En seulement trois ans, Tim Helmstetter a réussi à rassembler plus de 30.000 Français dans les soirées qu’il organise à Londres. Pourtant, le Lorrain d’origine ne se destinait pas vraiment à animer les nuits des expatriés, mais plutôt à enseigner le français à des Anglais.
A 28 ans, Tim Helmstetter est un jeune homme heureux. Il va lancer dans quelques semaines une toute nouvelle offre commerciale pour permettre aux Français de profiter au mieux de leurs nuits londoniennes sans forcément dépenser tout leur salaire. London Party Card sera donc un carnet d’une vingtaine de tickets pour des entrées gratuites dans différents lieux de la capitale et sans date limite d’utilisation. “Cela comprendra des entrées dans des bars-pubs comme le KoKo, la Fabric, le Tiger Tiger, ou encore des strip-clubs. Je vais vendre ce carnet £30 pour une valeur réelle de £400”.
Il a mis des mois à négocier à des patrons d’établissements, qui lui ont finalement dit oui au vu du sérieux du jeune homme. “Je vais vendre ce carnet partout, comme sur Groupon mais aussi dans des auberges de jeunesse, et je vais proposer deux lieux où il sera possible de les récupérer à Londres si les commandes en ligne”. Heureux donc, car il prévoit de vendre entre 1.000 à 3.000 carnets par mois.
Si Tim Helmstetter est si sûr de son coup, c’est parce que le Français a une sacrée expérience dans le monde de la nuit à Londres. Son nom est connu comme le loup blanc depuis trois ans maintenant et c’est lui qui organise les plus grosses soirées de Français dans la capitale anglaise : déjà plus de 30.000 personnes ont assisté à un de ses événements, c’est pour dire. Pourtant rien ne le prédestinait à faire ce qu’il fait aujourd’hui.
Le Lorrain débarque à Londres il y a six ans. “Je suis arrivée en septembre 2012 pour prendre un poste d’assistant de français”. En France, il avait en effet obtenu une licence de Français Langue Etrangère options anglais et japonais. Quand on lui propose un poste au lycée de Tooting dans la capitale anglaise, il n’hésite pas une seconde. Car si Tim Helmstetter a choisi cette filière, c’est à la fois parce qu’il a toujours aimé enseigner mais aussi et surtout parce qu’il voulait voyager. “Mon diplôme me permet de faire cela partout dans le monde, car les professeurs de français sont très demandés”, raconte celui, qui travaillait alors 20 heures par semaine. Après quelques mois dans ce premier établissement et à seulement 23 ans, il devient administrateur du département langues et professeur à la Fulham Cross Girls School. Il y restera un an.
Parallèlement à son job de jour, Tim Helmstetter travaille le soir dans l’événementiel pour arrondir ses fins de mois. C’est là qu’il développe son réseau et fait connaissance avec les plus grands propriétaires d’établissement de nuit. L’expérience lui plaît tellement qu’il décide d’arrêter le professorat pour se consacrer à plein temps à l’organisation de soirées. Il lance deux entreprises, dont Clubstickets. Le temps de tout mettre en place et de pouvoir payer ses factures, Tim Helmstetter est nanny à mi-temps. “Au départ, mes parents n’ont pas trop aimé mon changement de carrière”, rit le jeune homme, “mais ils m’ont toujours fait confiance”.
Avec Clubstickets, il propose alors des soirées privées pour des sociétés. “J’étais en charge de négocier les salles”. Et ça marche plutôt bien dès le début, grâce à son carnet d’adresses. Quelques mois plus tard, “juste pour le fun”, il lance les Banana Pub Crawls, une tournée des pubs qui aujourd’hui fonctionne 7 jours sur 7. C’est le succès total. Pour preuve, en trois ans, plus de 30.000 personnes ont assisté à ces tournées dans Londres. “Aujourd’hui, le public est composé à 90% de Français”.
Ce qui lui donne ainsi une autre idée : il crée la page Facebook Les Français de Londres pour y proposer des pique-niques géants tous les samedis, puis la célébration du 14 juillet chaque année et enfin la retransmission des matches de foot de l’équipe de France, comme cela a été le cas lors du dernier Mondial. D’ailleurs, dimanche 15 juillet, ce ne sont pas moins de 3.800 personnes qui ont assisté à la victoire des Bleus dans huit lieux du centre de Londres qu’il avait réquisitionnés pour l’occasion.
“Ces événements sont une occasion de se rassembler entre Français, mais surtout de permettre aux gens de se rencontrer, de lier des amitiés, de réseauter, trouver du travail… “. Parmi les anecdotes qu’il retient, celle de deux expatriés français qui se sont rencontrés lors d’un Banana Crawl et qui se sont mariés quelques mois plus tard. “Certains autres ont même rencontré leur futur employeur comme ça”, jure-t-il.
Si au départ, il était seul dans cette aventure, il a rapidement pris des employés et des stagiaires pour l’aider dans l’organisation de tous ces événements. “Pour moi, la priorité est que tout se passe bien autant pour le public que pour les patrons des établissements”. Mais attention, prévient-il, ses soirées, comme les Banana Pub Crawls, ne sont en aucun cas des tournées de “soiffards”. “Les gens qui viennent se comportent toujours bien. Il n’y a jamais eu de problèmes jusque-là et je tiens à ce que ce soit toujours le cas”.
Aujourd’hui, Tim voit donc plus grand avec son carnet London Party Card, mais il reste malgré tout modeste sur ce parcours fulgurant, tout en reconnaissant une chose : l’audace qu’il a eue à se lancer. “Cela représente beaucoup de travail, mais j’ai eu aussi beaucoup de chance”. Ce qui lui fait garder les pieds sur terre.