Elle vient d’exposer quelques-unes de ses illustrations de sa série sur les façades de pubs londoniens à la libraire française La Page à South Kensington et a dix milles projets dans ses cartons. Ou plutôt dans 130 cartons, si on s’en réfère au nom de son blog.
Lili Bé s’appelle en réalité Claire… Mais vous n’en saurez pas plus. La Française, expatriée à Londres depuis 2008, préfère garder l’anonymat. “C’est un luxe aujourd’hui”, rit-elle. Mais surtout, ce choix, elle l’explique par son statut social. “Je suis enseignante dans une école londonienne, et c’est une manière pour moi de marquer un respect au regard des parents et des élèves. Et puis, cela me permet de rester plus libre dans mon travail”.
Lili Bé, donc, est illustratrice. Elle a choisi depuis quelques années de travailler à mi-temps comme enseignante pour pouvoir consacrer plus de temps au dessin, passion qu’elle nourrit depuis sa plus tendre enfance. “J’ai toujours eu un crayon à la main”, confie-t-elle, “je demandais d’ailleurs toujours que l’on m’offre des crayons pour mon anniversaire”.
Lili Bé a donc débarqué dans la capitale anglaise en 2008. Elle connaissait déjà l’Angleterre, pour avoir vécu à Leeds en tant qu’au pair quand elle avait 20 ans. “J’ai adoré le pays. Je serais d’ailleurs bien restée, mais la faculté ici est bien trop chère. Donc je suis rentrée en France, en me disant qu’un jour peut-être j’y reviendrais”. Claire ne fera pas carrière dans l’art à ce moment-là. “J’avais fait un bac arts plastiques, mais à l’époque, les grandes écoles étaient difficiles d’accès. On ne parlait pas non plus de métiers dans l’illustration. C’était soit on devenait artiste, soit on ne pouvait pas vraiment exister”.
Devant ce constat, la jeune femme se dirige vers une carrière d’enseignante, tout en continuant de prendre des cours aux Beaux-Arts. Et puis, l’opportunité de se consacrer à sa passion est arrivée. Son conjoint, pour des raisons professionnelles, s’installe à Londres. Le rêve de Claire est donc exaucé : elle va vivre à nouveau en Angleterre. “Je me suis mise en disponibilité de l’Education nation car j’avais des enfants en bas âge. Cela m’a permis de me remettre au dessin et de créer mon blog“.
Là, elle y raconte des anecdotes de la (et aussi de sa) vie quotidienne londonienne, sur un ton drôle et léger. Outre cet espace qu’elle alimente aussi souvent qu’elle le peut, elle collabore avec différentes personnes pour des commandes, comme celles du Lonely Planet, pour qui elle réalise les couvertures de ses guides européens et internationaux. Ou encore son travail réalisé pour un auteur anglais sur des livres jeunesse pour Amazon Kindle. Actuellement, Lili Bé illustre pour Expedia des bandes dessinées de voyage.
L’envie d’exposer son travail personnel n’a jamais effleuré l’esprit de Claire jusqu’au jour où un ami, qui possède un espace d’exposition, ne lui propose. “J’ai toujours beaucoup aimé croquer les façades des pubs londoniens, notamment à Kentish Town. C’est un vrai patrimoine, je les trouve magnifiques. Je me contente de reproduire les devantures, toujours avec mon style, car je suis nulle en perspective”, rit-elle. Son carnet de croquis d’ailleurs l’accompagne partout. Sa touche à elle, c’est la simplicité. “J’aime simplifier, avoir un trait clair, m’inspirer de ce que je vois pour mieux l’interpréter“.
Lili Bé avait donc fait une série pour son blog sur ces devantures de pubs. “Cela a plu à cet ami qui m’a donc demandé si cela m’intéresserait de les présenter”. Lili Bé accepte. Le succès est au rendez-vous. Puis c’est au tour de la librairie La Page de la solliciter pour venir exposer quelques-unes de ses illustrations dans le magasin. Là aussi, elle dit oui. “Je trouve que c’est un lieu très intéressant pour découvrir des illustrations”.
L’artiste espère maintenant pourvoir également concrétiser ses “projets au long court”. “J’écris depuis un an et demi un récit, j’en suis à mon troisième chapitre seulement”, lance-t-elle en riant, “en fait, j’ai souvent plus de projets que de temps. Je recherche aussi des éditeurs”.