Des heures de queue à Paris Gare du Nord, des trains retardés ou annulés, de la colère, des tensions et même des prises de becs avec les agents à la sécurité… Décidément, la “grève du zèle” – liée au Brexit – des douaniers français chargés de la sécurité pour le passage à l’Eurostar met les nerfs des usagers à vifs, et parfois même débouche sur des dérapages, comme cela a été le cas pour une jeune étudiante, agressée selon elle verbalement.
Camille est étudiante à King’s College. La Française reprenait son train lundi 11 mars direction la capitale anglaise après un court passage à Paris. Si elle était au courant de la grève et des difficultés de circulation des trains Eurostar, à cause de la grève des douaniers français depuis le dimanche 3 mars, elle dit que qu’elle ne s’attendait tout de même pas “à ce qu’il y ait autant de monde”. Surtout, elle n’aurait jamais pensé que son retour virerait à la dispute avec des agents de la douane. “On a attendu plus de 3h30 sans comprendre ce qui bloquait réellement”, raconte la jeune femme, “une fois arrivés au niveau du scan des valises c’est là qu’on a tous compris. En fait, le problème venait du fait qu’une seule machine sur six fonctionnait et du coup, les douaniers vérifiaient chaque sac, chaque personne qui sonnait à cause d’un objet métallique”.
Arsenal/Rennes ça se mérite. Trois à quatre heures d’attente Gare du Nord pour les Eurostar pour cause de grève des douanes. #AFCSRFC pic.twitter.com/OLdsL8PHoh
— Gilles Le Morvan (@GillesLeMorvan_) March 13, 2019
La Française prend son mal en patience, comme tous les autres usagers, mais quand arrive son tour, un des agents commence à lui faire une “blague” sur son déjeuner qu’elle avait acheté en gare. “Il me l’a même pris en me disant : “Ça tombe bien j’avais faim”. Un geste et une remarque qui ne sont pas passés auprès de Camille. “Je n’avais rien avalé depuis 9 heures le matin, j’avais très mal au dos et très envie d’aller aux toilettes”. Ce qu’elle n’avait pas pu faire, vu qu’il était impossible de quitter la longue queue. “Je lui dis que ça fait longtemps que j’attends à cause de la grève et que je trouve donc sa remarque déplacée et abusée”. La jeune femme lui demande aussi de la laisser tranquille. “Il a ensuite voulu jeter mon repas plus loin sur le tapis pour que je ne puisse pas l’attraper, mais j’ai pu le récupérer en lui faisant remarquer que ce qu’il faisait n’était pas vraiment utile”, raconte l’étudiante. Des questions posées aussi sur sa vie privée la mettent aussi mal à l’aise. “Elles sortaient parfois du contexte du contrôle habituel, qui est normalement fait lors de la vérification du passeport. J’ai donc été très surprise” par ces comportements.
“Cet abus de pouvoir” la rend de plus en plus mal à l’aise, à la limite du craquage nerveux. “J’avais deux agents, que des hommes, qui m’agressaient, d’autres qui viennent me regarder et me dévisager parce que j’avais osé répondre à un de leurs collègues, et cela je ne l’accepte pas. Il n’y avait aucune compréhension de leur part alors que tous les passagers étaient à cran, stressés et fatigués. Je reconnais que je n’aurais pas dû répondre tout de suite, mais je l’ai vraiment vécu comme de la provocation”. Eurostar, alerté par cet événement, a demandé aux douanes françaises de s’expliquer.
Camille n’est pas la seule Française de Londres que cette “grève du zèle” commence à agacer. De nombreux témoignages ne cessent d’être partagés sur les réseaux sociaux. Noèlle G. racontait en direct sur le Cercle des Français de Londres qu’elle a attendu deux heures pour arriver jusqu’au contrôle des passeports. “Donc oui, je conseille de venir très en avance”, avertissait-elle alors les autres internautes. Nassima A., elle, n’était pas d’accord avec ce conseil : “Ça ne sert à rien de venir en avance si ce n’est d’attendre encore plus longtemps debout et dans le froid. J’ai attendu 2 heures debout à l’aller et pourtant j’étais là 1 heure avant le départ du train. Mais ils ont commencé le check-in uniquement à l’heure de départ de notre train. Au retour, plus de 3 heures de retard et j’étais là 1h30 à l’avance mais pareil, ils vérifiaient les billets et ne laissaient rentrer que par heure de départ choisi”. Elle conseillait alors de prendre son mal en patience. “Ayez à manger et à boire, un bon magazine et vos téléphones/tablettes bien chargés”.
Une autre Française de Londres, Rizlène B., s’est moquée de la tournure que prenaient les contrôles, avec des vérifications de “chaque valise et sac à main comme si on était des transporteurs de cocaïne”. Pour Malvina Jeudy, qui a réagi à notre article sur l’annonce de l’annulation et de retard à cause de ce mouvement lié au Brexit, “le personnel est dépassé, ils sont clairement en nombre plus qu’insuffisant, les bureaux de renseignements sont fermés, ils font faire la queue aux gens dans toute la gare, y compris à l’extérieur. C’est du grand n’importe quoi. Et pas qu’à cause de la grève, mais aussi de la gestion Eurostar.
Résultat ? Un dédommagement de 25% du prix du billet. On va aller loin”.
En plus des retards parfois donc très longs depuis lundi 11 mars, de nombreux trains seront supprimés jusqu’au 30 mars, du moins si terre grève n’est pas levée entre-temps, au vu des derniers rebondissements dans le cadre du Brexit. Eurostar a mis en ligne la liste des liaisons quotidiennes supprimées et conseille fortement d’annuler son voyage sauf en cas d’absolue nécessité. Sur Facebook, certains internautes ont expliqué s’être rabattus sur l’option aérienne pour rentrer à Londres.
Due to industrial action by French Customs, there are severe delays and long queues for our services departing from Paris. We advise passengers not to travel unless absolutely necessary. We apologise for the inconvenience. To find out more please visit https://t.co/Y4EORZrnTB
— Eurostar (@Eurostar) March 13, 2019