C’est devenu une habitude au cours des derniers mois, plusieurs études mettent en exergue la chute significative de l’apprentissage des langues étrangères au Royaume-Uni. La dernière d’entre elles vient de la BBC et date du 27 février. Le constat est simple : depuis 2013, on voit une baisse de 30% à 50% du nombre d’élèves britanniques choisissant une langue étrangère au moment de passer le GSCE (équivalent du Brevet des collèges, ndlr) dans certaines zones du royaume. Pire, le français fait partie des langues qui pâtissent le plus de cette baisse globale, avec une chute de 63% du nombre d’élèves du Pays de Galles, d’Irlande du Nord et d’Angleterre qui choisissent de passer notre langue à ce même examen, entre 2002 et 2018.
Ces niveaux d’apprentissage historiquement faibles sont en grande partie dus à une loi de 2004 du gouvernement de Tony Blair rendant optionnel l’apprentissage des langues étrangères à l’école à partir de 14 ans. En résulte alors un choix stratégique et rationnel de la part des élèves britanniques qui ne choisissent pas de langues ni au GSCE, ni aux A-levels (équivalent du Baccalauréat, ndlr) car considérées comme compliquées.
Alors la nouvelle initiative de l’Institut francais au Royaume-Uni lancée fin 2018 prend tout son sens. Portée également par le groupe Francophonie UK, la French Pop Video Competition est un concours qui s’adresse à tou.te.s les élèves inscrit.e.s dans les systèmes scolaires britanniques, et a pour objectif de donner un nouvel élan à l’apprentissage de la langue française outre-Manche.
Ce concours, né sur les cendres d’une ancienne compétition valorisant les langues dans le sud-ouest de l’Angleterre, invite les jeunes britanniques à travers tout le Royaume-Uni à produire une vidéo, ou un clip animé, pour accompagner une chanson originale d’environ 3 minutes en français. Répartis en 9 zones géographiques (Irlande du Nord, Ecosse, Pays de Galles, îles anglo-normandes et 5 autres zones en Angleterre) et en 3 catégories d’âge (de 7 à 11 ans, de 12 à 15 ans et de 16 à 18 ans), les élèves seront en compétition régionalement d’abord, avant que les 3 lauréat.e.s de chaque région ne s’affrontent dans le cadre de sélections nationales. Chaque élu.e régional.e se verra offrir un bon d’achat de £100 de livres en français.
Ensuite, les 3 lauréat.e.s nationaux.les seront invité.es à la cérémonie nationale “Francophonie UK School Music Awards Ceremony” qui doit se tenir à l’Institut français de Londres samedi 29 juin pour recevoir leurs trophées. Lors de ce concours, tous les styles de musique sont les bienvenus, mais l’important est que les paroles de la chanson soient en francais uniquement. Parmi le jury national, on retrouvera notamment le chanteur et musicien français Mathieu Boogaerts. Les professeur.e.s des élèves intéressé.e.s ont jusqu’au vendredi 5 avril pour envoyer leurs vidéos aux organisateur.rice.s de l’évènement.
L’objectif affiché par l’Institut français au Royaume-Uni en organisant ce concours est clair, comme nous l’explique Benoît Le Devedec, attaché de coopération pour le français à l’Institut français : “L’objectif de French Pop Video Competition est de re-dynamiser l’apprentissage du français chez les plus jeunes, en donnant aux élèves britanniques une forme d’apprendre ludique, motivante et créative surtout. L’idée étant aussi que les écoles s’approprient elles aussi le concours en associant les professeurs de musique pour réaliser la chanson, les professeurs de technologie pour monter la vidéo, et évidemment le professeur de français pour écrire les paroles”.
Ainsi, pour remédier à cette baisse de l’apprentissage des langues étrangères, l’Institut mise aussi bien sur l’implication des élèves que des écoles et leurs professeur.e.s de langue française, comme le démontre la récente formation itinérante prodiguée à ces derniers sur le territoire britannique. En effet, durant une semaine, une formatrice du CAVILAM de Vichy a parcouru le Royaume-Uni afin d’aider une centaine de professeur.e.s de français à enseigner la langue à travers la musique. “Nous voulons offrir aux enseignants une façon modernisée d’enseigner, et une façon motivante d’apprendre pour les élèves d’établissements du secondaire, dans un contexte où les langues étrangères n’ont pas le vent en poupe”, ajoute Benoît Le Devedec.