Pas de produits artificiels que des matières premières organiques pour la confection de ses pâtisseries, donc. “Yvonne & Guite, c’est l’association des prénoms de mes grand-mères. L’une était “gourmette gourmande”, l’autre “healthy”, mais les deux avaient le souci de cuisiner de bons produits. Ce serait une offense de ne pas avoir la même philosophie pour mes clients.” Des consommateurs fidèles qui le lui rendent bien. Seule aux commandes de sa petite entreprise, Caroline Coutand-Gavriloiu a fermé sa boutique en ligne pendant 5 mois après la naissance de sa seconde fille. “J’avais très peur qu’on m’oublie mais je n’en n’ai absolument pas pâti. Il y a un vrai enthousiasme parmi ma clientèle. C’est stimulant pour moi qui travaille en solitaire“.
L’isolement de l’entrepreneur, Caroline Coutand-Gavriloiu l’a vaincu grâce à Enterprise Nation, une association britannique qui aide les starts ups à se lancer. “J’y allais pour rencontrer des gens, recevoir des conseils. Je me souviens qu’à un meet up, David Cameron (ancien Premier ministre britannique, NDLR) a débarqué ! C’était galvanisant”.
Trois ans après s’être lancée, Caroline Coutand-Gavriloiu est toujours aussi enthousiaste. Epanouie, la tête plein d’idées et de projets, elle ne regrette rien de cette reconversion. “En vérité, ce que je fais aujourd’hui n’est pas si différent de ce que je faisais avant. Il y a de la compta, de la communication. La seule différence c’est que plutôt que de gérer des actifs, je gère des canelés”. Yes, Caroline Coutand-Gavriloiu can(elés).
One Response
Wow, well done you. I must try some, last time I did was in St Emilion ?